Dominant |Apo

Il était enfin de retour sur ses terres d'origine et tout lui semblait si... inconnu. Son regard hivernal voguait d'un côté à un autre sans trouver la force de s'y arrêter et soudain, il était temps d'appeler le dominant en soit. Apophis devait intégrer un quelconque territoire, mais sa vie n'avait aucun sens et tout ce qu'il semblait faire, aux yeux des autres, c'était planer comme un fantôme sans vie. Qu'allait-il devenir? « Où es-tu? » dit-il tout bas, inconscient des paroles qu'il venait de prononcer. En fait, une partie dans son cerveau n'avait pas été aussi touché par l'impact du coup et donc, il y avait encore des chances de retrouver le vrai Apophis.

L'étalon avait senti cette odeur qui le faisait frissonner et lorsqu'il vit enfin au loin, cet '' étranger '', il comprit que c'était le dominant. Mais, étrangement les deux étaient identique et cela le troubla, pendant seulement quelques secondes, sans plus. Un fin sourire mesquin apparu sur son visage, effectivement, le cadet ce prenait pour le certain Ramsès de ses pensées, il y croyait dur comme fer. Mais, le glacier n'en était plus un et son esprit était connecté avec les seuls et derniers souvenirs qui lui restait. Cette même silhouette se tenait désormais en face et un rire frigorifiant retentit. « T'es l'dominant? » Tutoiement direct. La même façon de parler et d'agir, c'était identique. Absolument. Il pivotait ses oreilles dans tous les sens. « Ramsès » souffle-t-il en réponse, et son nom résonne comme une menace. « Ton nom? » reprend-il d'une voix dure, dardant son regard brûlant sur lui. Le véritable Ramsès comprendrait la situation et verrait quoi faire ou quoi dire dans ces moments-là. Le picoté fronça les sourcils, légèrement impatient. C'était exactement les mêmes mimiques que son aîné. L'impatience, c'était pas lui. Apophis était la patience incarnée, justement.

Les choses allaient devenir drôlement intéressante, désormais puisque le cadet se prenait et se croyait être ce mâle de ses souvenirs, Ramsès. Pour lui, c'était une révélation presque divine.

Remarquant l'erreur de l'inconnu, Ramsès plaqua soudainement les oreilles et le fixa longuement. « Ton nom? » reprend-il d'une voix dure, dardant son regard brûlant sur lui. Les seuls souvenirs qu'il avait était cet étalon appaloosa, d'ailleurs, c'était presque celui qui se tenait en face d'Apophis... Étrange! « Pourquoi Apo? » Son regard se fait perçant. Peut-être que l'étranger le prenait en rigolade, mais le pauvre étalon qui avait perdu la mémoire ne jouait pas la comédie comme l'aurait cru l'invité d'en face. Aucun sourire ne se dessinait sur son visage, sérieux et effrayant, comme l'avait toujours été son jumeau sans se souvenir de qui il était réellement.

Le vent commençait lentement à se lever et le ciel à s'assombrir, tout indiquait la venue d'un orage au loin. La réaction de l'étalon en face agaça au plus haut point l'appaloosa et il ronfla bruyamment des naseaux, raclant sa gorge avec sauvagerie. « Dois-je une nouvelle fois me répéter, inconnu? » répliqua-t-il, du tac au tac, aussi sèchement que l'aurait fais son aîné. Soudain, une goutte de pluie tomba sur le museau du cadet et celui-ci redressa farouchement la tête. Observant le ciel qui laissait entrevoir des orages épouvantables tout au loin qui s'approchait de plus en plus des deux étalons. Le froid s'attachait à la peau comme une puissante colle et les grondements se faisaient rauques. Le moment était venu... Ses sabots mordent la terre avec violence, ses oreilles sont plaquées sur sa nuque. Il se cabre violemment, ses antérieurs battant l'air dans un sifflement abasourdissant. Si on observait bien, on pouvait constater la fragrante ressemblance des faits et gestes de Ramsès dans la représentation que venait d'offrir l'âme perdue qu'était Apophis. Le soleil était désormais caché et la noirceur les entourait, l'un et l'autre. Le picoté sentit alors la pluie lui lacérer le corps et lui déchirer presque les entrailles, le grondement dans ce ciel déchira alors les cieux. L'avertissement était lancé, la folie de Ramsès venait de faire surface. « Je ne joue pas. Tu es le premier appaloosa que je rencontre. » Le regard sérieux déchirant le voile. Puis, il laissa retomber ses membres sur le sol, montrant un air blasé. « J'ai perdu la mémoire, alors il y a certaines choses que je ne me souviens pas, c'est tout à fait naturel. Je sais simplement que je suis Ramsès et que je dominerais soit disant un territoire sur ces terres. » lâcha-t-il sur un ton qui était vrai et il ne mentait pas du tout, son sérieux l'était littéralement.

Après quelques petites minutes, le tonnerre se fit plus effrayant dans le ciel noir et Apophis jeta un bref coup d'oeil pour s'apercevoir que l'éclair venait de toucher l'arbre près de lui. Un grognement se fit subitement entendre et la décharge passa au travers  du cadet, en une seule seconde. Évidemment, il était déconseillé de rester sous les arbres dans un tel temps, mais l'appaloosa ne s'en était pas vraiment occupé. Alors, immobile, il se tenait toujours debout, face à l'inconnu et soudainement, ses yeux se fermèrent lentement, puis il s'écroula au sol.

Son coeur venait de s'arrêter tout bonnement.

