Et le phénix renaîtra de ses cendres |Miu

Miu a longtemps était fascinée par ces immenses constructions. Seulement, elle a appris à quoi elles servent réellement. Ce sont ni plus ni moins que des tombes prétentieuses qui ont l'ambition d'aller chatouiller le ciel. La mort fait du chemin avec Miu. Elle a perdu un amant. Elle a perdu un ami. Et....elle a perdu le fruit de sa chaire.

Spoiler:

Tu appréciais la forme atypique de ces construction. Tu n'avais jamais rencontré de telles formes dans la nature, si bien que tu te demandais si ce n'était pas une bâtisse de nature divine au bout d'un moment. Calmement, tu te rapproches du pied de la construction qui doit faire mille fois ta taille, te donnant l'impression de n'être qu'un grain de sable dans l'immensité de ce désert. Tu n'as aucune idée de la personne présente mais de l'autre côté de la pyramide. Tu n'as pas conscience que tu n'as jamais été aussi proche de ton but. Curieuse, tu suis les hiéroglyphes qui parent les parois de la pyramide.

Là où il y a des morts, il y a des légendes. Miu a appris ça dans les livres poussiéreux qu'elle dénichait à l'époque où elle voyageait avec les pirates. Et elle croit qu'un esprit se balade. Elle sent les légères effluves de son trésor qu'elle n'a pas su protéger lors du cataclysme. Son esprit est-il avec elle ? Les yeux de la rousse de bordent de larmes ; "Oh ma petite...ma si petite...de là-haut j'espère que tu pourras pardonner ma faiblesse..."

Quant à toi, tu continues ta progression, longeant avec avidité les façades de la pyramide. Tu finis par te retrouver à l'angle de la troisième quand soudainement tu piles, sursautant en voyant une silhouette rousse à laquelle tu ne t'attendais pas. Sous le coup de la surprise, tu ne reconnais pas cet individu. Tu respires un grand coup pour calmer les battements de ton coeur qui palpite sous ta cage thoracique. Tu rives tes prunelles noisettes sur la jument fines et splendide qui se tient à quelques mètres de toi. Tu déglutis difficilement ta salive, plaquant tes oreilles sur ta nuque en croyant d'abord à une hallucination. Puis tu marmonnes en te détournant. « Foutu désert. »

foutu désert. Ces mots parviennent aux oreilles de Miu et la sortent de sa bulle. Elle n'est plus seule. Elle fait volte-face pour apercevoir une petite silhouette alezane. L'air sec et bouillant créé l’illusion de ces vagues dans l'atmosphère. La silhouette est déformée par cet effet d'optique. Un espoir venu de nulle part la fait hennir...et puis elle revient à la réalité. Tss c'que t'es pathétique Miu. Io est morte...c'est de sa faute, elle aurait dû mourir à sa place...

Depuis quand les hallucinations émettait des sons ? Un pic douloureux d'espoir au cœur, tu te retournes et observes cette silhouette avec davantage d'attention. Elle était en tout point identique à celle de ta mère. Dans un moment de faiblesse, tu faillis te mettre à pleurer, les larmes fugueuses souhaitant s'écouler de tes yeux rendus secs par le temps aride du désert. Tu déglutis ta salive, et t'approches de quelques pas. « Si c'est une blague, c'est vraiment pas drôle. » Fis-tu comme si tu parlais au désert, ou à toi-même. Peut-être que ton cerveau se moquait de toi. Tu avais sortis ces mots les dents et la gorgées serrées, comme si tu luttais pour ne pas céder à tes émotions.

Cette voix. Cette voix. Miu en perd la boule. Toute la douleur remonte. Toute la haine contre sa faiblesse lui fait baisser les oreilles. La culpabilite lui bouffe les entrailles. On lui fait une blague de très mauvais goût. Est-ce un esprit qui se joue d'elle ? Ou est-ce la chaleur qui lui a grillé le système ? "PARTEZ ! RESTEZ LOIN DE MOI !"

Et soudainement tu t'arrêtes. Tes oreilles se plaquent instantanément sur ton petit crâne. Tu observes le fantôme de ta mère. Pendant un instant, tes souvenirs de l'accident te reviennent. Tu te souviens de tes doutes sur le fait que ce soit ta mère qui soit morte à ta place. Et là, une larmes que tu n'as pas vue venir coule le long de ta joue. « ... »

L'esprit farceur est toujours là. Immobile. Il la regarde. C'est insupportable. Entre rage, crainte et tristesse, elle se lance au galop, à toute vitesse, vers cette image tant douloureuse.

Tu voudrais reculer d'un pas, mais tu ne le peux pas. Tu n'en as même pas la force. Cette silhouette étant probablement une menace te fonce droit dessus. Et tu la regardes, presque désespérée. Tu as envie de céder à ce poids qui pèse sur tes épaules. Mais ta fierté te l'interdit, et tu demeures droite comme un piquet. « Arrête ! » Cries-tu soudainement, avec hargne.

Elle freine. Soulevant un épais nuage sec autour d'elle. Une poignée de mètres les séparent...Le coeur de Miu bat si fort. Elle a l'impression qu'il va exploser ; "Ce...ce ne peut pas être toi..." D'épaisses larmes s'écoulent sur ses joues. "...ma fille ?"

Toi qui t'étais fais des fantasmes de ces retrouvailles. Que ce serait un moment inoubliable. Tu étais bien déçu, si c'en était réellement. Si ce n'était pas qu'une illusion. Fut un temps où tu parvenais à y penser sans que cela te fasse trop de mal. Mais aujourd'hui, tu ne t'étais jamais sentie aussi proche d'une éruption émotionnelle que tu refoules depuis des mois. Mordillant ta lèvre inférieure, tu observes cet être de feu qui se dresse en face de toi, et tu sens ton cœur battre. « Seulement si c'est toi ma mère. » Fis-tu calmement, les lèvres serrées.

Miu n'a jamais pensé à d'éventuelles retrouvailles. Io est morte, par sa faute. Impossible pour une pouliche de survivre seul à ce cataclysme. Elle lui ressemble tellement..."Quel est...ton nom ?"

« On m'a nommée Io. » Fis-tu, avec un timbre de voix dur. Il est vrai que de caractère tu t'étais beaucoup endurcie, ce qui devait être encore plus déstabilisant pour ta pauvre génitrice. Mais tu étais à cran et à deux doigts de craquer, tant tu te poses des questions sur la réalité de cet instant.

Elle flanche. Ses genoux veulent céder mais elle se rattrape. Tremblante, elle approche ses naseaux prés de ceux de la pouliche...L'odeur ne trompe pas. C'est comme un électrochoc ; "Io...C'est moi, Miu..." Ta maman

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» - Cendres de lune .
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