Chaque blessure laisse une cicatrice.

Le chant des oiseaux résonne aux oreilles de Syliah. Malgré le bruit assourdissant des chutes d'eau, elle parvient à entendre chacune des notes. Elle ferme les yeux, pour se concentrer davantage sur cette si belle mélodie qui résonne à ses oreilles. Puis elle rouvre les yeux, afin d'observer les environs. Un arc-en-ciel se dessine juste au dessus de sa tête. C'est joli. Joli mais éphémère. Incertain. Un peu comme la vie, en fin de compte. Syliah entre avec lenteur dans le bassin d'eau translucide. Dans un premier temps, la fraîcheur de l'eau la fait frissonner, mais son corps s'y habitue vite et elle se retrouve rapidement à nager. L'eau soulage ses blessures encore récentes. Elles sont pas encore tout à fait cicatrisées, mais elle le sait ; ce n'est plus qu'une question de temps, maintenant que les bactéries sont parties.

( Je suis absolument désolée pour le temps de réponse!! )


La bruine, créée par les chutes d'eau, arrose un peu plus le corps svelte de la jument noire qui profite de cette petite baignade rafraîchissante. Si elle est encore vivante, c'est très certainement grâce à cette habitude qu'elle a prit, de se baigner dès qu'elle en avait l'occasion. Au début, elle ne le faisait pas réellement par envie mais plutôt par nécessité de confort ; la fraîcheur de l'eau l'aidait à supporter la fièvre. Syliah retourne finalement vers le rivage sans pour autant quitter l'eau qui lui arrive désormais au niveau du poitrail. Elle observe les environs, alerte. Elle a entendu un bruit étrange et les oiseaux se sont tus. Elle fixe désormais l'orée de la forêt, jusqu'à ce qu'il arrive. Ses oreilles se dirigent automatiquement vers sa croupe et elle pince les naseaux en signe de mécontentement. Il porte l'odeur du sang. Il empeste le malheur et la souffrance. Elle retourne quelques semaines en arrière, entre les quatre murs qui avaient fait d'elle une prisonnière. Ses cicatrices la tiraille douloureusement. L'étalon la toise et elle se contente de plaquer ses oreilles contre sa nuque en redressant l'encolure. Qu'il la méprise, elle n'avait aucun soucis avec ça, mais elle ne s'abaisserait pas à son niveau.

( Pas de soucis. ♥ )


Elle redresse légèrement les oreilles et ne le quitte surtout pas du regard. Non pas parce qu'il l'intéressait follement, mais plutôt parce qu'elle se méfiait de lui et qu'elle préférait l'avoir à l'œil. Sait-on jamais, qu'il décide d'avoir un geste déplacé. Ses oreilles se plaquent de nouveau contre sa nuque lorsqu'il passe devant elle et elle grince des dents pour réaffirmer son envie de solitude. Elle détestait ceux de son espèce ; ces espèces de serpents à sonnette sans honneur et codes moraux. « Je n'accueille que ceux qui se présentent dignement à moi. », réplique-t-elle d'un ton railleur. Non mais il pouvait parler, il avait pas vu dans quelle tenue il osait se pointer devant elle ?

Elle croise son regard et lorsque ses prunelles noisettes s'accrochent aux siennes elle soutient ces dernières sans flancher. Elle n'avait jamais eu peur de ces regards flamboyants, ceux qui tentent de sonder ton âme pour te mettre à nu. Les regards brûlants, parfois fous, parfois menaçants... Elle l'entend rire mais n'y réagit pas. Elle a déjà détourné son regard et même entreprit de sortir de l'eau pour le laisser barboter seul. « Tous ces termes sont forts charmants et me plaisent énormément, mais je dirais qu'ils ne sont pas encore assez forts pour être à ma hauteur. », répond la jument noire avec un petit rire amusé. Ses iris vairon plongent de nouveau sur l'étalon qui tente de se nettoyer. « Faudrait peut-être frotter plus fort, t'es pas encore redevenu gris. » Un large sourire joueur vient étirer ses lèvres. Elle aime bien quand ses interlocuteurs ont de la répartie.

Son sourire s'agrandit lorsqu'il rétorque qu'elle est ambitieuse. C'est vrai quoi, pourquoi se contenter de ce qu'on a lorsqu'on peut obtenir mieux ? « Ma Reine c'est pas mal, effectivement. » Une lueur de malice anime ses si jolis yeux vairons. Elle aime bien ce jeu du chat et de la souris, de séduction délicate, quoique légèrement surjouée. Pas gris ? C'est qu'elle s'était fiée à la couleur qu'elle entrevoyait, entre les différentes tâches de sang. Sa proposition l'amuse, si bien qu'elle se met à rire, de son doux rire cristallin. « C'est pas que la proposition ne soit pas tentante, mais je crains de m'évanouir au simple touché de ce corps d'Apollon. », réplique-t-elle alors en laissant glisser ses prunelles dépareillées sur lui, comme pour appuyer ses propos.