'' Pendant ce temps, même si son coeur s'était arrêté, le mâle quant à lui voyait beaucoup de choses et c'était ce que l'on pouvait appeler, le film de notre vie. Par contre, il manquait beaucoup de moments, à plusieurs endroits, il y avait des trous où rien ne s'affichait ou bien apparaissait, c'était le vide total. ''

Qu'est-ce que le jumeau, Ramsès pourrait bien faire pour le ramener dans le '' bon '' monde? Et puis, comment lui faire rappeler son véritable lui, qui il est et était?

Soudainement, le mâle se mit à chercher son air et ouvrit promptement les yeux, perdu encore plus, maintenant. Le véritable Ramsès n'aura pas eu besoin de faire grand chose et là, il savait au moins ce qui se passait... Apophis venait de tout recommencer. Ce qu'il s'était souvenu venait de partir très loin dans son esprit et tout semblait s'être éteint. Ce sera une lourde chose pour Ramsès que de ramener Apo à la maison, désormais, mais il saura comment s'y prendre avec son jumeau. Après tout, ils sont connectés par le sang et le physique.

Apophis plongea son regard dans celui de son '' jumeau '' et l'observa pendant quelques minutes. Puis, soudain une partie de sa mémoire revint brusquement et ce, grâce à un geste que venait de faire Ramsès. Les mordillements lui rappelèrent un moment de son passé et là, confus comme tout à l'heure, l'étalon semblait choqué. Toutes choses semblaient prendre place et le mâle sentait la pluie violente lui lacérer encore et encore la peau comme de petites aiguilles. Ce fut le cris de son frère en l'appelant par son nom qui le réveilla d'un coup sec et le cadet détourna son regard pour finalement se redresser de lui-même. « A-po-phis » articula le glacier en prenant bel et bien le temps de réfléchir. Effectivement, il comprit bien assez rapidement la gravité de la situation et il avait oublié ce qui s'était passé un peu plus tôt. Mais, ce rappelait de l'incident qui lui avait presque coûté la vie. « Calme-toi, Ramsès. Je vais bien là. » déclara-t-il, d'une voix calme et sereine comme il l'avait toujours fais. Il se rapprocha de son frère aîné et posa sa tête sur son dos comme d'habitude, pensif. « Je me souviens, maintenant ce qu'il s'est passé ce jour-là. J'ai voulu me battre contre mon mentor et il m'a littéralement désarçonné. » expliqua Apo en ayant toujours cet air glacial, maintenant tout était clair et pourtant, ils avaient beaucoup de choses à se raconter encore.

Apophis secoua doucement la tête comme pour voir s'il était vraiment redevenu le lui qu'il avait toujours été et il garda son calme en écoutant les paroles de son aîné. Il souffla doucement, attentif. « J'ai défié un mâle dominant dans un troupeau qui avait été mon mentor. Enfin, j'étais à la recherche de tous les enfants de Kishin et j'en ai trouvé plusieurs. Je les ai tous tué et quand je suis tombé sur ce troupeau qui gardait justement l'un des enfants de notre neveu, j'ai dû le tuer. Mais, le maître était plus vieux, plus musclé et même si j'usais de mon cerveau, je manquais de force physique. Tu me connais bien, après tout. Je me suis battu et il m'a carrément foutu au sol, de là ma perte de mémoire. » expliqua-t-il, comme s'il était indifférent. Cet incident lui avait appris beaucoup, malgré tout. « Apprend-moi plus, Ramsès. Notre but ici n'est pas de simplement se promener et faire les débiles, nous avons nos plans à mettre en oeuvre. » continua-t-il, l'air trop sérieux pour ne pas l'écouter. « C'est maintenant que ça se joue, mon frère. » dit-il en fixant son aîné, terriblement effrayant et glacial à la fois. Avec son jumeau, Apophis parlait beaucoup, mais seulement lorsqu'il s'agissait d'établir leur plan pour Galop Sauvage. Sinon, il ne disait carrément rien.

Lorsque son jumeau planta ses dents dans son garrot, un frisson intense parcourut son échine et il tourna lentement les yeux en sa direction. Froid, décidément impénétrable. Même s'il avait ce regard infranchissable, Ramsès savait déjà ce qu'il pensait et voulait lui dire, nullement besoin d'en faire plus entre les deux appaloosa. Au fait, pourquoi le cerveau de l'équipe aurait abandonné sa seule raison de vivre? Jamais il ne l'aurait fait, c'était assuré. L'épaule toujours collée à celle de son semblable et le regard perçant plongé dans le sien, Apophis semblait entièrement... inerte. Cette lueur que l'on percevait dans le regard de Ramsès n'était pas la même dans le regard du cadet, c'était leur seul différence lorsqu'ils étaient tous les deux ensemble. Cependant, il n'était certes pas difficile pour l'étalon d'être Ramsès, au contraire, c'était plutôt plaisant de temps à autre. « Hum... » fut sa seule réponse. Il s'écarta lentement de son aîné et prit doucement le pas, ce dirigeant dans un endroit où nul ne pourrait les repérer. Présentement, il n'y avait pas de place pour les discussions. Apo avait l'intention de montrer à son frère ce qu'il avait appris. Ramsès se devait d'améliorer les aptitudes de son jumeau et de lui apprendre ce qu'il lui manquait dans son bagage génétique. Le temps était venu.

Apophis arriva enfin à l'endroit et se tourna complètement face à son jumeau, le regard glacial, mais si sérieux. Ramsès comprendrait parfaitement avec ce regard et cette mimique que le glacier lui lançait. « Maintenant. » débuta-t-il tout d'abord. « ou jamais. » termina-t-il sans un mot de plus. Ça, c'était vraiment le cadet et nul ne pouvait le reconnaître sauf son frère aîné. Puis, lentement avant de tout commencer, l'être posa un regard indifférent vers son semblable concernant la dominance et attendit patiemment.