Because of you.

Tout n’est que poussière. Tout est vide. Tout est calme. Les oiseaux ne chantent plus, l’herbe n’est plus abondante et l’eau n’est plus brillante comme un diamant. Tout n’est qu’apocalypse. Tout est sombre, noir, morbide… était-ce donc cela qu’ils avaient gagnés en battant les parias ? Le grand noir marche sur cette terre carbonisée. Il a le souffle court et les yeux qui piquent. Il ne reconnaît pas cette terre, il ne sait pas où il se trouve. Déboussolé, il s’arrête un moment, scrutant le paysage abîmé de fond en comble.

Il ne faut pas longtemps pour qu’il l’aperçoive. Elle. Sa jolie tachetée. Le frison plisse les yeux pour mieux la distinguer. Elle arrive bien vite au trot. Mais il remarque que quelque chose ne va pas. Elle boite. Ses oreilles pivotent vers elle tandis qu’il se contente de l’enlacer à l’aide de sa puissante encolure. Il ne dit rien, et se contente d’inspirer son odeur. Odeur qui lui paraît beaucoup plus enivrante que d’habitude.

Très vite, il glisse ses naseaux sous la crinière de la belle appaloo. Il aime être à son contact, il se sent tout autre lorsqu’il est avec elle. Elle le complète, elle est son autre, sa moitié, celle qu’il attendait depuis longtemps. Et ça, il ne peut pas le nier.

"Oui… depuis que tu es à mes côtés, mon monde semble plus beau."

Souffle-t-il tendrement. Snow est incapable de se décoller d’elle. Ces moments d’intimité lui ont manqués, leurs moments rien qu’à eux. Elle lui a manqué, tout simplement.

L’étalon noir lui offre un nouveau sourire quand il sent ses lèvres contre sa ganache. Puis il étouffe une petite grimace quand elle se décroche de lui.

"Rien de positif malheureusement… J’essaie d’aider les chevaux que je croise du mieux de je peux, certains sont vraiment mal en point. L’autre jour, j’ai même cru que mon petit frère allait y passer."

Soupire-t-il en haussant les épaules. Un sentiment d’impuissance s’empare de lui, mais quand toute cette folie va s’arrêter ? Quand est-ce qu’ils pourront à nouveau vivre paisiblement ?

"Au fait, tu as du le croiser, notre ressemblance est assez… frappante."

Ajoute-t-il d’un ton un peu plus joyeux.

"Ne lui en veux pas d’avoir un comportement étrange… J’ai appris qu’il avait vécu des choses… des plus atroces."

Souffle-t-il en venant presser ses naseaux contre ceux de la jolie tachetée. L’étalon lui rend son baiser, de la plus chaste manière possible. Rapide, court et efficace. Il ne le montre pas mais son odeur, beaucoup plus sucrée que d’habitude, réveille tout doucement ses hormones. Il essaie de ne pas y prêter attention. Ses oreilles pivotent légèrement quand elle lui pose la question. Le noiraud affiche une mine relativement surprise. Il ne s’y attendait pas à celle-là, pas le moins du monde.

"Hum… Un jour, oui pourquoi pas…"

Bafouille-t-il sur un ton incertain. Les choses n’allaient-elles pas un peu vite ? Il ne lui avait même pas encore déclaré sa flamme officiellement qu’elle lui parlait déjà d’avoir un enfant.

Outch ça y est, elle prend la mouche. Il l’a connait et il sait pertinemment que parfois, il vaut mieux lui parler en prenant des gants.

"Non non, ce n’est pas ça… C’est juste que cette idée ne m'avait pas vraiment effleuré l'esprit. "

Dit-il. Sa voix se fait plus douce, plus tendre et plus rauque. Il se racle d’ailleurs la gorge après ses paroles, lui-même étonné par son intonation.

Son regard se perd un instant dans les taches de son aimée. En fait, peut être sans le savoir, elle vient de soulever un point relativement important. Et cela le trouble bien assez pour qu’il reste pensif l’ombre d’une petite minute. Le baiser qu’elle lui vole la ramène brusquement à la réalité. Le noir pointe ses oreilles vers l’avant. Il l’a couvre d’un regard tendre et amoureux. Puis il vient subitement effacer la distance qui les sépare en s’emparant de ses lèvres avec bien plus de passion et de fougue qu’auparavant.

Snow savoure l’instant. Ils n’en avaient eu que très peu des moments comme celui-ci. Le frison se laisse aller, il cède à ses désirs, il prolonge ce baiser. Ses lèvres s’emparant littéralement de celle de son aimée avec une certaine insistance. Quand enfin, il se détache d’elle pour reprendre son souffle, son regard brun glisse vers sa croupe. Le noiraud se surprend à penser à d’étranges images. Mais il se ressaisit très vite et se contente de contempler sa belle appaloo, sa queue fouettant ses flancs.

"Tu es si belle…"

Souffle-t-il. Il plonge ses yeux dans les siens presque involontairement.