no more love in the warehouse

Ceresia
Elle avance dans cette plaine où il fait beaucoup trop chaud. A croire que Dieu joue avec eux comme de vulgaires poupées et les met dans le four par pur plaisir. Ses pieds sont de plus en plus secs, et la chaleur du sol lui remonte doucement dans les sabots. C'est presque une douleur que de marcher ici ; mieux vaudrait-il faire demi-tour. Mais quelque chose l'arrête dans cette idée ; une silhouette brune au loin. Elle croit la reconnaître. La blonde avance vers elle, à moitié boiteuse ; sa cicatrice peinant à se refermer. Morne, Ceresia l'interpelle une fois à sa hauteur : "Salut Bryséis." Elle l'a entendu plusieurs fois ce prénom ; il lui semble se souvenir de l'altercation entre sa mère et Boa et de sa haine pour cette demi-sœur. Et puis, à la réunion de formation du groupe, quelqu'un a mentionné son nom : bientôt, elle ferait surement partie de leur groupe de survie.

"Comment vas-tu ? Tu as combattu lors de la bataille ?" Elle ne l'avait pas vu, mais supposait que forcément si elle était digne fille de Redjim qu'elle avait participé au combat contre les parias. Ceresia observe son corps d'ébène et devine que la réponse sera oui. "Tu as revu papa, depuis ?" Cela lui faisait bizarre de dire papa comme si elle partageait enfin son père avec quelqu'un d'autre, alors que depuis tout ce temps elle s'était sentie bel et bien fille unique. Étrangement, elle lui lance un sourire timide, comme gênée d'avoir forcé le partage de leur père.

Elle parlait vraiment bizarrement. Ceresia essaya d'en faire abstraction mais la sensation de parler à une enfant alors qu'elle était face à une adulte était très troublant. Les oreilles dans tous les sens, elle ne savait plus comment lui répondre. "Oui, c'est notre papa, si tu préfères." Elle lui adressa un clin d’œil, comme si elle cherchait à la rassurer alors que Bryséis n'avait guère besoin de ça. "Oui, il est encore très touché par ça ..." Son coeur se serra dans sa poitrine et son regard s'humidifia à son tour.

Son coeur se serra encore plus quand les mots tombèrent de la bouche de sa demi-soeur. L'entendre dire était encore plus douloureux. Elle se contenta d'hocher la tête, de peur de parler en bredouillant. Puis, Ceresia se reprit : il ne fallait pas s'apitoyer sur son sort. "Changeons de sujet. T'as trouvé un camp de survie ?" Il lui semblait que quelqu'un avait mentionné son nom lors de la création de leur camp, mais elle n'était pas sûre que Bryséis soit déjà au courant.

"Asmund, c'est ton frère ?" Elle était surprise. Les mots lui avaient échappé tant la brutalité de la nouvelle la surprenait. "Il est donc mon frère aussi ?" Elle n'avait jamais entendu son nom de la bouche de son père ou de sa mère. Ceresia fronça les sourcils, le coeur battant. Elle était à deux doigts d'aller chercher son père qui lui aurait caché cet autre lien de parenté. La jeunette comprendrait alors le pourquoi de la présence de Asmund lors de l'enterrement de sa mère ... "Je connais beaucoup mieux Hekâ que Nyvéen. Pourquoi ?" Avait-elle eu une mauvaise rencontre avec l'une d'entre elles ?

"Ah bah oui, du coup c'est pas mon frère." Toute la pression que s'était mise Ceresia retombe rapidement. Ouf. Elle n'aura pas à en vouloir à ses parents. Ceresia n'osait pas approuver les dires de sa demi-soeur. Elle ne connaissait pas tellement Nyvéen, elle ne préférait pas se faire une représentation trop hâtive. "J'sais pas quoi en penser. J'ai juste pas apprécié son rentre dedans lors des entrainements que papa avait organisés. Je venais à peine de finir mon combat avec Hekâ qu'elle m'est arrivée dessus, sans mise en bouche. En plus, elle veut être guérisseuse, alors j'ai pas trop compris son engouement à se battre autant." Ceci étant dit, Ceresia observa la noiraude. "Pourquoi tu ne l'apprécies pas ?"

"Mais il s'est passé quelque chose pour que tu doutes d'elle ?" Elle voulait savoir. S'ils s'étaient passés quelque chose entre les deux juments, Ceresia voulait être là pour épauler sa demi-soeur ... et la protéger si cela venait à recommencer. Elle inspira profondément, avant de répondre : "Oui, elle était totalement dévouée à cette cause."