Entre les cordes de chanvre - DOMINANTE

Un hennissement rauque et agressif répond à la grande noire. Ses yeux sombres se braquent sur elle. Elle est la copie conforme de son ancien amour, à la différence près qu'une immense tâche blanche ne barre pas sa tête fine et que ses yeux sont aussi noirs que le sont les siens. Elle s'avance vers elle, mais s'arrête au bord du pont, qui ne supportera pas la masse de l'akhal additionnée à celle de Septenrê.

Son œillade obscure glisse sur le sourire impeccable de Rowena. Elle murmure un hm peu convaincu et demeure immobile. « Que veux-tu? » lâche-t-elle d'une voix cependant affirmée.

Lentement, un léger rictus vient étirer ses lèvres, et un étrange éclat vient briller dans le regard opaque de Septenrê, tandis qu'elle détaille minutieusement l'altière dame noire. « Fais-moi accepter. » dit-elle dans un murmure, tandis qu'elle s'apprête à effectuer un pas vers elle, sur le pont.

La réponse de la jument noire fait élargir le rictus de Septenrê. Il la lui faut chez elle. Rowena est à elle. Son large sabot se pose sur la première planche du pont brinquebalant, et cette dernière gémit. « Je te veux. » la coupe-t-elle d'un ton sec, avant de se radoucir. « Mais il faut bien que l'on s'y prenne dans les règles de l'art. »

Quel ravissement l'envahit que de voir la dame émaciée s'approcher d'elle de ses foulées arachnéennes. Elle demeure insensible quand son regard scrutateur glisse sur son corps musculeux. En vérité, elle attend le bon moment. Attentive, elle observe patiemment les jambes immenses de la noire qui portent sa silhouette osseuse à elle. Encore quelques pas ... D'un geste vif, Septenrê tend son encolure épaisse et ouvre ses mâchoires puissantes, pour cueillir la noire à la gorge. Elle l'attire à elle, et la jette sur la terre ferme, manipulant comme elle veut ce corps, s'il est souple et gracieux, léger et trop maigre. La dorée laisse à Rowena le temps de retrouver l'équilibre, et s'approche d'elle d'un pas prédateur, un sourire narquois aux lèvres. Si l'akhal avait été préservée grâce à la fragilité du pont, elle est désormais toute offerte à Septenrê, qui frémit à cette idée.

Septenrê n'est ni élégante, ni raffinée. Elle est puissante et musclée, mais pas si belle.
Elle observe d'un oeil presque tendre le visage fraîchement cabossé de la grande dame, et finit par s'arrêter devant elle, l'encolure droite. La mauvaise direction. Oh, une chasse au trésor, quelle bonne idée. D'ordinaire, elle aurait forcé son interlocuteur à se plier à ses règles, mais elle avait bien envie de connaître celles de Rowena. « Guide-moi, je t'en prie. » murmure-t-elle, penchant légèrement la tête sur le côté, curieuse de savoir quelle serait la bonne direction.

Et tandis que la grande araignée se glisse jusqu'à elle, Septenrê pose son regard sur les détails d'obsidienne de son corps svelte. Les reflets sanglants sur sa robe louvoyaient face au soleil blanc de l'hiver. La simple observation de son regard totalement dépourvu de limpidité permet à la reine du Levant d'affirmer que Rowena ne serait pas facile à dresser.
Tout son corps, ses oreilles, ses yeux, ses muscles, sont tendus vers elle. Sa bouche, étirée en un sourire énigmatique, s'approche lentement de son visage. Septenrê ne peut s'empêcher d'émettre un ronronnement ravi, curieux. Cependant, elle garde ses positions, et se tient prête, en cas de problème, à arracher d'un coup de dents la vie de l'akhal. Touche-moi encore, et tu me perds. Pour pouvoir encore étudier cette étrange créature, la dominante de l'Orient est prête à élever (ou abaisser) ses désirs à de plus nobles plaisirs.
« A quelles charmantes douceurs veux-tu me faire goûter, alors? » murmure-t-elle, si elles se lançaient dans un art autre. Elle se détourne de l'élégante dame, un frisson de dégoût courant soudain sa peau.