believe i've got high hopes ≠

BALTIMORE.
Les pieds dans l'eau froide, je suis bien. C'est vrai que ce n'est pas vraiment la saison, parait-il, pour se baigner. Mais peu m'importe. Je suis né en hiver, dans un endroit chaud, et ma mère vient du grand Nord, très loin d'ici, parait-il encore une fois. Alors, j'ai le sentiment que je pourrais m'adapter à toutes les saisons. À tous les climats.
Ma tête se tourne d'un seul coup vers la silhouette qui se profile. Je ne l'entends pas, mais le devine toujours.

Harmonie découvrait elle-même les joies de l'indépendance, malgré son très jeune âge. La petite pie trottinait sur la grève, le nez au ras du sol, avant que son étrange regard ne capte une silhouette les pieds dans l'eau. Elle se stoppa net, alors qu'il la fixait de ces yeux bleus qui ne lui étaient pas si inconnus. -Qu'est-ce que tu fous les pieds dans l'eau ? Lança -t- elle de son timbre de voix habituel, un peu sec.

Heureusement que je la fixe. Sinon, je n'aurais pas compris ce qu'elle dit. Mes prunelles fixent ses lèvres, pour suivre ses paroles, pour les lire plus que je ne les entendrai jamais. J'en ai envie, que je lui réponds, désinvolte, en haussant un sourcil imaginaire. Je sors de l'eau, m'ébroue, observe ses yeux de couleurs différentes – c'est la première fois que je vois ça. Qui es-tu ? demandé-je, légèrement méfiant et sec, moi aussi.

Monie eut un mouvement de la tête, désinvolte. -Drôle d'envie... Rétorqua -t- elle, alors qu'elle-même supportait bien mal la température glaciale. -Harmonie. Toi ?

Je plisse les yeux. Harmonie, répété-je toujours, pour m'assurer avoir saisi le bon prénom sur ses lèvres. Baltimore. J'incline doucement la tête sur le côté, la détaillant sous toutes ses coutures, comme si je voulais graver chaque détail dans ma mémoire.

Elle inclina légèrement la tête, presque sèchement, son regard toujours impérial posé sur lui. Elle restait sur ses gardes. Tout son comportement était basé sur le calcul, l'arbitrage entre une chose et l'autre. Et pour Baltimore, elle ne savait absolument pas à quoi s'en tenir. D'ailleurs, son regard posé sur elle devenait pesant, dérangeant. La petite bicolore se mit à danser légèrement sur place. -Eh bien ? Tu veux ma photo ?

Un sourire amusé s'étire sur mes lèvres. Cette petite et son caractère rebelle me plaisent déjà. Je secoue la tête. Pas la peine. J'avance d'un pas, sans un bruit. J'aime bien tes yeux, avoué-je en dressant les oreilles, curieux de voir sa réaction.

Et en ce qui la concerne, Monie se sent troublée par les réactions pour le moins inhabituelles du bicolore en face d'elle. -Vraiment ? S'étonna la jeune pouliche, écarquillant lesdites prunelles. Personne ne lui avait jamais dit ça, ce qui rendait le poulain d'autant plus intéressant, au final.

Je hoche la tête rapidement, sans détacher mes yeux d'elle. Ni de ses lèvres, si je veux savoir ce qu'elle dit. Oui, ils sont uniques, que je réponds avec un sourire en coin. Ce qui est vrai, au fond. Je n'ai jamais vu deux yeux qui ne sont pas de la même couleur comme les siens.

Un peu gênée, elle se mit à danser un peu sur place. Pour elle ce n'était que ... des yeux, un peu particuliers, étranges, et ne les avait jamais considéré comme un atout. -Ah... Merci j'imagine. Souffla -t- elle, la rudesse qu'elle tentait de mettre dans chacune de ses paroles habituellement, s'étant évaporée tant elle se sentait déstabilisée.

Et moi, ça me fait sourire, de voir que j'ai un peu fissuré son attitude de grande pouliche forte et protégée de tout. Je lui offre un sourire blanc comme neige, grand jusqu'aux oreilles. De rien !

Forte et protégée de tout ? C'était effectivement l'image qu'elle renvoyait. Pourtant elle était maigre et chétive, privée de mère dès sa naissance. -Et tu es né ici ? Continua Monie. Pour meubler. Elle était perturbée par le comportement du poulain, sans doute trop pour reconstituer cette armure qui habituellement, ne laissait apparaître aucune faille.

Ses yeux me fascinent réellement. Oui, réponds-je seulement, sans donner réellement d'informations sur mes parents. Enfin, si, je peux quand même en donner sur mon père. Je suis le fils du dominant de l'Empire Romain. Aucun indice mais pourtant, j'en suis fier. Toi non ?

Evidemment, cela ne lui disait pas grand chose, mais de toutes manières, le nom de ses parents ne l'aurait pas aidée à cerner le poulain. -Ma mère s'appelait Jasmine, mais elle est morte en mettant bas. Elle était d'ici je crois, en tout cas mon grand-frère est ici. Fit-elle doucement, une lueur jusque là inconnue s'allumant dans son regard. De la tristesse ?

J'ai toujours essayé de ne pas me laisser avoir par la tristesse. J'aime me dire que c'est un sentiment que je ne connais pas. Ma mère aussi est morte à ma naissance. On l'a tuée, annoncé-je d'une voix neutre, mes yeux toujours rivés sur elle. Comment s'appelle ton frère ?