Quand le temps s'arrêtera et qu'on dansera

La petite s'aventurait. Sa mère n'aurait pas apprécié, mais maintenant, personne n'était là pour lui dire quoi faire. Dolorès était tout de même prudente, elle ne s'était pas enfoncée dans les profondeurs du désert, à tout moment elle pourrait faire demi tour. Par contre, elle avait entendu parlé d'une oasis si jolie qu'on croirait à première vue à un mirage. Des fruits y poussaient et Dolorès avait bien l'intention d'y goutter. Les rayons du soleil étaient forts, le sable brûlant, mais la petite était bien. De temps à autre elle se réfugiait sous un buisson, à l'ombre, puis elle repartait de plus belle.

Le désert, une terre que l'étalon connaissait plus que parfaitement et ayant vécu dans un endroit similaire, mais bien plus brûlant que l'on nommait la Lybie, Seth savait les conséquences à trainer dans un tel lieu, seul. Lentement, il s'aventura calmement sur une plateforme vaste et humide, le vent était sec, malheureusement, mais il parvenait à bien y respirer malgré tout. Encore bien loin, l'étalon ne put ressentir une quelconque présence encore et les odeurs étaient ici difficile à percevoir.

Elle avançait d'un pas décidé. La cadence était bonne, mais soudainement, la bouche de la pouliche devint sec. La soif la rattrapa en quelques secondes à peine. Ses oreilles pivotèrent vers l'arrière, puis de tous les côtés. Tout ce qu'elle entendait, c'était le doux sifflement du vent. Rien d'autre. Autour d'elle, seulement le désert avec ces quelques buissons asséchés. "Vite, il faut se rendre à la source plus rapidement! Non, non pas trop vite, tu va t'épuiser, t'auras encore plus soif. Au trot, voilà." Trottinant à la hâte, le doute commençait à envahir la petite. "Et si je n'allait pas dans la bonne direction ? Peut-être que je m'enfonce encore plus dans le désert. Devrais-je faire demi-tour ? Non je suis trop loin maintenant..." Un hennissement de stress lui échappa.

Alors qu'il croyait être seul dans ce vaste désert humide et brûlant, un petit hennissement attira l'attention du mâle, celui-ci accéléra graduellement le rythme afin de se rendre à la source. Lorsqu'il parvint enfin à franchir quelques kilomètres, peu essoufflé, du désert, Seth remarqua devant lui une petite pouliche qui semblait assoiffée, mais surtout épuisée. Le noiraud galopa jusqu'à elle, tout en s'arrêtant calmement en face de la petite et retira de son visage le toupet qui le gênait. « Ça ne va pas? » dit-il, d'une voix sérieuse et enduit d'une source réconfortante. L'imposant frison se tenait là, devant la gamine et attendait une fine réponse de celle-ci, afin d'être en mesure de l'aider convenablement.

Dolorès fut surprise de voir qu'elle n'était pas seule, mais surtout soulagée. C'est en s'arrêtant qu'elle se rendit compte que sa soif avait empirée. « Je cherche la, heu, l'oasis. » S'exclama-t-elle, la bouche sèche. Si seulement il pouvait lui dire que c'était juste à côté, qu'il l'avait vu. À la pensée de l'eau, la soif de la petite s'intensifia. Elle tenta d'arrêter d'y penser, mais ça lui faisait tellement mal dans la gorge que s'était impossible.

La question que lui posa la petite fit sourire l'étalon, car oui, il savait où se trouvait l'oasis, mais malheureusement elle était un peu plus loin. Le temps de s'y rendre, une journée aura sans doute passé et il avait peur que la pouliche meurt de déshydratation. Alors, aussitôt Seth se mit à marcher et poussa le popotin de la gamine pour avancer, ils avaient un long chemin à faire. « Nous devons partir immédiatement, l'oasis est à une journée de marche et je ne veux pas te voir en mauvais état, par ma faute. Je t'aiderai. » dit-il, imposant et sérieux. Mais, la question qu'il se posait était pourquoi était-elle seule, présentement?

Elle vit un sourire apparaître sur le visage de l'étalon. Ce qui la rassura, jusqu'à ce qu'il lui dise que c'était à une journée de marche. Une journée ?! Elle n'était même pas certaine de pouvoir tenir 5 minutes de plus. Une petite poussée sur le derrière et la pouliche était de nouveau en marche. « Une journée ?! » Son visage hébété se tourna vers le mâle. « C'est beaucoup trop long... » Dit-elle tout bas, presque pour elle-même. Sa gorge lui chauffait à chaque respiration. Elle regarda le sol, tout en continuant d'avancer, puisqu'il le fallait.

De toute évidence, la journée finissait dans quelques heures seulement et la nuit, la température chutait atrocement, alors ils devraient trouver un endroit pour y dormir dans la chaleur. « Oui, c'est long, je sais et pourtant, je suis convaincu que tu es bien plus forte que cela. » dit-il, rassurant et sérieux. Alors qu'il continuait d'avancer, un nuage de sable s'abattu sur eux et subitement, par instinct, le mâle se plaça devant la pouliche pour la protéger du sable, collant son poitrail contre son visage pour empêcher le sable de lui lacérer la peau. Seth avait déjà beaucoup de blessures et de légères cicatrices causées par les grains du sable là où il vivait avant, ce n'était pas un problème pour lui. Lorsque tout se calma, le frison se dégagea et se remit en route, tout en posant un regard réconfortant sur la petite. « Je me nomme Seth. D'ici quelques minutes, nous devront trouver un abri, parce que la nuit, il fait glacial et on doit se reposer pour pouvoir atteindre l'oasis, au petit matin. » déclara-t-il, d'une voix forte et douce à la fois, il se donnait la responsabilité de veiller sur l'enfant, c'était son rôle, aujourd'hui.

