ale-alejandro #naissance d'adagio

Alors voilà, il semblerait que ce soit l'heure. Si Ruyn ne s'est jamais posé la question de l'accouchement, et a vécu sa grossesse avec son insouciance habituelle, les contractions qui meurtrissent son ventre la rendent légèrement nerveuse. Elle n'a pas peur : elle sait que tout se passera bien, puisque tout se passe toujours bien. Son heure n'est pas venue, tout du moins pas l'heure de la mort. Elle sait qu'Almageste ou Fenrir fera son apparition pour la soutenir, l'un parce qu'il ne rode jamais loin d'elle depuis la conception de l'enfant, l'autre parce qu'il reste connecté à elle. Ronflant, elle finit par s'affaler près d'un ruisseau, et observa son ventre.

Ronflant, elle roula sur le dos, pensant que cela la soulagerait. Mais c'était pire. Ecarquillant les yeux devant cette douleur qu'elle ne connaissait pas - et puis, ce n'est pas comme si elle avait souvent eu l'occasion de souffrir dans sa vie, préférant charmer les psychopathes que se battre contre eux -, la noiraude était quelque peu déstabilisée. Dilatant ses naseaux, elle laissa donc les contractions s'emparer de son corps, avant d'expulser ce qui était en elle. L'expulser ? Elle hennit d'indignation. Hors de question que ce qui grandissait en elle ne s'en aille. Elle voulait le garder à jamais en elle. Il avait été une présence rassurante lorsqu'elle se retrouvait seule la nuit, loin de Septenrê, sans Fenrir, et quand Almageste n'était pas là pour l'aider à passer la nuit. Il avait celui à qui elle confiait toutes les petites choses qui lui tenaient à coeur, les insignifiantes et les plus importantes choses. Elle lui avait confié son coeur, bien plus qu'à n'importe qui. Elle ne se confiait jamais. Elle ne ressassait jamais, allant toujours de l'avant. Ruyn avait choisi le bonheur, mais ce bonheur s'apprêtait à s'échapper hors de de sa silhouette longiligne. Elle savait, elle savait ! Qu'une fois dehors, elle et son enfant n'auraient plus jamais la même relation. Ils appartiendraient à d'autres, et elle le voulait pour elle toute seule. Se crispant, elle tenta de stopper le travail, pensant charmer la nature comme elle le faisait avec tous les autres.

Effectivement, Almageste n'était jamais bien loin de sa belle et de sa progéniture à naître. Alors, en tendant légèrement l'oreille, en pinçant un peu plus ses naseaux, le mâle se rend bien compte que quelque chose a changé et que ce quelque chose sent comme l'aboutissement de sa paternité. Pris d'un galop souple à travers les grottes, le pie cherche sa douce dont il croit entendre le souffle s'accélérer.
« Ruyn.. » Se murmure-t-il, imaginant la souffrance de la noiraude. Mais il finit par la voir, sur le dos.
« Quoi tu fais ? » Et le débile déboula.

Levant la tête à l'approche d'Almageste, son visage se tordant lorsqu'une contraction incontrôlée la fit revenir sur le ventre, elle grogna en guise de bonjour, fouettant le sol de sa queue. A la question trop mimi d'Almageste, elle leva les yeux au ciel. J'étais en train de regarder les nuages ! PourquAAIE ! Elle ferma les yeux sous l'effort, tentant de se lever pour finalement rester au sol. Et puis, un éclair doré vint à elle, posant ses naseaux contre son encolure. La noire tourna son regard bleuté vers lui. Fenrir ... Et puis elle se mit à pleurer

Almageste manque de reculer en voyant la réaction de la noiraude qui se radoucie rapidement après sa moue de débile. Alors le pie va pour s'approcher un peu plus d'elle, la serrer contre lui et lui dire qu'il est là pour elle.. mais la place vient d'être prise. D'un geste rapide, comme s'il perdait le contrôle de lui-même, il recule, une grimace de dégout grandissant sur son visage. Il n'est pas du genre à se battre pour quelqu'un, ni à revendiquer une quelconque place. Mais tout de même.. c'est son enfant qui va apparaître sous leurs yeux. Ses pensées sont happées par les pleurs de Ruyn qui jouent le rôle d'un aimant pour Almageste qui s'approche malgré la présence de l'autre étalon dont il ne semble pas connaître l'identité.
« Je peux aller chercher euh.. de l'eau je crois » Il balbutie, il manque de tomber sur elle aussi. Comment était-il être au courant du déroulement d'une mise bas ? Depuis l'annonce de son éventuelle paternité, sa mère ne lui avait pas décroché un mot, il n'avait donc pas pu quérir son aide. Vieille mégère. En attendant, sa douce souffrait le martyr et lui restait piteux, ne sachant que faire.

Toute troublée qu'elle était par ces choses qui se passaient à l'intérieur d'elle, Ruyn n'eut pas la force de soutenir son compagnon envers son frère, et se contenta de fourrer sa tête entre les antérieurs de Fenrir, serrant les dents tandis que sa queue balayait une nouvelle fois le sol. Prise d'un coup de speed soudain, elle donna quelque coups de sabots dans le vide et tourna son regard vers son ventre, agité de tremblements. Mais sors putain è_é Tant pis pour le monde et leur relation privilégiée : ça lui faisait trop mal. Puis, les contractions se firent plus pressantes, plus courtes, et quelque chose sembla apparaître entre ses postérieurs. Est-ce que cette chose immonde était son bébé ?

Devant la froideur des propos de l'étranger, Almageste abaisse ses oreilles contre sa nuque. Il fulmine mais ne veut rien laisser paraître ; Ruyn ne doit pas être dérangée. Alors, comme tout bon amoureux, le mâle va chercher un point d'eau qui se trouve être à quelques mètres de la scène la magie de GS. Tout content, il en prend une gorgée en bouche pour aller l'amener à la noiraude. Mais au moment où il se trouve à quelques mètres d'elle, la voilà qui pousse comme une vache et qu'une mini vache sort justement de là où lui il était rentré. Déjà niveau anatomie il était pas au top, mais alors là il comprenait plus. Secouant sa tête pour garder l'esprit clair, il crache toute l'eau amenée jusque là et se jette vers sa douce.
« Et là on fait quoi ? » C'est cro duuuur la vie de papa meuh !

Eclipsant totalement le reste de la scène, se focalisant sur cet effort d'éjecter son petit amour hors de son corps, elle se mit à se débattre contre elle-même, ronflant. Et puis elle se sentit soudain libérée, légère, et cruellement épuisée. Néanmoins, un puissant instinct maternel la fit se redresser, abandonner son frère, ignorer son époux, et entourer son petit sans défense, le cachant à la vue des autres. Elle entreprit de le lécher consciencieusement, à chaque coup de langue retrouvant un peu ses esprits, reprenant conscience des deux autres étalons qui l'entourait. Elle finit par se reculer, secouant la tête, un peu surprise de s'être laissée emporter ainsi. C'est un ptit mec ! annonça-t-elle fièrement, couchée en vache, souriant successivement à son frère, puis Alma. Oh ! fit-elle ensuite, l'air navré, Almageste, voir mon frère Fenrir. Elle ne le présenta pas dans l'autre sens, s'évitant les situations embarrassantes