fallen skies

L'isabelle se remettait difficilement de ses blessures. Il venait de quitter Enja, qui avait accepté de le soigner, tout du moins d'essayer. Aaren attendait encore les effets de ses soins, même si l'endroit était plus dangereux qu'autre chose. Mais peu importait, non ? Après tout, il fallait bien mourir de quelque chose. Ses yeux sombres reflétaient les lumières incandescentes d'Ageb qui avait débordé, qui mangeait avidement les terres qui l'entourait. Et dans les yeux d'Aaren, on pouvait encore discerner une lueur de défi.

Je lance le dé pour le soin

B A I L E Y

Seule. Elle espérait juste être seule. Elle ne supportait pas de voir quelqu'un, tous si doux et gentils avec elle. Mais ne voyaient-ils pas le monstre qu'elle était ? Ce qu'elle avait fait ? Ce qu'elle leur avait tous fait ?
Il se met à pleuvoir. Drôle de pluie. Cela ne mouille pas, cela ne fait que lui effleurer et lui chatouiller la peau. Et lorsqu'elle lève les yeux vers le ciel, Bailey ne discerne que de la cendre. Cela lui arrache un frisson d'effroi. Elle a l'esprit trop ailleurs pour distinguer une autre silhouette que la sienne au coeur de ce nuage de cendre.

L'entier poussa un long soupir aux vues des vestiges de la guerre. Tout partait en fumée, et il y avait peu d'espoir pour que tout redevienne comme avant. Son visage demeurait indéchiffrable, pourtant son regard ne pouvait s'empêcher de contempler ce qui était autrefois le Nord. Aujourd'hui, l'activité volcanique avait réchauffé le climat, et la neige avait commencé à fondre, mettant à nu ces terres qui n'étaient plus que des étendues boueuses et ternes.

Au-delà de l'odeur de poussière, l'isabelle perçu la présence d'un autre équidé. Une odeur sucrée qu'il n'avait pas humé depuis un temps qui lui avait semblé être une éternité. Quittant le Nord du regard, il riva ses yeux sur la silhouette longiligne de Bailey. Il patienta, allait-elle le repérer ?

Bailey continue d'avancer parmi la nuée de cendres, plissant légèrement les yeux pour ne pas en recevoir justement à l'intérieur. Et lorsqu'elle se retrouve dans un espace plus clair, où la pluie de cendre semblait s'être estompée, voir même terminée, elle discerne une silhouette un peu plus loin. Bee s'ébroue pour se débarrasser de la cendre et la poussière, et se concentre sur ladite silhouette. Son coeur s'accélère, tambourine sa poitrine, sans qu'elle ne le contrôle. Ca l'agace autant que ça aiguise sa curiosité. Elle avance encore un peu vers l'individu, et enfin, les traits d'Aaren se dessine parfaitement sous son regard surpris. Son corps avait réagit avant même son esprit. C'était... troublant. Elle s'arrête. Elle ne l'a pas vu à la bataille et s'empresse de parcourir son corps du regard. Des plaies et des cicatrices y ont pris place. Et sans qu'elle ne s'en rende spécialement compte, les traits de son visage ont pris le chemin de l'inquiétude. Elle reste cependant toujours immobile, à quelques mètres de lui. Ses yeux finissent par revenir aux siens. Elle entrouvre sa bouche, ses lèvres délicates suspendues sans qu'aucuns mots ne sortent, ne sachant ni quoi dire, ni quoi faire.

Il ne la lâchait pas du regard. D'un regard impassible, d'ailleurs. Il l'observait attentivement, constatant chaque changement d'état qui pouvait la traverser. Bailey portait les marques d'un combat récent, dont l'isabelle connaissait bien sûr l'origine. La guerre. La voilà inquiète. L'entier ronfle des naseaux, ceci résonnant presque comme un grondement. Qu'on s'inquiète pour lui ? C'était bien la première fois. Et il ne savait réagir à ce genre d'attention, aussi il ferait comme il en avait pris l'habitude : rejeter. Faisant comme si il n'avait pas saisis son expression, l'ancien sbire orienta son corps mutilé vers la brune, mettant le Nord déchu dans son dos. Il se souvint de leur dernière rencontre, de leurs baisers essoufflés, de sa parole de se livrer après la guerre. Mais avait-elle envie de l'entendre et avait-il envie d'en parler ? Dans ses yeux sombres régnait toujours la même hargne avec laquelle il avait fracassé le crâne de Soshan.

