cerf pantin

Lui ne s'était pas posé la question, il savait que sa mère allait bien. Il savait que Zohra était férocement ancrée aux Brumes et que rien ni personne ne saurait la déranger. Avoir une telle mère lui laissait l'esprit sauf de vaines inquiétudes. Alors Pavel faisait son chemin, tranquillement.
Le parfum de sa mère vient l'enivrer et il ne peut s'empêcher de sourire. Malgré leur drôle de relation plutôt dure, plutôt masculine, l'enfant était toujours ravi, heureux de la voir.
« On s'éloigne des Brumes ? On n'a pas peur de se faire voler le trône ? »

Il savoure l'étreinte de sa mère, pensant à disparaître plus souvent de sa vue pour bénéficier de sa grande affection. Ses yeux scrutent rapidement le corps de sa mère, elle semble bien se porter. Bien. « Qu'as-tu eu comme idée ? » Pavel sait que sa mère est une visionnaire, qu'elle veut que les choses soient grandes autour d'elle, autour d'eux. Il s'attend à tout venant de Zohra.

Pavel plisse un oeil, puis l'autre. Mère est décidément complètement mégalo. Mais, au lieu d'effrayer l'adolescent, cela le rend joyeux. Il se sait à la hauteur parce que Zohra le lui a toujours dit. Et il sait aussi que si elle a prévu ce genre de plan c'est que c'est ce qu'il faut faire. Mère a toujours raison. L'enfant s'approche de la Reine et colle ses naseaux contre son encolure. « Auprès de qui dois-je me former ? » Marmonne-t-il un peu, frustré de ne pas encore être assez fort pour endosser ce rôle.

Beaucoup d'informations en peu de temps, Pavel soupire un peu. Secrètement, il aurait aimé que Mère lui apprenne. Mais certainement que son temps est trop précieux, il comprend et se détourne d'elle en souriant. « Je veux bien que ton sang coule dans mes veines, mais tes embrouilles de vieux, je ne m'immiscerai pas dedans » Il n'en restait pas moins un enfant qui avait parfois besoin de s'opposer à l'autorité parentale. Et puis, il n'était pas particulièrement agressif de nature, il se voyait mal mettre la raclée à quelqu'un qu'il ne connaissait pas.

Les oreilles de Pavel se couchent lentement. Mère est un dictateur pour les autres, mais pour lui, normalement, elle n'est qu'une brave génitrice qui veut bien faire. En l'occurence et dans ce cas, elle veut imposer quelque chose à Pavlove. Alors qu'on ne lui impose rien à lui. N'est-il pas le Prince ? L'adorable héritier ? Le seul et unique ? « J'ai pas à réitérer tes erreurs, si tu as voulu poursuivre les histoires malsaines de ta mère, ça te regarde » La fin de ses mots est sifflée. L'animal ne s'est jamais vraiment rebellé, pas contre sa mère en tout cas. Mais la disparition de son père le peine et le change. L'adolescence mêlée à ce manque paternel commence à donner à Pavel une attitude bien loin d'être constructive. En tout cas pas pour les plans de Zohra.

L'enfant frappe dans une pierre qui se trouvait près de son sabot, il baisse la tête comme un enfant que l'on gronde. Il trouve les paroles de Mère bien injustes. Comme n'importe quel adolescent qui ne comprend pas que les affaires d'adulte demandent des compromis, des sacrifices. « Donc tant que je ne suis pas sur le trône, je peux rester en dehors de tes histoires ? » Pavel ne comprenait pas l'importance de la peur qu'on devait provoquer chez les autres pour être respecté. Il a toujours pensé qu'être lui suffirait à gouverner. Mais voilà que Zohra lui apprenait tout le contraire. Plus docile,
il se tourne vers sa mère, ravalant un peu de sa fierté pour écouter les paroles de sa mère.

Pavel ne comprend pas vraiment toutes les paroles de sa Mère. Il saisit vaguement qu'il doit se montrer à la hauteur du trône en défendant son honneur ou quelque chose comme ça. Comme tout bon adolescent qui se respecte, il lève les yeux au ciel, un peu las. « Je dois forcément les défier t les frapper ou je peux simplement asseoir mon autorité sur eux avec des mots ? » L'animal n'avait pas peur et ne doutait pas du fait qu'il pouvait aisément bousculer les autres, leur imposer sa présence et sa supériorité. Il ne savait juste pas comment il devait procéder exactement.