logic coco

j'avance. mais je ne sais pas où je vais. je me laisse guider par la douce odeur d'iode. prémices de la remontée de souvenirs. douloureux. vulgaires mais beau. il pleut. dans mon esprit tout est soleil. cet endroit est magnifique. je laisse mes paupières s'abaisser, le bruit de l'eau me bercer. tout est lancinant.

Il est loin l'époque où Kuolema ignorait les choses. Le temps avait pris sur elle et lui avait laisser des traces.
Maintenant, elle ne peut faire la petite fille innocente, naïve et surprise devant les erreurs de ses anciens. Cependant, elle demeure tout autant impassible et froide devant un cadavre ou une chose abominable faite par un méchant qui s'est perdu. Toute sa vie devient routine et la jeune téméraire ne peut que montrer son ennui en laissant ses poumons échapper un soupir.
La brise de l'océan calma l'ardeur de ses nerfs révoltés. On lui a toujours appris à attendre et trouver le moment propice avant d'agir. L'isabelle marche d'un pas las, mais à la fois élégant pour ne pas semblable à une errante qui attend le dernier jugement de sa vie. Même si elle parvenait à berner d'illusions son entourage en jouant de son aspect extérieur ou sa manipulation, elle n'est qu'une pauvre fille rongée par la rancune dont elle a trouvé le remède pour la rassasier un certain temps. Elle regarde l'océan, sans réelle accroche. Cette contrée ne changera pas, elle restera anodin aux prunelles de la jeune jument.
Elle se retrouve et découvre une silhouette ... est-ce une nouvelle rencontre ou juste une connaissance de plus qu'elle pourra ajouter à sa liste ?

le flux se mute en une seule vague. m'assaille. me fait tanguer. j'ouvre les yeux. le paysage est stable. ma robe est humide, mes yeux sont grands. un nuage a mit à découvert le soleil qui frappe ce paysage qui sanglote. bientôt, l'arc-en-ciel. seulement la couleur n'attire pas mes prunelles. je me crois fou. jamais je ne me suis sentie aussi proche de cette contrée aqueuse, que j'avais toujours tant admiré. ces contrées qui m'avaient tant intriguée. la soeur de ce paysage qui avaient vu naître les prémices de mon plus grand amour. je trébuche. je me sens tomber. qu'importe. les vagues m'emportent. je ne sens plus mes membres. le sel brûle ma gorge. bientôt le vide. le noir. le néant. puis la vie. j'ai ouvert les yeux. je suis échoué. sur quel autre rivage ? qu'importe, le ciel est toujours gris. la pluie soulage toujours mon corps. qui suis-je, déjà ?

La silhouette laissée pour compte sur la plage. Est-ce une autre âme laissée en tant que matière dans ce monde pour effectuer un objectif précis ? Un but dont elle-même ignore l'intitulé. Beaucoup de peuples errent sur la terre alors qu'ils aimeraient s'évader vers des contrées plus paisibles tel le Paradis.
La jument regarde et analyse tout. Rien ne passe le regard de la brunette sans être examinée profondément, même si c'est un regard impassible qui se permet de juger les choses. Elle s'intéresse à chaque objet, leur donnant une importance quelconque à chacun le temps d'une attraction insignifiante tandis que d'autres entités n'auraient pas prêté une seconde de leur temps pour se soucier d'un petit détail dans le monde.
Donc c'est comme cela que Kuolema se préoccupe de l'inconnue. Son mouvement se conçut pour s'en aller vers elle et la découvrir de plus près. Un cheval comme tous les autres physiquement. Elle jette un œil furtif sur ses formes et échoue ses prunelles sur l'abîme qui s'écoule à ses membres. L'isabelle effectue une interprétation en demeurant silencieuse, un masque de marbre équilibrant son expression.

j'ai un coeur. je le sens battre. ou n'est-ce qu'une illusion. la sensation des souvenirs passés qui me hantent encore, depuis ma toute récente mort. je me redresse. du sable. de l'eau. de la pluie. tout est froid. tout est vague. tout est vent. un être. devant moi. je pointe une oreille vers elle, songeur. me veut-elle quelque chose ? l'a-t-elle déjà prit ? autant d'interrogation qui, à défaut de se formuler sur mes lèvres, se formulent dans mes yeux.

Les deux équidés échangent un regard. Un partage malgré l'absence des mots dans cet échange. Elles demeurent toutes les deux là, l'océan frappant leurs membres sans pour autant réagir à cette sensation. L'isabelle se garde dans un mutisme profond, laissant ses prunelles dénoncer ses émotions. Elle annonce ses motivations, son envie de créer un lien pour sauver une cause quelconque. Pour le moment, elle reste sans explication à donner pour son but et se décide de lâcher un nom : « Kuolema. »

chaque mot avait toujours paru pour moi être une déchirure, une trahison. du moins depuis que mon amant m'avait tailladé de cette façon. je remerciais alors imperceptiblement l'inconnue d'avoir été brève. mais précise. je pointais une oreille vers elle, hochant seulement une unique fois mon visage, un sourire énigmatique au bout de mes lèvres sèches.

Cette inconnue crée une attraction dont nous ne connaissons guère la raison chez Kuolema. Elle a toujours été attirée par le mystère, les silencieux car ceux-là méritent que nous nous intéressions à leurs personnes pour percer certains secrets. Cet être sera-t-il important dans le destin de l'isabelle ? Nous l'ignorions. Son regard se forge une carapace quand l'inconnue sourit alors que dans sa tête, l'inquiétude et l'incompréhension se propagent et la paralysent. Néanmoins Kuolema sait qu'il ne faut pas montrer ses faiblesses à autrui, elle laisse donc une expression de pierre détrôner ses traits enfantins.