yes we die / ALENA

Elle était tentée de se jeter du haut d'une falaise, n'écoutant que sa passion macabre. Winston était.. elle ne pouvait se résoudre à le croire. Tout était de sa faute. Les hormones se mélangeaient à sa tristesse, en faisant une parfaite boule de nerfs imprévisible.

( je peux avec murphy ? )

bien sûr. ♥

La crique abandonnée. Toi aussi tu étais venu ici. Lorsque la mort t'avait arraché quelqu'un. Lorsque la faucheuse s'était injustement abattue sur un être cher. Lorsque la colère te rendait violent, impulsif, imprévisible. Que tu préférais te noyer dans l'océan déchaîné.
Tu l'as remarquée alors que tu marchais tranquillement, navire à la dérive, tes pensées confuses en tête d'affiche. Tu t'es arrête à une vingtaine de mètres, en l'observant discrètement. Tu ne la connais pas, ou peut-être que si, de loin tu n'arrives pas à savoir. Pourtant, tu sais qu'elle est là pour ça aussi.
Parce que la vie a encore été injuste. Tu fermes les yeux. Tu te souviens des leçons de Lunaio, cette alezane qui t'avait aidé à canaliser ta colère, ta peine, ton désespoir. Peut-être aujourd'hui est-ce ton tour.

Il y a de nombreuses fois où l'araloosa avait trouvé la vie injuste. Quand sa mère l'avait abandonnée, la laissant en proie à des chances de survie trop minces. Et pourtant, elle s'en était sortie durant tout ce temps. Elle était au bord du vide, les bourrasque de vent menaçant d'achever sa vie dans un élan sadique. Ronflant des naseaux, elle mit quelques instants à remarquer qu'elle n'était pas seule. Elle orienta son visage vers l'étalon palomino brûlé qui l'observait déjà. Elle se sentit soudainement ridicule, et recula d'un pas.

Je peux aussi ? yes we die / ALENA 258324

Osiris se rendait aussi sur la falaise d'un pas actif et cadencé. Il avait sentir une odeur particulière, celle de sa meilleure amie, sa soeur, et il se demandait ce qu'elle pouvait bien manigencer là haut. Curieux, mais tout aussi inquiet il se précipite en haut de la crique puis s'immobilise en l'aperçevant au bord du précipice. Il se stoppe, son coeur rate un battement, son souffle s'arrête lorsqu'il la reconnait si près du vide. Il a peur, peur qu'elle fasse une bêtise, mais n'ose pas intervenir de peur de la surprendre et qu'elle y tombe involontairement. Impuissant, il reste figé devant cette scène, le coeur serré par l'angoisse. Quand soudain il reconnait, un autre équidé, son dominant. À sa vue, la jeune adulte recule d'un pas et Osiri soupire longuement de soulagement. Néanmoins, il n'approche pas et arque l'encolure en faveur de son chef par respect sans toutefois être sur qu'il l'ai vu. Osiris recule et reste à l'écart, essoufflé tant par sa course que par l'adrénaline.

Elle te remarque enfin. Tu vois bien qu'elle est gênée. Qu'elle a honte. Et tu te souviens.
Toi aussi, t'avais honte de te montrer si faible, si démuni, ta rage et ta peine à découverts comme la quatrième de couverture d'un livre. N'ayez pas honte, murmures-tu alors seulement, ta voix brisant pourtant le silence glacial imposé par les tourments de la jeune jument qui flottent autour d'elle, autour de vous.
Puis une odeur vient s'immiscer dans tes naseaux et ta tête massive se tourne vers Osiris, que tu reconnais. Il a grandi, certes, et ce n'est maintenant plus un poulain. Silencieux, tu inclines la tête en signe de salut. Tu l'as revu peu avant la guerre, lorsque Nox lui avait assigné des tâches dignes de confiance. Donc tu lui fais confiance aussi.

Elle ne sut si elle devait faire confiance à Murphy. Elle savait que c'était son dominant, des souvenirs des assemblées lui revenant en tête. Ronflant des naseaux, la jeune femelle considéra le mâle, puis une odeur plus que familière vint à ses naseaux. Dans ses yeux se lisait un chagrin dévastateur, des souvenirs trop douloureux pour son âme si fragile. Des larmes lui montèrent aux yeux. Cela faisait une semaine maintenant, que ça c'était produit. Elle se moquait de ces chaleurs qui martyrisaient son ventre, se sentant comme dans un état second. Cela faisait une semaine qu'elle ne dormait plus.

