L’espoir d’y croire encore

B A I L E Y

L’arabe brune s’était traînée difficilement jusqu’ici. Sueño était désemparé face à son état et elle ne pouvait pas le guider, ni connaissant rien dans ce domaine là. Le souffle court, elle adosse son épaule contre la paroi à l’entrée de la taverne, espérant que les guérisseuses se trouvaient toujours ici. S’il vous plaît... J’ai besoin d’aide... appela t-elle faiblement.

Me voiciiiii! Désolé du délai

Tehya se précipite à l'entrée de la grotte où elle trouve une jument baie ensanglantée. Elle passe son encolure sous la sienne pour lui apporter du soutient. Allez venez. Souffle Tehya entre ses dents serrées. Elle couche l'inconnue sur un lit de paille qui la tiendrait au chaud. Un petit feu procurait de la chaleur et de la luminosité à la grotte. L'ébène avait apprise à faire cela lors d'un de ses voyages. Le chaman lui avait montrer à apprivoiser le feu et avec l'aide de la lave bouillante du volcan, T avait pu remmener quelques branches dans la grotte pour y préparer un feu. La plupart des équidé n'y étaient pas habitués, mais à voir dans quelles conditions était la baie, elle ne poserait probablement pas de questions pour l'instant. Je m'apelle Tehya, je suis guérisseuse et je vais vous soigner. Comment vous appelez-vous? Ce qu'elle venait de dire pouvait sembler banale, mais Tehya ne voulait surtout pas la jument s'endorme. L'ébène fait la conversation tout en nettoyant les plaies visibles avec de l'eau, puis y colle un mélange de lichen et de pâte de plantain par dessus pour éviter l'infection et favoriser la cicatrisation.

Au moment où ses forces la quittèrent brutalement, l'abandonnant lâchement, en ayant déjà bien trop fait pour la garder en vie, on vint la soutenir pour éviter qu'elle ne s'effondre lourdement sur le sol rocailleux. Merci .. merci ... répéta t-elle d'un murmure à peine soufflée, faible, à bout de tout. Ses lèvres gercées par le sel lors de sa traversée pour regagner les terres commençaient à lui faire si mal que parler devenait de plus en plus difficile.
Bailey se laisse manipuler sans opposer la moindre résistance, telle une poupée de chiffon. Sa vision se floute un instant, le temps de s'habituer à la pénombre, puis à l'éclat chatoyant non loin d'elle. De la chaleur. Son corps frissonne de plaisir rien qu'en sentant les vagues chaudes caresser son corps endoloris et blessé. Bailey essaie de se concentrer sur ce que lui dit la voix féminine. Se connaissent-elles ? Visiblement non, elle lui demande son nom, ou bien alors est-elle méconnaissable ? Non, Tehya, cela ne lui disait rien. En un sens, cela la rassure qu'elles soient plutôt deux inconnues plutôt que deux amies incapable de se reconnaitre. B.. Bai... Bailey. Elle grimace parfois lorsqu'elle applique ses soins, sans être capable de gémir ou bien même encore crier, cela lui aurait demandé trop d'énergie.

Enchanté Bailey. Vous avez de la chance de vous être rendue jusqu'ici. À voir l'état dans lequel elle était, elle n'aurait sûrement pas survécu si elle n'était pas tombée sur une guérisseuse. Tehya voit que la jument à de la difficulté à parler, ses lèvres sont en sang tellement elle sont gercées. Elle se précipite vers son étagère et attrape un petit contenant rempli d'un baume qu'on utilise contre les irritations. Elle en met une bonne couche sur les lèvres de Bailey, ça piquerait au début, mais elle se sentirait vite plus confortable. Lorsqu'elle aurait moins de difficulter à parler, Tehya pourrait lui donner de l'eau. Êtes-vous en mesure de m'expliquer ce qui s'est passé? En bref. Ça lui ferait gagner beaucoup de temps si elle s'avait quoi soigner et quoi faire pour la sauver. Sinon elle devrait y aller à tâtons et prodiguer des soins qui ne seraient peut-être pas nécessaires.

