▵ Petits secrets entre voisins

C E R S E Ï

On lui avait parlé d'un passage secret menant à une île, qu'il fallait s'engouffrer dans les galeries souterraines et trouver le bon chemin, mais qu'attention elle pouvait risquer de se perdre et ne jamais en ressortir. La pouliche avait pensé qu'on voulait simplement lui faire peur pour qu'elle ne puisse pas entreprendre de trouver la dîtes île. Elle avait avancé, longtemps, longuement, au coeur des galeries. Et elle devait bien reconnaitre qu'elle semblait perdue. Cependant, elle ne cédait pas à la panique, se disant que si ses pas ne la conduisaient pas à l'île, ils la conduiraient à quelque chose d'autre de tout aussi intéressant.

Un véritable autre monde sous leurs sabots. Aslak arpentait de pas de loup les galleries souterraines, s'arrêtant régulièrement afin d'observer minutieusement les dessins aux murs. Des sabots martelant le sol, à peine audibles, attirent son attention. Ses oreilles en croissant de lune virevoltent dans tous les sens, cherchant d'où ce bruit pouvait venir.

Son regard se concentre sur les dessins au mur, qui représentaient souvent d’étranges animaux sur deux pattes. Des ours ? Non ça n’y ressemblaient pas vraiment. Ses oreilles quant à elles restent aux aguets et à l’affût de tout, si bien qu’elle perçut des bruits de pas. Elle n’était plus seule. L’avait elle seulement été ? Elle ne se met pas en quête de l’individu pour autant, le hasard l’y guiderait de lui même s’il le voulait bien. Et il ne suffit que de patienter quelques minutes de plus pour que dans l’obscurité, une grande silhouette sombre n’émerge. Son regard, semblant si innocent et pur, s’attarda sur ses drôles d’oreilles, qu’elle trouvait pourtant particulièrement belles.

Tapie dans l'ombre, une enfant. Que faisait-elle ici seule à cet âge ? Le monarque lève les yeux au ciel d'un soupir. Tous les gosses étaient livrés à eux même ou quoi ici ? Qu'est ce que tu fais toute seule ici ? Sa voix était ferme, rauque. Il laisse une certaine distance entre lui et la pouliche, aussi mauvais soit-il l'étalon ne souhaitait pas effrayer les enfants inutilement.

La fermeté de sa voix ne l'effraie pas, ne l'impressionne pas. Mais elle n'est pas une tête brûlée insolente pour autant, elle est un peu plus maligne que cela. La pouliche ne cherche pas à s'approcher étant donné qu'il reste lui aussi en retrait d'elle. J'apprends. répond t-elle simplement, levant ses yeux vers les siens après qu'elle les ait laissé dansé sur le peu de courbes qu'elle apercevait de lui.

Ses yeux se plissent, cette réponse n'est pas aussi claire et explicite qu'il l'aurait souhaité. Qu'apprends-tu ? Leurs regards s'entremêlent, il décide de faire quelques pas vers l'enfant. Quelques pas silencieux mais sûrs. Il peut désormais l'observer plus en détail, ce qu'il fait minutieusement.

( Sorry pour le retard )

A vivre. répond t-elle presque du tac au tac et d'une évidence presque déconcertante. Il s'approche et elle le laisse faire sans broncher. Il était bien plus fort, bien plus grand qu'elle de toute manière, l'illusion de fuite possible était stupide. Alors en sentant son regard l'inspecter minutieusement, elle l'imite et avance à son tour de quelques pas, réduisant d'autant plus la distance qui les séparait. Il l'observe et elle l'observe faire, pour qu'à son tour, par mimétisme, son jeune regard parcourt plus attentivement le corps massif de l'étalon noir. Et toi ? Que fais tu ici tout seul ?

Aslak était amusé par l'attitude assez téméraire de l'enfant. Elle semblait ne pas douter une seule seconde, d'absolument pas le craindre. Tu penses pouvoir apprendre seule à vivre ? C'était un pari osé à ses yeux. Il fait encore un pas de plus vers elle, lui soufflant de l'air chaud de ses naseaux. Le fait qu'elle lui retourne la question le fait sourire, balançant légèrement sa tête de droite à gauche. Personne ne demandait aux adultes ce qu'ils font seuls. Je suis toujours seul.

A sa question, Cerseï détourne lentement les yeux sur le pan de mur à côté d'eux. Son regard se perd sur les diverses dessins de la fresque, son cerveau quant à lui se mettant à réfléchir. Elle n'était pas toujours seule, mais même en présence des siens elle avait pourtant la sensation de l'être. La pouliche voyait bien qu'elle était à part, différente de son père par exemple. Il avait du mal à la cerner et la comprendre.
Elle glisse de nouveau ses ambrés sur la grande silhouette ébène face à elle. Je ne suis plus seule à présent, et toi non plus. conclut-elle finalement, pour eux deux. Elle était certaine que cette rencontre allait être riche d'apprentissage, quel qu'il puisse être. Comment t'appelles tu ? Sa voix est si douce, et ses mots habiles parfois pourtant si durs pour une simple enfant. Mais n'avait-elle seulement jamais été qu'une simple enfant ?

Il se retient d'hausser les épaules. Certes, il n'était plus seul. Mais c'était.. une enfant en face de lui. Que pourrait-il bien en tirer ? Aslak. Il recule lentement d'un pas, son regard se ballade sur les dessins de la fresque. De quoi s'agit-il, à ton avis ?