Elle ne remarque pas pour le moment le Nord tombé dans son dos, et c'était mieux ainsi, ses yeux focalisés sur lui. Il semble insatisfait ou contrarié de quelque chose, sans qu'elle ne mette le sabot sur ce dont il pouvait s'agir. Dans les yeux de l'isabelle le combat semble continuer à faire rage, comme s'il n'avait jamais cessé et qu'il n'était pas prêt de le faire. Cela lui arrache un frisson. Elle aurait du frissonner d'effroi n'est ce pas ? Mais il ne lui procure jamais des choses raisonnées et raisonnables. Elle frissonne d'envie. Pourquoi ? Ses interrogations se perdent et lorsqu'il lui fait face, ses jambes avancent instinctivement vers lui, comme si elles recevaient une invitation. Elle s'approche, se rapproche, beaucoup, ne s'arrêtant qu'en arrivant à hauteur de son visage, la distance les séparant n'éteignant même pas un mètre, 30 cm tout au plus. Alliés ou ennemis ? finit-elle par demander d'une voix plus suave qu'elle ne l'aurait voulu ou même pensé. N'étaient-ils pas restés là dessus, la dernière fois ?

Elle s'approcha d'elle-même, bravant les flammes qui dégageaient son combat. Il avait toujours été une machine de guerre, et bien que ses blessures le faisaient silencieusement et atrocement souffrir, il n'en montrait rien. L'entier parvint même à se détacher de ces douleurs quand elle s'approcha, imprudente, probablement inconsciente. Il lui servit un sourire quelques peu narquois. « Ni l'un, ni l'autre. » répondit-il simplement. Alors qu'étaient-ils ? Aaren ne servait que ses propres intérêts, et ce depuis toujours. Même si servir la cause des parias étaient parvenu à l'élever, à le rendre plus fort mentalement et physiquement. Il effleura ses lèvres des siennes, frôlant ce goût qu'il avait pris tant de plaisir à savourer. Il s'en empara finalement, cette flamme incandescente renaissant entre eux, plus brûlante et dévastatrice que jamais. C'était la fin du monde après tout, non ?

Elle était incapable de savoir si elle était satisfaite ou non de cette réponse, devoir le laisser cantonné dans une case de son esprit remplit de points d’interrogations. Et pourtant, là, si proche de lui, cela ne la dérangeait pas. Son esprit se torturait plus tard, elle savait qu’elle allait juste profiter de la fluidité qui émanait d’eux. Leurs lèvres se frôlent puis s’apprivoisent de nouveau, sans que la passion qui les avait animé quelques temp auparavant ne se soit amoindrie, au contraire, elle semblait briller et s’élever plus ardemment encore. Elle ne se laisse pas docilement faire, ses dents viennent se refermer avec délicatesse et piquant sur l’une de ses lèvres.
En cet instant, dans ce décor post apocalyptique dont elle était en partie responsable, plus rien ne compte. Si la fin du monde était là, autant prendre les devants et anéantir tout ce qu’elle connaissait et tout ce qu’elle avait connu. Alors elle ferme son esprit, oublie tout. L’éboulement, les terres désolées, la bataille, le retour de son frère, la déclaration de Sueño.
Elle se presse contre lui, son portail se lovant contre le sien. Son souffle se fait court. Elle se perd dans leur baiser dont elle fait redoublé l’intensité.

Tout doubla d'intensité. Leur baiser. Leur rythme cardiaque. La chaleur de leurs corps. Tout montait en pression, et l'entier se laissa enivrer par l'instant. Depuis combien de temps ne s'était-il pas laissé aller à ses sensations ? Certes, pas depuis la guerre toute récente. Mais par un sentiment positif, j'entends. Par le désir, fou et brûlant. Par les flammes qui dansaient sous leurs paupières closes. Et ce baiser se consume, les consument. Aaren mordilla la lèvre inférieure de la brune, tira légèrement, comme s'il voulait encore plus l'amener à lui. Comme s'il aurait voulu fusionner avec elle. Dans un paysage apocalyptique, rongé par les flammes, on aurait crut que les cieux ne regardaient qu'eux.