En effet, la petite était faite forte, elle se sortirait de cette épreuve, mais elle n'en était pas si certaine. En ce moment elle doutait d'elle-même et de son endurance. La pouliche le vit arrivé, ce gros nuage. On aurait dit qu'un géant avait soufflé sur eux, faisant ainsi relevé le sable. Avant même qu'elle puisse réagir, elle était déjà protégée. Le mâle était trois fois plus imposant qu'elle et il la camouflait aisément. Un simple grain de sable réussit tout de même à se frayer un chemin jusqu'à l'oeil de la pouliche. Naturellement, il se mit à larmoyer. "Ne perd pas d'eau, t'en as besoin!" Pensait-elle. Elle se trouva idiote. La tempête faisait un vacarme dans les oreilles de Dolorès, mais il passa bien vite. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, ils étaient de nouveau en route. « Et moi Dolorès. (Elle marqua une pause) On a pas le temps de ce reposer. » Dit-elle d'un ton décidé. Dolorès avait du mal à croire qu'il pouvait faire extrêmement froid la nuit dans le désert. En même temps, dans sa petite tête d'enfant elle ne pouvait pas comprendre qu'en ce moment elle ait l'impression d'étouffé et que la nuit tombé, il ferrait si froid qu'elle devrait trouver un abri pour se réchauffer.

Seth l'observa un moment, l'air sérieux et il continuait d'avancer, comprenant un peu pourquoi la pouliche avait dit de continuer de marcher au lieu de trouver un abri pour s’abriller de la nuit qui s'annonçait froide. « Ici, c'est un endroit dangereux et glacial la nuit, il faut se protéger dans un abri, Dolorès. » dit-il, plus sévère et autoritaire, c'était dans l'intention de protéger la gamine et non de lui imposer quoi que se soit. Ils devaient faire vite, sinon le temps les rattraperaient malheureusement et ce ne serait pas beau à voir, d'ici quelques heures.

Cette fois elle dû le prendre au sérieux, sa voix autoritaire ébranla quelque peu la petite. Mais elle avait si soif qu'elle ne pouvait pas s'imaginer être capable de dormir profondément et de se remettre en route pour presque une journée entière le lendemain. « Alors il faut se dépêcher. » En effet, le soleil commençait déjà à baisser et tout le monde sait que dès qu'il commence sa descente, ce n'est qu'une question de minute avant qu'il ne disparaisse. Mais où allaient-ils trouver un abris dans un endroit si vaste. D'ailleurs, les seuls éléments qui était plus haut que Dolorès étaient des espèces de buissons sans feuilles, pas tellement l'idéal. Même en observant le plus loin possible, la pie n'arrivait pas à trouver quoi que ce soit qui pourrait ressembler de près ou de loin à un abris convenable.

Alors, ils iraient près d'une caverne de pierre abandonnée et détruite, depuis de nombreuses années, Seth connaissait ce lieu comme sa poche, le mâle savait où il allait, présentement. Le frison fit un simple sourire à Dolorès et accéléra légèrement plus le pas, histoire de se diriger vers ce lieu de protection, c'était certain que ce n'était pas une protection impeccable, mais c'était plutôt tolérable pour le moment. L'étalon observait la petite pour voir si elle suivait bien le rythme et il passa lentement au trot, jetant toujours des regards vers la pouliche, histoire de se rassurer. Alors que cela faisait une vingtaine de minutes qu'ils étaient en chemin vers le lieu de l'abri, Seth le repéra aussitôt et lentement, il se mit à ralentir, sachant qu'ils étaient enfin arrivé. « C'est ici que nous passerons la nuit. Demain matin, nous prendrons un raccourcis et nous irons à l'oasis. Cela ne prendra qu'une quinzaine de minutes seulement. » lui dit-il, sérieux et en jetant un regard aux alentours, s'allongeant dans un coin pour la nuit, si la jeune femelle voulait un peu de chaleur, elle devrait donc se coller à lui.

Il semblait savoir où il allait, donc Dolorès ne dit rien et le suivit. Il passa au trot, la petite aussi. Elle vit bientôt un petit échafaudage de pierre apparaître devant eux. Elle devina immédiatement que ce serait leur cachette pour la nuit. Seth semblait vraiment savoir où il allait, c'était certainement un habitué, pas comme la pouliche qui venait tout juste de débarquer. L'étalon confirma ses pensées. Elle fut soulagée quand il lui apprit qu'au matin, il ne lui resterait que quelques minutes pour se rendre au but tant attendue. Il lui restait tout de même à passer la nuit et elle risqua d'être longue, et froide si on croyait les dire de l'étalon. Seth s'était allongé dans un coin et la petite fit de même. Elle ne se colla pas à l'étalon qu'elle connaissait à peine, croyant être capable de se réchauffer seule pour la nuit. Elle jeta un regard inquiet à ce qui servait de plafond. C'était délabré et à tout moment, Dolorès avait l'impression qu'une pierre se détacherait et l'écraserait toute entière.

La pouliche hocha la tête même si elle n'était pas certaine d'aimer l'idée. C'était une chose que d'avoir de la compagnie, mais devoir être si près l'un de l'autre en était une autre. Par contre, quelque chose dans la voix de Seth obligeait la petite à obéir.