≠ le tombeau des lucioles.

Oural est à l'affut, car il surveille Max'belle et Nevaeh de près. Prévoyant jusqu'au bout, il ne veut qu'elles soient seules pour la naissance de leurs enfants, qui sont aussi les siens. Il ne connaît pas Jamala, il ne l'a jamais vue, alors il se promet d'être là pour ces futurs enfants. Alors qu'il suivait la grise machinalement, l'étalon se détourna d'elle quelques instants. Lorsqu'il posa de nouveau son regard vers elle, il la vit au sol. Illico, il se précipita au petit trot vers elle, ronflottant pour annoncer son arrivée.

« Je sais. » murmure-t-il, et son regard bienveillant - comme toujours - se pose sur la grise allongée au sol. « Tu n'as pas à t’inquiéter Nevaeh, je reste avec toi. » En verité, il tentait de se montrer en mode cool, mais il avait un peu la trouille Il passe ses naseaux sur son ventre rebondi, se disant qu'à l'intérieur, séparé par l'enveloppe charnelle de la jument, il y a un morceau de lui, son fils, ou sa fille, il ne sait pas. Souriant d'un air attendri, il presse doucement son museau sur son ventre, et relève son regard sur elle. « Tu as besoin de quelque chose ? » Une sage femme peut-être ?  

Il la regarde avec tendresse, inquiet de voir la jument souffrir autant ; ce n'est pas la première fois qu'il assiste à un accouchement, mais il se sent toujours mal pour la jument qui accouche. Il n'ose même pas imaginer la douleur qu'elles doivent éprouver. Alors il reste ici, même si toutes ces choses là le dépasse, et l'effraie un peu. Il regarde la jument blanche avec compassion, sans se douter une seconde que c'est celle-là même qui lui attirera moults ennuis plus tard. Il est trop bon, Oural. Trop bon, trop con. Trop simple, trop joyeux, trop heureux de vivre. Il ne se soucie pas des autres, il est naïfs, il croit que les gens sont comme lui ; gentils. Mais il se trompe. Il ne connaît pas la trahison, il pardonne tout. « Je reste, Neva, je reste. » promet-il, pressant son museau contre sa joue. « Pousse ma biche. »

Jument trop convoitée, qu'il a eu le malheur de toucher. Mais il ne savait pas lui, il ne savait pas. Il voulait juste aider, il voulait juste ... être bon, comme toujours. Il ronflotta des naseaux, encourageant la grise. Soudain, inspiré, il se mit à fredonner une petite chanson qu'il avait entendu, plus jeune, espérant que ça apaiserait la jument. « Il était un petit homme, pirouette, cacahuète, il était un petit homme, qui avait une drôle de maison, qui avait un drôle de maison ... ♪ » Paroles connes, mais c'était tout ce qui lui venait à l'esprit sur le moment.

Il arrive à la faire rire, alors il continue à fredonner, mais sa chanson se perds dans le souffle heurté de la jument grise. « Ok, ok, respire, doucement, euh, pousse, respire, reste calme, je vais, je vais ... je sais pas, je dois faire quoi ? Pousse pousse, j'vais pousser avec toi, allez, gnnnnnn.  » débita-t-il, opérant des aller retours entre la tête de Nevah et ses fesses, un peu débordé.

Oural fit genre qu'il avait compris et s'immobilisa vers sa croupe, apercevant ... mais oui, des petits machins pointus ! C'était les sabots de leur rejeton ! Angoissé, l'étalon souffla sur les petites jambes qui commençaient à apparaître et puis tout alla très vite, l'instant d'après une petite chose visqueuse se tenait sous ses yeux. Beeerk.  Mais Oural n'écouta que son courage et passa outre son dégoût pour déchirer la membrane bleuté d'un coup de dent. « Je ... c'est quoi ? J'le lèche, ça va Nevaeh ? C'est un fils ou une fille ? » débita-t-il en cherchant une potentielle bistouquette. « Oui ! Oui c'est un mec, on a un fils Nevaeh, c'est un homme ! » s'écria soudain Oural d'une voix surexcitée. Il ne put se contenir plus longtemps ; débordé par l'émotion, il fondit en larmes :triste.