Let the skyfall

Il faisait noir. Son cœur battait à tout rompre. Ce lieu ; Trop de mauvais souvenirs, trop de cicatrices, trop d'espoirs brisés ; Il fallait que ça s'arrête. Stop, stop. Son sang battait la mesure. Boum, boum. Alors il se laissa emporter, il laissa le ciel s'écrouler. Shiiro, ange blanc, ce soir prit d'une fièvre démoniaque, était roulé en boule dans la pénombre, kidnappé par ses cauchemards…

Le bai explorait cet endroit totalement nouveau pour lui, ressentant comme une ambiance lourde dans cet endroit inconnu. Et il n'aimait pas beaucoup cela. Son encolure suivant le prolongement de son corps d'adolescent, il entra dans l'écurie, sans se douter de ce qu'il allait croiser plus loin.

Perdu dans les méandres sombres de la perdition mentale, l'ange meurtri ne remarqua aucunement la présence d'un inconnu. Il fut finalement prit de convulsions terribles, avant de redresser la tête avec une telle brutalité qu'il en eût mal. Ses yeux voilés de peur fixaient le vide, révulsés.

Son instinct indiqua alors à Nero qu'il se passait quelque chose ici. Que quelqu'un avait besoin d'aide. Il continua d'avancer toujours avec cette certaine prudence, jetant un oeil dans chaque box devant lequel il passait jusqu'à apercevoir une masse blanche se découpant parfaitement dans l'obscurité. Il s'en approcha, mais ses membres se pétrifièrent d'horreur quand il aperçu les yeux révulsés de l'étalon. Se retenant de reculer, il fit un nouveau pas, n'osant cependant pas trop s'approcher de l'étalon pour ne pas recevoir de coup. L'adolescent trouva alors une vieille brosse traînant par terre, et la lança contre l'épaule de l'inconnu pour le réveiller et le sortir de son cauchemar.

Il aperçu une ombre, au travers des fantômes qui masquaient sa vue. Quelqu'un ! Un sauveur ! Et pourtant celui-ci lui jette une brosse sur l'épaule. Shiiro tressaillit violemment, entre réalité et cauchemars. « Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ? » Cria-t-il d'une voix sèche et éraillée. D'habitude il choisissait des endroits sûrs, où personne ne pourrait le voir.

« Vous sembliez mal en point dans votre sommeil. J'ai jugé bon de vous réveiller, tout simplement. » L'insolence résonnait presque dans sa voix de jeune mâle, ce timbre de voix étant la conséquence de la quasi agressivité des paroles du blanc, qui avaient piqué au vif le brun.

Les formes alentour devinrent plus nettes. Enfin, Shiiro put jauger son « sauveur », qui n'était autre qu'un sombre ado au ton insolent. Le mâle perle se leva brusquement, encore épouvanté. « Désolé si je vous ai paru… » Il roula des yeux, comme pour atténuer sa nausée. « Agressif. » Le mâle finit par se mettre en mouvement, lentement. « Moi c'est Shiiro. »

L'adolescent ne comprit pas toute la démarche du blanc, il semblait changer d'avis comme de chemise, sans parler de son attitude. Le bai décida alors de ne pas essayer de comprendre, et de tout simplement suivre le fil de la conversation. « Et moi Nero. Mais cela ne vous dit par que l'on sorte de cet endroit.. sinistre ? » fit-il en parlant de l'écurie.

Il jeta un regard derrière lui et frissonna avec violence. « Il fait froid dehors. Ici il fait plus chaud. » Rétorqua-t-il d'une voix essoufflée.

L'adolescent n'était pas enchanté qu'un tel argument se présente, mais finit par hocher la tête. « Bien, comme vous le voulez. Marchons juste un peu dans cet endroit alors, j'ai l'impression d'être épié de toutes les directions. »

« Vous aussi… » Souffla-t-il, regardant le dehors avec inquiétude. Ainsi, l'ombre lunaire de l'étrange couple glissait sur les murs, se déformant jusqu'à en devenir effrayante. L'écurie était grande. Des tas de chevaux furent jadis élevés ici. Pas seulement. L'odeur de la peur, ancienne, pullulait. « J'ai vécu dans un endroit comme ça, il y a fort, fort… fort longtemps. »

« Eh bien, je suis heureux pour vous que cette époque soit révolue. » Nero lui adressa un sourire malgré le noeud qu'il avait au creux du ventre face à cette ambiance si inquiétante et peu agréable. Il avait beau avoir développé son goût pour l'aventure, il n'avait pas développé celui pour la peur. Il ronfle des naseaux, comme pour se donner de l'assurance, et marche d'un pas visiblement confiant aux côtés de l'étalon.

« Pourtant, ils furent bon. Mais les autres furent mauvais. » Il n'y avait que Shiiro pour sortir pareille phrase. Ce dernier haussa les épaules. « Et toi, Nero, quelle est ta vie ? » Il avait froid; encore.