▵ Au sommet du monde

C E R S E Ï

Sa robe parsemée de couleurs étaient luisante sous les efforts fournis pour accéder au sommet rocheux de la cité. Son père lui avait dit qu'un jour il l’emmènerait au point le plus haut et le plus beau des terres des Sables pour lui montrer l'étendue et la beauté de leur royaume. Ô il lui avait expliqué que ces terres ne leur appartenaient plus mais qu'elles restaient son héritage et qu'un jour viendrait où ils les récupèrerait. Il lui avait aussi conseillé de ne pas s'aventurer au Sud seule, que peut être était ce dangereux pour elle. Elle s'était contentée de hocher la tête et de sourire. Il avait cru cela suffisant pour ne pas s'inquiéter. Son petit poitrail se soulevait rapidement, sa respiration indiquait le mal qu'elle s'était donné pour arriver jusqu'ici. Mais cela valait la peine, son père n'avait pas menti. Le soleil levant dévoila petit à petit chacune des terres chatoyantes, sous son regard émerveillé.

Lui y avait passé la nuit. Mère lui avait raconté que c'était ici, dans ce lieu mystique et majestueux, que seuls les membres des Sables étaient autorisés à pénétrer. Aujourd'hui même si le troupeau était détruit, Asmund se sentait privilégié d'y être. Il ressentait comme une aura puissante venue de ses ancêtres qui glissait le long des murs de la bâtisse, de couloir en couloir. Il la suivait, insouciant et envoûté.

Les lueurs orangés du soleil levant sortaient de la pénombre chacun des territoires du sud, à tour de rôle. Elle vit ainsi le désert, le torrent de feu -bien que ce dernier était visible dans le noir-, les bassins d'eau... Sa contemplation fut brusquement interrompue lorsque des bruits de pas se firent entendre derrière elle. Lentement, son visage finement sculpté se tourna dans cette direction, attendant de voir la silhouette de l'individu se dessiner devant son regard inquisiteur.

Il n'y avait aucun bruit, si ce n'est celui de ses propres sabots. Ce n'est qu'en arrivant dans un nouvel espace qu'une odeur attira particulièrement son attention. Le plus beau des royaumes. murmure la voix encore légèrement masculine du jeune mâle à l'attention de la pouliche qui l'observait.

( Sorry pour le retard )

Une silhouette tachetée, plus grande qu'elle bien qu'à peine, apparait au sommet des escaliers menant jusqu'ici. Il lui donne une sensation de déjà vu, sans pour autant qu'elle soit capable de décliner son identité. Lorsqu'il parle du royaume, Cerseï reporte son attention sur ce dernier, sans se lasser de faire courir ses yeux sur chacun des territoires. En général, seul les natifs du Sud savent l'apprécier à sa juste valeur. commence t-elle avant de glisser de nouveau son regard curieux sur lui. Je suppose donc que tes racines sont ici ?

Elle est.. perspicace. Bien sûr. Sinon je n'aurai pas l'impudence de m'y promener. déclare t-il. Il vaut mieux donc qu'elle aussi, soit dans le même cas. Il a horreur, comme sa mère, de ceux qui se permettent de trouver refuge aux Sables (et davantage à la Cité) sans en connaître les secrets et sans avoir apprit à aimer ce territoire. Toi aussi je présume. Car pour parler de valeur, c'est qu'elle devait connaître quelqu'un qui aimait ou avait aimé le territoire du plus profond de son être.

Elle hoche discrètement la tête, totalement d'accord avec lui, ce qui fait naître une petite lueur espiègle dans son regard habituellement si neutre et plat. Je n'aurai pas l'impudence de m'y promener, autrement. répond t-elle en reprenant ses mots, mots si justes. Elle n'est pas moqueuse, elle s'essaie simplement à la malice. Cerseï apprend, sans cesse, elle tâtonne sur tout, tout le temps. Tu es ? Elle espérait connaitre ainsi son nom mais aussi ce qui le rattachait aux Sables.

Un léger sourire habille ses babines grisâtres. Bon, tant mieux. Asmund. répond le petit jaguar d'une voix aussi sèche que le lieu. A force de le fixer intensément, il finit par s'intéresser au sujet. Et toi ?

Asmund. Ce nom lui dit vaguement quelque chose. Ses yeux clairs s’arriment aux siens, avec fermeté, comme si cela allait lui permettre de mieux se remémorer. N'était ce pas son père qui le lui en avait parlé ? Asmund. répète t-elle doucement, sans prendre la peine de répondre tout de suite en retour. Et soudain, oui, elle s'en rappelle. Fils d'Isildure. Elle emploie ces mots, ces noms, avec un certain respect et pourtant, elle les nomme comme s'ils étaient des étrangers, alors qu'il en est tout autre.

Le petit reste de marbre face à cette révélation. Voilà ce qu'il aime entendre. C'est sa fierté. Cependant il rejette le fait de ne pas savoir son identité, à elle. Alors qu'en revanche, elle semble le connaître. Il n'en montre rien et se contente d'acquiescer et d'ajouter pour finaliser la leçon de la demoiselle, ironiquement, Et d'Owberine. Frère de Hooker et Bryséis. Jumeau de Gaya.

Face à son air fier, elle détourne enfin le regard de lui pour se poser sur l'horizon, le bel horizon, qui s'offre à eux, non sans un léger petit sourire amusé, néanmoins discret, lorsqu'elle entend son ton quelque peu moqueur. Je sais. finit-elle cependant par claquer à peine eut-il fini, glissant simplement son regard de biais dans sa direction, sans le regarder complètement. Néanmoins, tu n'es que le demi frère de Bryséis. rectifie t-elle.