⌊ pony pocket ⌉

Phinaert

Du sable à perte de vue. Il suffisait qu'une faible bourrasque de vent s'immisce sur cette terre pour que le sable vienne se loger dans les yeux de notre pauvre Phinaert. Celui-ci se gratta les yeux sur chacun de ses antérieurs ; clignant à présent des yeux comme un aveugle ébloui par le soleil "Ah, merdasse ! Ch'en ai plein dans les yeux. Ch'a m'pique !" maugréa-t-il en se forçant à pleurnicher pour faire partir les grains de sable en même temps que ses larmes.  

En cette chaleureuse matinée, Isildure s'est décidée à quitter son territoire pour en explorer les alentours. Elle traverse les terres arides jusqu'à se retrouver dans un semblant de village. Son épaisse silhouette dépasse très certainement derrière les petites maisons, plus large et plus haute. Elle n'a pas encore remarqué le vilain qui critique l'agréable matière qui jonche l'ensemble de son territoire

Son regard encore un peu embrumé par les larmes, Phinaert perçoit des formes au loin. Des maisons ? Il trouve cela étrange, en ce lieu habité par le sable. S'approchant d'un pas rapide, il ne tarde pas à arriver à hauteur de ce village ... qui lui arrive sous le garrot. "Ch'est quoi qu'ch'a ?" dit-il pour lui-même, en faisant le tour de l'endroit. Puis, il se rend compte qu'il n'est pas le seul à observer le musée ensablé. "Héééé b'jour biloute !" annonça-t-il gaiement, le sourire aux lèvres.

Elle, lui répond par un regard noir. Il veut quoi ce vieux con à l'accent débile ? Biloute ? Isildure gronde, reste à distance. Pardon ? Rouspète t-elle.

"T'conno pô la politech', tizote ?" dit-il sur un air un peu contrarié. C'était quoi cette première rencontre qui s'annonçait mal ? Encore une qui se sentait pousser des ailes.

Toi non plus. Claque t-elle. J'sais pas d'où tu viens mais ici on n'appelle pas des inconnus "biloute".

"Mi, au moins, ch'dis bonjour. Tizote, ch'a n'a pas l'air d'exister din tin langue, malpolie." clama-t-il, sans se soucier du biloute. Pour lui, c'était normal ... Tout le monde s'appelait comme ça, c'était comme ancré dans ses gênes

Malpolie ? Répète t-elle en grondant. Elle fait un pas vers lui, prête à lui faire ravaler son accent délirant. Comme elle est susceptible aujourd'hui Isi'

Ses sourcils se froncèrent et Phinaert ressentit quelque chose qu'il n'avait pas eu depuis très longtemps : de la colère. "T'vô t'calmer, oui !" insista-t-il d'une voix tonitruante, défiant l'étrangère. Il n'avait pas peur d'elle, clairement pas. Il pouvait être son père, wesh. Encore une malbaisée C'était plutôt rare pourtant.

Elle s'arrête soudainement. Les traits sévères de son visage laissent doucement place à un sourire vicieux. Sinon quoi ?

"Rien. Mais un pô pluch' de respect ne ferait pas de mal. Ch'est quoi cette fach'on d'agresser les gens ? T'as môl dormir c'te nuit ?" demanda-t-il, en s'étant lui aussi radouci. Il n'aimait pas bien s'énerver et avoir affaire à ce genre d'énergumène, pour tout dire.

Rien ? Isildure est déçue. Déçue qu'il se dégonfle si facilement. Pourquoi devrais-je me montrer polie ? C'est vrai ça, pourquoi ? Pour se faire bien voir des autres ? Pour leur faire plaisir ? Rien à battre.

"Alors din ch'cas, pourquoi qu'tu t'offusques qu'in ch't'ai dit qu't'es malpolie ?" Si elle voulait pas se montrer polie, pourquoi n'acceptait-elle pas qu'on lui dise le contraire. Elle devrait en être flattée, "'fin bon. ch'est tout hein. mi, ch'est Phinaert. Mé t'pô m'appeler Biloute. ch'est plus ch'ympa."