les ruines du coeur // N //

Myosotis est bien consciente que ce n'est pas vraiment de sa faute, mais c'est plus fort qu'elle et elle n'arrive pas à ne pas se sentir coupable. D'autant plus qu'elle savait ce que ça faisait, de perdre sa famille. Elle chasse rapidement les larmes de ses yeux ; elle est à fleur de peau en ce moment et les larmes lui montent facilement. « C'était indélicat... » soupire-t-elle.

Elle relève les yeux vers lui, surprise par ce brusque changement d'attitude. « C'est pas faux... » finit-elle par avouer, un petit sourire amusé accroché à ses lèvres.

Elle s'attendait à ce qu'il lui retourne la question, elle n'est donc pas surprise. « J'avais. Enfin... Si on peut appeler ça une famille. » La nostalgie fait briller ses yeux bleus, mais elle n'a pas envie de pleurer. Elle avait fini par faire son deuil. Ou plutôt ses deuils, que ce soit pour ses enfants ou même pour la vie de famille dont elle rêvait il y avait des années de ça.

Elle acquiesce silencieusement, peinée, elle aussi. C'était horrible à dire mais dans un sens, elle était heureuse de se rendre compte qu'elle n'était pas la seule à avoir perdu ce qu'elle estimait être sa famille.

Un petit sourire naît sur ses lèvres. Un sourire amer, plein de rancœurs. « Je suis née chez les hommes, c'était déjà pas la joie. Je me suis enfuie, j'ai croisé la route d'un con avec qui j'ai eu deux enfants. Et, par ma faute, ils sont morts. Pour faire un topo rapide, ça revient à ça. » explique-t-elle sur un ton détaché, quoique légèrement entaché par la colère et la tristesse.

Elle est surprise lorsque, à son tour, il se confie à elle sur son passé. Et si pour certains ça ne semble pas être grand chose, pour elle, ça représente énormément. Son passé est d'ailleurs très sombre et son cœur se serre. Elle a mal pour lui. Et, tout naturellement, elle vient caler son épaule contre la sienne, dans l'idée de lui remonter le moral. « On peut voir du positif dans tout ça ; on y a survécu, à toutes ces merdes... » souffle-t-elle en lui offrant un doux sourire.

Elle le sent bien qu'il s'est raidit à son contact et elle ne peut pas lui en vouloir. C'était un peu brutal. Elle ne relève pas son aveu. A vrai dire, elle se pose encore la question elle-même, alors elle aurait été bien mal placée pour lui dire quoi que ce soit sur le sujet. A la place, elle se contente de poser sa tête sur son dos, pensive.

Elle le laisse s'éloigner. « Désolée. » s'excuse-t-elle simplement en se reculant d'un pas à son tour. Elle avait tendance à se montrer trop tactile, il était vrai.