Le désespoir fut tel à un moment qu’elle atteignit quasiment le point de non retour, à se demander si cette soit disant chance n’était pas au contraire une malédiction. Tout n’aurait il pas été plus simple si elle était morte en chutant de cette falaise ?
Ce qu’elle applique sur ses lèvres lui fait écarquiller les yeux de surprise et de douleur. Elle a la sensation qu’on vient de lui jeter de l’acide sur des plaies béantes, si bien qu’elle ne peut lui répondre, pas dans l’immédiat. Quelques secondes passent et le feu qui la dévore s’atténue, s’apaise, pour au final, commencer à la soulager. Bailey expire profondément. Elle n’était pas au bout de ses peines, le plus dur n’était peut être pas encore passé contrairement à ce qu’elle avait cru en regagnant leurs terres.

La jument baie hoche lentement la tête, elle allait lui expliquer, mais avec difficulté, s’en excusant d’ailleurs d’un regard contrit. Natifs.. prisonnière. Sa voix est rauque et faible. Echappée... pou..poussée d’une falaise. Survécu. Cela la fatigue, ses paupières clignent plusieurs fois rapidement, elle lutte pour rester éveillée. Ai essayé de qu..quitter île. Imp..possible, pas trouvé la sortie. Elle se tut un instant, repensant à ces longues semaines de recherches, pensant devenir folle, devant se cacher des natifs qui la pensaient morte, sans jamais trouvé ce fichu passage pour la ramener ici. Travers.. traversé en nage..ant. Elle était à bout de force, à bout de vie, à bout de tout.

Bailey était très clairement épuisée vu son périple incroyable. Mais si elle avait eu des blessures graves internes, elle n'aurait pas survécu jusque là, c'était donc bon signe. Elle avait peut-être bien une ou deux côtes cassées, mais Tehya ne pouvais pas faire grand chose pour ça, mis à part lui proposer de se reposer. L'ébène apporte aux lèvres de la jument un grand sceau rempli d'eau fraiche pour qu'elle se désaltère. Ensuite elle lui tend un petit paquet de pousses et de fleurs diverses qui l'endormiront rapidement. Elle avait créer se mélange exactement pour ce genre de cas et c'était plutôt puissant puisqu'elle avait rassembler plusieurs plantes aux vertus apaisantes qui aidaient même les insomniaques à dormir d'un sommeil de plomb. Avec le jolie feu qui réchauffait la pièce, Bailey dormirait comme un bébé. À son réveil par contre, elle ressentirait toute la douleur de ses muscles à cause des efforts physiques qu'elle avait dû faire dans les dernières heures, mais au moins sont corps se rétablirait plus rapidement avec du repos. Ça goute plutôt mauvais, mais ça te fera dormir comme un poulain. Tehya arbore un sourire rassurant.

La guérisseuse était d'une bienveillance qui lui faisait du bien, sans qu'elle ne parvienne à en profiter pleinement, à savourer l'instant, qu'on prenne enfin soin d'elle. Il ne fallait pas trop lui en vouloir, la méfiance qui l'habitait ces derniers temps étaient tenace, et sans doute n'était-elle pas prête à s'écarter aussi aisément. C'était aussi un peu en parti grâce à elle qu'elle avait survécu, alors elle ne pouvait lui en vouloir de désirer encore la protéger.
Péniblement, Bee avale le breuvage de Tehya et l'avale difficilement avant de grimacer. Elle est trop faible pour confirmer oralement, mais finit par laisser un petit sourire amusé sur ses lèvres, avant d'ouvrir lentement la bouche et tirer la langue, comme si cela pourrait laisser s'en échapper le goût amère.
Les effets furent rapides, et bientôt, les ténèbres l'enveloppèrent.

Un corps gris, grand, svelte, puissant, qui abat férocement ses sabots vengeurs sur une jument dont elle ne distingue pas clairement le visage, juste les yeux. Son regard est pourtant brulant de détermination, faisant comprendre à son agresseur qu'il ne la briserait pas par les coups. Bailey a envie de hurler, de frapper, pour qu'il cesse, qu'il arrête de maltraitée cette inconnue ainsi. En même temps, elle admire et envie cette flamme ardente et sauvage qui brule dans ses yeux. Elle ne voit pas non plus le visage de l'étalon, mais elle sent qu'il se rend compte qu'il ne la materait pas ainsi. Alors il se rapproche d'elle, encore, et bientôt il est si prêt, trop prêt. NON! Aucun son ne sort de sa bouche pourtant. Pourquoi ? Pourquoi ne l'aide t-elle pas ? Est-elle devenue si lâche ? Elle ne supporte plus ce qu'elle voit, et finit par fermer les yeux face au viol de cette inconnue.

