Histoire de

Je le regarde me mordre le garrot. C'est fou comment les gens peuvent être peu original parfois... Tout le monde mort les garrots au début. Mais il me fait mal quand même. Avec un brusque coup de tête vers l'arrière, je sens mon garrot glisser hors de la mâchoir de ce crétin. Je riposte en me cabrant à mon tour, et en boxant avec mes antérieurs, cherchant à l'atteindre.

Je me sentis basculer. Ce lâche venait de me déséquilibrer. Malin. Lâche mais malin. Je ne sais pas trop comment, mais je tombais vers l'avant, regardant le sol se rapprocher à la vitesse grand V. Je vis alors que je tombais sur lui, et un sourire sournois s'afficha sur mon visage. Mais, mon postérieur glissa, et je m'affassai à nouveau dans la boue, comme tout à l'heure avec le hérisson. L'humiliation ne fit que décupler ma rage, et mon énergie. Je me relevai vite, et fixai l'imbécile de mon regard ténébreux, froid et furieux.

Il était bigleux cet idiot. Je me lançai à sa poursuite, lançant des gerbes de boues autour de moi. Le temps était à mon humeur : orageuse. Le tonnerre grondait, et quelques éclaires venaient par moments illuminer le ciel d'un noir d'encre. Je me sentais haineux, frustré d'une telle... innocence peut être ? Mon garrot qu'il avait mordillé saignait, mais peu, quant à mon postérieur qu'il avait fauché, il restait douloureux, mais je pouvais faire avec. En boitillant, je le rejoins enfin. Toute pitié s'était envolée de moi, et je n'étais plus qu'un morceau de haine, de force et de violence. La rage m'avait envahie, et elle resterait en moi tant que l'un de nous deux ne sera pas K.O. Et ce ne sera pas moi, de ça j'en suis certain. J'essayai d'attraper le gras de son encolure, et pour le serrer de toutes mes forces. Je ne pensais plus qu'à ça. Le faire souffrir, le voir me supplier d'arrêter, et alors, seulement alors, peut être que je daignerai lui accorder un minimum de pitié et le laisser tranquille. Ce sera à moi de juger si la "correction" aura été suffisante. Je ne veux pas le tuer. Seulement qu'il comprenne qu'on se s'attaque pas à plus gros que soi.

Je sentis la peau glisser hors de ma mâchoire, et rafermis ma prise. Malheureusement, pas assez fort pour que la peau ne s'arrache, peut être l'avais-je égratigné, mais rien de grave. J'allais renouveler mon attaque, lorsqu'il se cabra, et me frappa à la tête. Je me sentis tomber, tomber, indéfiniment, mes yeux roulants sous leurs orbites. Un grand choc acheva de m'assommer, et le noir complet vint une nouvelle fois m'engloutir. Je n'étais pas conscient, mais je sentais ma respiration ralentir un peu, peut être que j'allais mourir... Après ce qui sembla une éternité, le noir se dissipa peu à peu, et je rouvris les yeux, une nouvelle fois en proie à un monstrueux mal de crâne. J'étais toujours allongé dans la boue, sous la pluie battante. Je ne voyais pas Newman. M'avait il laisser là, en train de mourir ? J'étais, pour l'instant, incapable de bouger, la douleur se répandant dans les moindres recoins de mon corps. Mais c'était bon signe. Lorsque la douleur est diffuse, il n'y a rien de grave. Encore une éternité plus tard, je pus enfin me relever, doucement. La douleur s'était tarie, et j'étais à peu près apte à me venger de ce sale gosse, qui ne mesure pas la chance qu'il avait. En trottant, plus ou moins vivement, je cherchai mon adversaire des yeux. La douleur avait une nouvelle fois fait place à la rage. Il ne perdait rien pour attendre. Mais comme toujours pendant un combat, je ne dis rien. Je gardais ma rage à l'intérieur. Seul mon regard témoignait la haine que je ressentais.

Je le vis, en train de s'enfuir comme un lâche. Pour l'instant, je ne bougeai pas. La pluie tombait toujours, et le vent rugissait, la nuit était noire comme de l'encre. Les conditions idéales pour qu'il ne m'entende ni ne me voit. Galopant à mon tour, le bruit de mes sabots sur l'herbe trempée ne pouvant être entendu à cause du bruit du vent, je le rattrapai. Etant donné qu'il était devant un obstacle, je pris de la vitesse, et sautai la haie, pour atterrir juste à côté de lui. Je me cabrai violament, et tentai de mettre mes antérieurs sur son dos, pour y mettre ensuite tout mon poids.

Raté. Ce type est plus rapide que ce que je ne pensais. Une nouvelle fois, j'attaquai. Encore et toujours. Je baissai la tête, et mordit de toutes mes forces la peau tendre du poitrail. Je voulais mordre jusqu'à ce que je sente le sang couler. Ce n'était plus qu'une envie de vengeance qui m'habitait. C'était limite une envie de meurtre.