Elle avait besoin de se sentir vivante, et là, contre et au cœur de lui, elle avait la sensation de toucher au but. Peut être allait-elle se brûler les ailes et que la chute serait encore plus brutale que cette ascension fulgurante. Peut être. En cet instant, rien d'autre ne comptait que le brasier ardent qu'il faisait naître en elle. Les flammes la brûlaient, la consumaient, mais elles l'éveillaient aussi. Un phoenix ne renaissait-il pas de ses cendres ? Peut être en était-elle un. Peut être. Ou bien alors elle finirait calcinée, mais il y avait-il meilleure fin que celle assener par la passion ?
L'infime distance qui les sépare encore lui fait mal, il faut qu'elle se rapproche d'avantage de lui, et comme s'il lisait dans ses pensées, il l'attire contre son corps tout aussi brulant que le sien. Peut être devrait elle être plus méfiante en ces temps de troubles, avec ces hormones qui lui font tourner la tête, mais elle n'en a pas envie. Ce qu'elle veut, s'est s'abandonner à lui, toute entière.
A bout de souffle, elle finit par détacher ses lèvres des siennes, doucement, se sevrant à contre cœur de sa bouche. Son regard capture un instant le sien. Elle veut aussi découvrir son corps, si bien que ses lèvres viennent se redéposer mais à l'orée des siennes, pour remonter progressivement sur sa joue, puis arriver à sa gorge et progresser lentement le long de son encolure.

Leurs corps s'appellent l'un l'autre, dans une folie dévorante, qui contaminait même jusqu'à leurs cerveaux. Un besoin fulgurant de se retrouver l'un l'autre, de se fondre dans l'autre. Cette passion dévorante et soudaine, il ne savait toujours pas d'où elle venait. Mais pour une fois, il se laissa consumer. Ils ne se connaissaient même pas, c'était certain. Que savaient-ils l'un de l'autre ? Fort peu de choses. Mais ce qui se passait ici les dépassait, et de loin. Lorsque la brune glisse le long de son encolure, il orienta son visage afin de toucher la sienne, comme symétrique. Il inspira son odeur, lui qui découvrait avec les toucher des formes qu'il ne connaissait qu'avec la vue. Et ses sens se troublèrent. Il voyait sans voir, sentait sans sentir, touchait une peau ardent sans se brûler. Ils étaient un brasier qui se tisonnait lui-même. Guidé par un instinct et un désir aveugle, il sentit ses naseaux glisser jusqu'à sa croupe, approchant d'un nœud brûlant. Par passion, ses dents vinrent déranger la base de sa queue, ses naseaux enivrés par la fragrance irrésistible.

Elle menait la danse, un bref instant, jusqu'à ce qu'il la rejoigne dans une symétrie parfaite et que les caresses d'Aaren finissent par rythmer les siennes. Elle se sentirait presque faiblir tant l'intensité de ce qui l'anime est féroce et vorace. Animal. Il lui échappe pour qu'elle puisse encore mieux s'offrir à sa merci. Ses dents viennent s'immiscer sur une zone à fleur de peau, et cette caresse qui pourrait paraitre banale la fait au contraire sombrer un peu plus dans un désir impatient. Ses yeux se ferment en même temps qu'un gémissement lui échappe. Sa queue se décale sur le côté, des instincts méconnus prenant les commandes sans qu'elle ne cherche à s'y opposer.

Et son souffle s'estompe, puis redevient puissant. Il inspirait son parfum, à la fois doux et brûlant. Chaque inspiration provoquait de nouveaux frissons, à la fois sur sa peau et sur son âme. Ses naseaux prirent le pas sur cette zone pleine de chaleur et de désir, glissant son muscle buccal dans des coins humides et tendres, ses paupières s'abaissant sur ses yeux sombres, rendus noirs par le désir. A la fois tendu et détendu, l'entier s'orienta presque inconsciemment, l'avant de son corps s'élevant prestement pour retomber sur la croupe puis le dos de Bailey. Leurs corps étaient à deux doigts de fusionner, les deux parties les plus sensibles de leurs corps étant en contact. Ses flancs déjà trempés de sueur, le visage fiévreux, il saisit l'une des mèches de crins les plus proches du garrot de la brune. Enfin, il franchit la barrière de ses reins, la sensation le transcendant comme un milliers de piqûres de guêpes, leur venin brûlant s'écoulant dans son corps dont les muscles saillaient par la congestion. Il se fondit en elle, son esprit n'étant plus attentif à autre chose qu'à cette danse sensuelle que livraient leurs reins.