Elle se réveille en sursaut, en sueur aussi, ses yeux lançant des regards paniqués partout autour d'elle. Une grotte, elle est dans une grotte. Non, non ! Elle ne pouvait pas être retournée dans la grotte sur l'île ! Ou alors ne l'avait-elle jamais quitté ? La folie l'avait-elle fait définitivement sombré ?

La jument avait dormit plusieurs heures durant, elle était complètement exténuée, Tehya le savait. C'est pourquoi elle lui avait permis de se reposer aussi longtemps qu'elle en avait besoin. Elle avait continuer à la panser pendant son sommeil et avait entretenu le petit feu. À vrai dire elle avait beaucoup de travail à effectuer dans l'antre et ça lui avait permis de continuer son rangement et de faire quelques mélanges. Lorsque Bailey se réveille enfin, c'est en sursaut. Tehya voit qu'elle est agitée et désorientée, mais elle ne veut pas qu'elle se blesse. Elle semble faire un peu de fièvre, elle est en sueur. Tehya prend un chiffon qu'elle mouille et dépose sur la tête de la jument. C'est Tehya, la guérisseuse, tu es en sécurité ici. Dit-elle d'une voix douce pour tenter de la calmer et la remmener dans le moment présent.

La voix de Tehya la calme et l'apaise. Son corps cesse de trembler et elle n'essaie plus de se relever, ses muscles se détendent et elle finit par soupirer, rassurée.
Bee bat des paupières pour s'acclimater à la pénombre, bien que bercer par le feu qui continue de brûler non loin d'elle, et qui la réchauffe. Bientôt le froid l'aurait totalement quitté, et elle laisse un rictus moqueur pointer à la commissure de ses lèvres lorsqu'elle se surprend à se demander à elle même si cette sensation glaciale qui l'accablait depuis des semaines allait lui manquer. Non, bien sur que non.
Elle tourne le visage vers la guérisseuse. Merci ... Vraiment, merci. lui souffle t-elle avec un sourire doux et sincère. On avait pas pris soin d'elle depuis un moment. Bailey se concentre sur les traits de la noiraude. Vous me rappelez quelqu'un. Sans qu'elle ne sache qui. Sa voix est encore rauque mais bien moins éraillée.

Heureusement la jument se rend vite compte qu'elle n'est pas en danger ici, elle se calme lorsqu'elle reconnait Tehya. Son visage redevient paisible et l'ébène sait que la chaleur du feu lui fait du bien, c'est pour cette raison qu'elle en a installé un dans l'antre, ça tenait les gens au chaud et la flamme renvoyait une lumière chaude dans toute l'antre qui était très apaisante. Elle était certaine que ça aidait à la guérison des patients. Ne me remerciez pas, je fais mon travail, c'est normal. Dit-elle en souriant. Elle devrait plutôt remercier Bailey de lui permettre de faire ce qu'elle aime plus que tout au monde. C'est vrai? Qui donc? Dit-elle en se retournant pour aller chercher un peu d'eau. Elle pose le sceau tout près de la gueule de Bailey qui pourra s'abreuver comme bon lui semble.

Bailey ne se fait pas prier pour s'abreuver lorsqu'elle lui présente de l'eau, avalant quelques gorgées avec difficultés certes, sa gorge irritée la brulant encore, mais y parvenant malgré tout et sans s'en mettre partout. En même temps qu'elle boit, elle essaie de faire le tri dans son esprit, de savoir à qui elle pouvait bien lui faire penser. Un instant, elle ne trouva pas, se demanda si elle n'avait pas fabulé avec son esprit embrumé et confus. Elle observe alors attentivement Tehya, sonde un peu son regard. Et là, une étincelle de lucidité saisit son esprit. Njörd. Le connais tu ? Sa voix est faible, elle toussote un peu.

Tehya sourit. Elle savait désormais que Bailey serait saine et sauve, elle se remettait bien malgré ses blessures. L'ébène remarque que la baie la scrute du regard, mais elle ne sait pas encore pourquoi, par contre lorsqu'elle ouvre la bouche, T sourit. C'est mon père. Dit-elle pas peu fière.