all alone, again and again

Cette soirée là, j'avais le coeur lourd. Lourd d'un sentiment dont je n'avais encore jamais souffert : la solitude. Enfoncé à quelques pas de la forêt de bambou à peine, j'observais une cinquantaine de foulées en amont quelques équidés regroupés, l'air paisible.

▲ Gladys ne faisait pas partie de ceux-là: elle cherchait à sortir de cette forêt, dont elle venait à peine d'y entrer. Elle craignait de se perdre en ce lieu inconnu, peuplé d'arbres inhabituels à l'ancien Galop Sauvage.

Ainsi je restai pendant de longues minutes, sans mot dire. Alors que mes paupières se faisaient de plus en plus lourdes, un bruissement me mit aux aguets : je pu reconnaître les étreintes des feuilles fines et sèches qui paraient les hautes tiges de bambou : quelqu'un approchait. Fatigué de laisser la méfiance m'envahir à chaque son divers, je restai de marbre, comme si mon sort ne m'importait plus.

▲ Gladys continua d'essayer de sortir de cette forêt. Ayant peur de se perdre réellement, les naseaux ronflants, elle s'agita. C'est en tourna vivement la tête qu'elle se prit un tronc en plein milieu du front. OUF!

Les bruits à mes arrières ne cessaient de s’amplifier, indiquant que quelqu'un était bel et bien en approche. Toujours aussi désintéressé, je laissais le sommeil me bercer.

▲ Une branche se décrocha alors et tomba en plein sur la croupe de Gladys, qui bondit en avant. C'est ainsi que surgissant des feuillages, elle percuta de plein fouet l'étalon bai.

Subitement et brutalement bousculé, je fis volte face, oreilles plaquées contre la nuque. Faussement agressif, la colère qui avait fait illusion de me ranimer s'échappa de mes naseaux en une ou deux expirations. Je soupirai, relevai mes yeux perçants pour observer l'inconnue.

▲ Gladys, les crins limite hérissés à cause du stress, lâcha elle aussi plusieurs bruyantes respirations. Elle reprit ses esprits peu à peu. Oh...excusez-moi.

Quelques secondes passèrent quand je lui répondis enfin. " Ce n'est rien. " me contentais-je de souffler à voix basse avant de pivoter une nouvelle fois, faisant dos à la noiraude. Mon regard se plongea de nouveau dans la scène des quelques compagnons postés plus haut.

▲ Gladys recula ses oreilles, l'air penaud. Puis elle le rejoignit, heureuse d'avoir trouvé une présence, et quelques autres plus haut. Elle le regarda d'un air intrigué, puis reporta son attention sur les chevaux là-haut.

Du coin de l'oeil, j'observais la noiraude se placer à mes côtés. Comme tous ces chevaux des déserts les plus chauds, elle avait des traits rassurants, m'enveloppant de mélancolie. A mi-voix, je susurrais : " Vous les connaissez ? "

▲ Elle voulut lui demander pourquoi il l'a regardait comme ça, mais il prit la parole. Alors elle se tut, puis reporta son attention sur le petit groupe. Non. Vous oui? Elle mentait. Son fils, un alezan, Naska, était parmi eux, entrain de paître paisiblement.

La question n'attendait pas de réponse précise. Que ce soit oui ou non, peu m'importais : je tentais seulement de combler le vide de mon être. " Non plus. A vrai dire, je crois ne connaître personne ici "

▲ Alors c'est une bonne chose qu'on se rencontre, vous vous sentirez moins seul. Elle rougit sous sa robe de jais, réalisant soudain que ses propos étaient à double sens. Vous êtes nouveau? Coupa-t-elle, histoire de changer de sujet. C'était les chaleurs et déjà, elle ressentait leurs effets, tentant de ne pas les montrer.

J'échappai un léger rictus, dissimulant un sourire timide. " Plus vraiment à vrai dire. Cette fois, je laissai ma voix rauque dominer sur mes cordes vocales. Mais il est vrai que jusqu'à aujourd'hui, j'ai plutôt fuis les opportunités de me faire accompagner. "