Syliah ne se lasse pas de voir cette flamme sauvage danser dans le regard brun du grand mâle. Il y avait cette petite étincelle qui menaçait de mettre le feu au monde entier si jamais elle venait à effleurer les quelques gouttelettes d'essence qui se trouvaient éparpillées au sol. De hardiesse, elle n'en a jamais manqué. Pourtant, si elle se permet de jouer avec lui, c'est surtout parce qu'elle ne le sent pas menaçant. Mais si j'en viens à t'appeler Ma Reine, c'est que tu m'appartiens. Sa phrase la laisse bouche-bée durant quelques secondes, avant qu'elle ne parvienne à se reprendre. Visiblement, il n'y a pas qu'elle qui ne manque pas d'ambition... ! « Il me semble que les sujets de la Reine l'appellent ainsi. Or, une reine n'appartient pas à ses sujets, de ce que je sache. » Son regard se pose de nouveau dans le sien. Une lueur malicieuse y danse toujours, contrastant avec l'insolence qui habite sa voix. Il s'approche d'elle pour lui souffler de nouvelles paroles. « Je n'ai peur de rien. » réplique la noiraude en redressant légèrement son encolure. Certes, c'est un mensonge - qui n'a réellement peur de rien ? - mais elle serait folle que de lui avouer ses craintes.

Un sentiment de satisfaction naît en elle lorsqu'elle remarque son air contrarié. Visiblement, au-delà du fait qu'il vise bien plus haut que le simple rang de sujet, il éprouve également un certain rebut pour ce dernier. Il se rapproche alors, roulant des mécaniques. Elle ne peut alors s'empêcher de laisser son regard bicolore glisser sur ses muscles saillants. Il n'hésite pas à se rapprocher exagérément et même si cette promiscuité imposée la dérange, elle ne fait rien pour s'en défaire. De toutes manières, qu'il soit loin ou proche ne changerait rien si jamais l'envie de l'attaquer lui venait ; vu sa carrure, il serait largement en mesure de la maîtriser, même s'il lui faisait cadeau d'un quelconque avantage. Son murmure lui arrache un frisson électrique. Elle s'apprête à lui répondre mais se stoppe dans son élan lorsqu'elle sent les muscles fermes de son poitrail rencontrer le sien. Ses naseaux se trouvent désormais à hauteur de son oreille et elle en profite pour répliquer d'une voix mielleuse ; « Les Rois ne s'amusent guère à jouter. Ils n'ont, hélas, aucun courage et ne préfèrent pas se salir. » Une lueur espiègle danse dans son regard dépareillé. « Malheureusement, malgré ses nombreuses qualités qui vont peut-être même au-delà de celles d'un Roi, un Chevalier reste qu'un simple Chevalier aux yeux d'une Reine. » Lui souffle-t-elle ensuite au creux de l'oreille, avant de lui faire une rapide lèche juste sur la ganache et de s'écarter rapidement de lui par le biais d'une élégante cabriole.

Syliah n'est pas si loin mais pas si près non plus. Un petit mètre les séparent. C'est une distance que la noiraude apprécie car elle se trouve assez loin pour se sentir libre de ses mouvements mais également assez proche pour interagir avec l'étalon. Une lueur joueuse danse toujours dans ses iris dépareillées. Elle aime cette sensation de puissance, de pouvoir que lui offre le simple fait de mener la danse. Elle apprécie le fait de le sentir électrique, passant de la frustration à la satisfaction selon ses actions. Au fur et à mesure de leurs interactions elle se découvre une passion pour ce jeu du chat et de la souris, si bien qu'elle en oublie presque la nature profonde de son camarade de jeu. Elle oublie presque d'être méfiante, se laissant happer par cette atmosphère électrique qui lui picote la peau. Syliah se montre attentive lorsqu'il prend la parole, l'écoutant avec la plus grande des attentions. Parce qu'il existait des Rois qui n'avaient pas peur de prendre les armes avec le petit peuple ? Enfin, peu importe, même s'il était Roi - et qu'il en était un bon - elle ne le suivrait pas. Parce que, malgré ses paroles, elle était loin de se considérer comme une Reine. Le rang d'Alpha lui collait davantage à la peau. Plus libre. Elle frisonne sous la caresse du mâle à la drôle de robe. Son regard vairon le suit lorsqu'il retourne dans le bassin. « D'où viens-tu ? » finit-elle par souffler, en se rapprochant de la rive. Il l'intrigue, elle veut en savoir plus sur lui. Qui est-il ?