Le bicolore regarde le grand étalon brun s'approcher de la fine appaloosa. Il ressent en lui une énorme satisfaction lorsqu'elle s'ecarte définitivement du précipice. Osiris sourit lorsque Murphy lui rend son salut et s'isole sous un pommier, le palomino chocolat était l'homme de la situation. Son regard songeur se perd sur l'arbre sans feuilles au dessus de lui, laissant un tapis de feuilles mortes à ses pieds. Et si Aléna était une feuille sur le point de se décrocher de la réalité pour finir pietinné par le poids de ses cauchemares ? Osiris secoue vivement la tête pour dissiper ces pensées affreuses de son esprits et s'adosse à l'arbre pour les observer calmement.

( j'ai lu hier qu'on pouvait mourir si on ne dormait pas pendant deux semaines HS je sais )

Tu t'approches doucement. Prudemment. Comme si le moindre pas de travers pourrait la faire basculer du mauvais côté. De cette tentation qui t'avait tant tentée, quand ça t'était arrivé. Tu la fixes. Avec une compassion polie et neutre. Tu ne sais pas rassurer les autres, leur apporter un réconfort puérile et chaleureux, quoique menteur. Lui dire que « ça va aller » serait lui mentir.
Et ça, tu n'sais pas faire. Ça ne passera pas, tu sais. Tu soupires doucement. Tu sais que tes mots n'arrangeront rien. Mais tu as besoin de lui expliquer. De lui faire comprendre. Ça ne passera ni avec le temps, ni avec la mort. Même morte, il te manquera encore. Et en plus de ça, tous les autres te manqueront aussi. Comme pour lui signifier qu'elle ne doit pas se tuer. Mettre fin à sa vie. Dire que tu ne sais même pas qui elle a perdu.. Mais on peut apprendre à vivre avec. À calmer la blessure, à s'y accoutumer. Même si elle reste là, même s'il y tombera toujours du sel parfois, même si elle te fera souffrir comme au lendemain de la tragédie, elle se calmera. Elle restera en toi, elle fera partie de toi, elle te rendra plus forte, murmures-tu d'un ton bas et d'une voix pourtant calme, forte et assurée. Comme celle d'un sage. D'un sage meurtri, abîmé de l'intérieur, rendu vieux par les épreuves dans un corps si jeune.
Est-ce que ça t'a rendu plus fort, Solheim ? Pas vraiment. Tu le sais. Emu, tu recules de quelques pas, lui laissant son espace vital. Tu te souviens comme tu détestais qu'on s'approche de toi. Comme si chaque pas vers toi avait été une entrave, un délit envers ton aimé, une trahison. Tu tournes la tête vers Osiris. Il la connait bien – bien mieux que toi – et cela se voit. D'un mouvement discret de la tête, tu lui fais signe d'approcher.

Ça ne passera pas, tu sais. Elle sentit ses jambes tanguer. Avait-elle encore la force de tenir debout ? Elle avait eu l'espoir quelques instants qu'un jour cet état lui passera, qu'un jour son chagrin ne sera plus qu'un souvenir. Mais ces paroles la ramenèrent durement à la réalité, et cela acheva de faire couler des larmes silencieuses sur ses ganaches. Ça ne passera ni avec le temps, ni avec la mort. Même morte, il te manquera encore. Et en plus de ça, tous les autres te manqueront aussi. Eh oui Alena, ne sois pas si égoïste. Ne sois pas stupide, tu manqueras bien à des gens. Pas à ta mère, c'est certain, mais à Chaodence, Osiris, Lupin, Pa, Harmonie peut-être. Elle ne pouvait pas être aussi lâche. Et pourtant, l'idée ne faisait pas que l'effleurer. Mais on peut apprendre à vivre avec. À calmer la blessure, à s'y accoutumer. Même si elle reste là, même s'il y tombera toujours du sel parfois, même si elle te fera souffrir comme au lendemain de la tragédie, elle se calmera. Elle restera en toi, elle fera partie de toi, elle te rendra plus forte. Il murmure, et ton cerveau peine à trier les informations, mais comprend l'essentiel. Elle renifla un peu grossièrement, un peu comme une enfant. Ses yeux rouges étaient toujours emplis de larmes, et on apercevait légèrement ses côtes. Elle aurait préféré qu'il pleuve, que le paysage se mue à son état, mais la nature avait décidé qu'il ferait beau, aujourd'hui. Et elle eut envie de tout haïr autour d'elle. Ses oreilles pointées vers l'arrière, il se passait tellement de choses dans son regard. Face à tout cela, elle n'arrivait pas à encaisser. Et elle se sentait incapable de parler. Alena... Je te remercie pour tout et.. et je t'aime.
Hantise.

