You don't see me.

Hérézy se trouvait là depuis un bon moment, observant la faune et la flore aux alentours, et buvant de temps à autre quelques gorgées d'eau fraîche. Elle n'avait pas vu l'étalon noir, mais le bruit de sa glissade attira son attention, et elle sourit, simplement amusé d'une telle rencontre.

- Vu !

Ravie qu'il ne prenne pas mal son "intrusion", Hérézy afficha un large sourire, et fit également quelques pas pour se rapprocher de lui. Elle se mit à rire après ses paroles, et replaça ses crins d'un geste élégant, sans réellement s'en rendre compte.

- J'allais te dire exactement la même chose !

La grise sentait son postérieur un peu instable, elle le déplaça légèrement et eut la surprise de découvrir une écrevisse, qui directement prit la fuite. Elle rit à nouveau.

- Chacun son élément, il n'y a pas de doute !

La grise le gratifia d'un signe de tête en guise de remerciement, toujours souriante.

- Je ne vois pas de quoi tu parles !

Malicieuse, elle gratta l'eau avec son antérieur, envoyant de l'eau voltiger dans tous les sens, et les aspergeant tous les deux par la même occasion. Elle riait aux éclats, s'amusant comme un poulain.

Elle riait, ce n'était pas très rare chez elle puisqu'elle était très sociable et avait la connerie facile, mais ça avait été tellement naturel et soudain entre eux, que ça pouvait passer qu'ils se connaissaient depuis des années. Mais tout cela, la grise n'y pensait pas, absolument pas d'ailleurs.
Étalée dans la rivière, Hérézy riait encore, à gorge déployée, manquant de s'étouffer avec de l'eau qui éclaboussait à plusieurs reprises. Elle avait eu l'idée de faire la fausse vexée, pour le faire tomber à son tour, mais elle riait beaucoup trop pour parvenir à la mettre à exécution.

Hérézy le remercia d'un signe de tête quand il l'aida à se relever, un peu essoufflée par leurs rires, elle mit quelques secondes à parvenir à reprendre son souffle et à parler.

- Njörd ? Je pensais que tu t’appelais Aqua ou un truc du genre !

Bon ok, peut-être qu'elle devenait un peu reloue là... Elle s'en rendit compte et reprit la parole, après s'être légèrement raclé la gorge.

- Désolée, je suis Hérézy et effectivement, je viens des Glaces.

Son sourire ne la quittait pourtant pas.

Bon, ok, elle avait pourrit l'ambiance. Hérézy s'en voulût un instant, mais se reprit rapidement, après tout ça lui appartenait aussi de passer à autre chose ! Elle se mit une claque intérieure, et observa l'étalon noir. Il lui demanda de parler d'elle, aïe. A son tour de pourrir l'ambiance...
Hérézy se mordit la lèvre, mais prit tout de même la parole.

- Oh tu sais, ce n'est pas bien passionnant. Je n'ai pas eu une enfance très heureuse, des parents absents. Je suis partie assez vite, et n'ai rien vécu de très intéressant depuis. J'ai beaucoup de connaissances ici, arrivée depuis quelques années, et j'ai un amoureux. Mais je n'aime pas vraiment parler de moi, désolée.

Après tout, en parler, ça aide à faire passer la pilule ! Elle lui sourit, un peu maladroite.

- Et toi, dis moi tout !

Avant qu'il ne parle pour la seconde fois, Hérézy remarqua sans peine sa tristesse momentanée. Elle sentit son cœur se serrer légèrement. Pourquoi ? Parce qu'elle avait eut exactement la même sensation. Elle ne lui avait pas tout dit non plus, bien au contraire, sa vie avait été bien plus horrible que ça. Mais comme Njörd le disait si bien, peu importe !
La grise se reprit et rougit aux paroles de l'étalon.

- Oui... Il s'appelle Oroszlàn. Il est grand, beau et fort !

Et voilà, elle était ridicule ! Dès qu'elle parlait d'Oros elle était ridicule de toute façon. Elle était amoureuse quoi... Hérézy maintint volontairement sous silence le fait qu'il avait une famille d'une précédente union, et que tout cela était un peu difficile pour elle. Après tout, Njörd et elle ne se connaissaient que depuis peu !
Ça viendrait plus tard, peut-être.

- Et toi ? Tu as déjà été amoureux ?

Namého, manquerait plus qu'elle soit la seule à être ridicule !

Hérézy se mit à rire avec légèreté. Elle ne se moquait pas de lui, loin de là, et espérait qu'elle ne prendrait pas mal sa réaction. Elle fit un pas vers lui, plongeant son regard dans le sien.

- Crois moi, si tu l'avais été ou si tu l'étais, tu ne douterais pas.

Un sourire étira ses lèvres, l'image de l'étalon doré lui dansait devant les yeux. Elle ne pensait qu'à lui, jour et nuit.
Soudainement Hérézy se rendit compte qu'elle était égoïste sur ce coup-là, et rougit à nouveau.

- Lorsque ça t'arrivera, tu comprendras !