Le mâle pie sentait sa princesse en proie à une sombre folie. Il ne l'avait pas vu depuis la guerre mais admettait qu'elle avait beaucoup changé. À l'inclinement de tête de Murphy, le jeune adulte s'avança pour venir se poster en triangle à distance égale des deux équidés. Dans ses propres yeux bleu on y lisait une détresse intense, comme quelqu'un qui malgré tout ses efforts devenait impuissant devant cette malédiction qui s'emprenait à Alena. Malgré cela, le bicolore s'efforcait d'être fort, ou du moins de la paraitre. La bouche de l'appaloosa s'entrouvrit pour laisser échapper quelques paroles que le pie n'entendit pas. Il lança un regard inquiet très discret à Murphy puis replongea ses yeux saphirs dans les prunelles sombre de la jument, un regard intense qu'elle connaissait bien, comme une sorte de télépathie qu'ils avaient initiés ensemble pour lutter contre les pensées obscures. Immobile, il n'ose pas l'enlacer même si son coeur lui crit de le faire, il doit rester maitre de son corps car il s'avait qu'elle ne désirait pas se contact rapproché. Anxieux, son coeur bât un peu plus fort dans sa poitrine. Il ferme les yeux.

Tu vois ses larmes, et tu te sens impuissant. Le regard fixe, perdu, éteint sur elle, tu restes immobile. Et muet. Tu entends Osiris approcher, mais tes prunelles restes figées sur l'appaloosa. Tu ressens sa douleur comme si elle était tienne.
Ou comme si elle te rappelait la tienne, plutôt. Tes yeux se ferment. Puis s'ouvrent quelques secondes plus tard. Tu restes muré dans un silence courtois et perdu. Tu réagissais si violemment, à côté d'elle. Sans vraiment la connaître, tu as l'impression d'être proche – et pourtant si loin. T'aurais envie de la serrer contre toi, peut-être. Mais tu n'oses pas. Tu sais qu'elle te repoussera.
Ou peut-être pas. En fait, t'en sais fichtrement rien, Solheim, mais tu bouges pas. Tu souffles juste un air chaud qui se transforme en buée au contact de l'air marin et salé qui grimpe jusqu'à tes naseaux.

Osiris l'observait. Il lui lançait un regard qu'elle n'a pas su voir, trop aveuglée par ses propres larmes. Elle avait l'impression que son monde s'était écroulé, s'était surprise à imaginer elle et son ami défunt dans un autre monde. Dans d'autres circonstances. Si il n'avait pas été hanté par une entité démoniaque, ils auraient peut-être pu être autre chose. Et ces mots la hanteront à jamais. Ses yeux qui s'étaient vidés petit à petit de leur éclat, n'y laissant qu'une place vide et morne. N'y laissant qu'une seule chose.
La mort.
Elle observa le dominant. Il avait l'air gentil, compatissant. Mais quelque chose la frappa. Il arrivait toujours quelque chose de dramatique aux gens qu'elle aimait un jour ou l'autre. Alors pourquoi aimer ? Tant de choses se passaient dans son jeune esprit. Elle eut une envie soudaine de fuir, loin. De protéger les autres de sa malédiction. Elle sembla comme s'être réveillée, et recula d'un pas, ce simple geste précipité trahissant sa pensée.

Osiris semble à son tout perdu dans une vague, l'appaloosa lui faisait tant de peine, lui qui lui avait toujours juré de veiller sur elle, il se rendait compte qu'il n'avait pas tenu ses promesses. Les côtes apparentes et les cernes creusantes temoignaient des épreuves du passé d'Aléna, un passé qu'elle avait du affronter seule. Le bicolore ne se sent pas bien, sa tête lui tourne et ses membres chancèlent. Qu'adviendrait-il si elle disparraissait ? « Aléna.. » finit il par prononcer avant que sa voix ne se brise, la gorgée serrée. Ses yeux se voilent de larmes. Tétanisé il n'arrive plus à parler tant sa tristesse l'éprouve. Il ne veut pas pleurer, pas devant elle, mais c'est trop dur. « Je suis désolé de ne pas avoir été là pour toi » Ses prunelles noires se rétraquent, il baisse la tête, impuissant et éclate en sanglot.

» Alena.
» alena
» hunt me / ALENA
» we born to die. / ALENA
» run for your life. / ALENA