Juste de la poussière

Parmi les âmes anciennes, les ombres éteintes. C'est ici qu'elle se sent mieux. Et c'est ici qu'elle réapparaît, comme sortie du Tombeau. Moi qui autrefois appelait les défunts. C'est eux qui m'ont rappelée ici, cette fois. L'allure fantomatique de la noire se marie bien au décor. L'akhal laisse traîner sa langue sur une pierre tombale de grès effrité. Est-ce le goût de ces terres, ou celui de la mort ? Juste de la poussière.

Ces terres. Bien, l'y revoilà de nouveau. Elle a laissé des choses en suspens. Il est temps de les reprendre en main.

Oroszlàn.
Juste de la poussière. Est-ce que c'est ce dont ils deviendront tous ? Un tas de cendres. De moisissures. De poussière, au fond d'un trou en terre.
Il ne l'a pas vue, mais il la sent. Pas par son odorat – par un espèce de sixième sens qui l'alerte, qui le fait frémir dès qu'elle est dans les parages. Le Lion pivote lentement, ses muscles roulant sous ses poils d'or. Il a terminé sa croissance, a laissé derrière-lui son adolescence. Il garde encore son âme d'enfant, cette naïveté féroce, cette rage de vivre. Mais il a grandi.
Il la cherche. Comme un prédateur, comme un Lion. Il ne sait pas bien pourquoi, d'ailleurs. Peut-être devrait-il simplement la fuir.

Plus d'une chose en suspens. Mais celle à laquelle ses pensée accordent le plus d'attention ces jours-ci, a des reflets d'or et d'argent. Et des reflets d'ombre. Elle n'y peut rien ; c'est la saison qui veut ça. Et puis, ce n'est pas déplaisant de penser à lui. Tiens ? Son encolure longiligne se tend par-delà une autre sculpture funèbre. Quand on parle du lion... Il est là. Toujours aussi grand - si pas plus. La jument ressent une grande satisfaction à le croiser, mais un grand calme également. Elle dévoile nonchalamment une partie de son corps à travers la forêt de pierre, et cherche à croiser le regard sombre de l'étalon. Oroszlàn.

Son regard à elle n'a pas de couleur. Il n'est ni noir ni bleu. Il est juste sans fond. Et Oroszlàn s'est déjà vu chavirer au bord de ce gouffre insensé. Il cligne des yeux plusieurs fois. Est-il en train de rêver ?
Non. Elle est bien là. Alors il s'avance, non plus comme un effarouché, plutôt comme un effronté. Il fonce droit sur elle, d'un pas assuré et pourtant calme. Il s'arrête à quelques centimètres. La détaille d'un regard qui a des dents. Il prend son temps. Il aimerait tout savoir – où est-ce qu'elle était, pourquoi, quand, avec qui. Il ne demandera rien, pourtant.
« Tu ne m'avais pas dit qu'il était du genre jaloux. » lance-t-il comme salut, d'une voix chaude.

Elle le laisse venir à elle, comme d'habitude. Absorbée, il lui fait l'effet d'un liquide chaud affluant vers elle. Fluide, efficace. Prompt. Mais c'est bel et bien un cheval de chair et d'os qui lui fait face, audacieux. Calme et acéré. Elle ne peut retenir un sourire au son de sa voix. " Il ne l'est jamais outre mesure. T'a-t-il tourmenté ? " demande-t-elle d'un ton faussement maternisant. Ainsi, Sweeney et Oros s'étaient rencontrés.

« Tourmenté ? » répète-t-il d'une voix plus dure. Pour qui le prend-elle ? Encore ce jeune lionceau à peine sorti du berceau ? Personne ne le tourmente.
En tout cas, personne ne le fait mieux qu'elle. Il lui offre un sourire sarcastique. « Non. Il m'a juste dit qu'il allait baiser ma mère puisque je vais te baiser toi. » Il reprend ses mots, mais elle doit avoir l'habitude de son langage. Il la fixe durement, sans tendresse aucune, juste un désir à l'état brut.

Elle réprime une envie de rire, que Sweeney lui provoque souvent, même à travers la voix d'Oros. " Pas de doute, c'est bien le vrai que tu as rencontré. " Mais son large sourire se fane soudain, et elle fixe l'étalon, sérieuse. Puisque je vais te baiser toi. Le brun a immiscé une certaine vulgarité dans leur relation, à Oros et elle. Une relation où il n'a aucun droit. Mais elle n'a même pas envie de s'en énerver. Son pouls a déjà commencé à bouillir, et ce n'est pas Sweeney qui en est la cause. Des images lui viennent en éclairs, des images où Oroszlàn l'enserre, où ses dents mordent son dos, où ses hanches pressent contre sa croupe. Où elle sent son souffle contre sa peau en sueur, et l'entend résonner avec le sien.
Sa bouche se tend vers lui, entrouverte, vers une destination évidente, sans détours.

Bébé Lion a bien grandi. Il toise la noire avec un sourire mi-victorieux mi-assassin. Il n'est pas lui avec elle. Il est cette part d'ombre. Un inconnu qu'il commence pourtant à bien connaître, à apprécier, avec qui il se familiarise à chacune de leur rencontre. Un rôle qu'il endosse en sa présence et dans lequel il se sent plus puissant.
La bouche de la noire se tend vers lui. Le geste est évident. Le bâtard tend son encolure aussi, mais ne fait qu'effleurer ses lèvres avant de se dérober avec un sourire provocateur. Il lui tourne autour. Il a décidé de mener la danse lui. De lui montrer qu'il sait, aujourd'hui, prendre les devants. Qu'il sait dominer comme elle a si souvent attendu ça de lui. « Est-ce qu'il a raison ? Est-ce que c'est vraiment ça qu'il va se passer, Rowena ? »

Bien sûr. Il joue le patient, mais elle sait qu'il en a autant envie qu'elle. C'est certain. ~~Elle est si bonne.~~ Et puis, elle en a envie, alors c'est ce qu'il va se passer. Elle trésaille sous le regard provocateur de l'étalon, savoure son attitude, celle qui l'excite tant. Mais elle ne se laisse jamais faire aussi facilement. La grande jument vient le bousculer, casser sa trajectoire, et fait mine d'essayer de lui prendre une nouvelle fois un baiser. Son regard grogne et flamboie.

Mais il ne la laisse pas faire. Alors qu'elle va lui voler un baiser, l'encolure du Lion se rétracte et il ramène son visage vers son poitrail. Ses yeux noirs se mettent à brûler. Elle allume le brasier qui est resté trop longtemps à terme. Il la contourne, dans un élan vif, comme un prédateur.
Mais Rowena n'est pas une proie, et Oroszlàn en est bien conscient. C'est justement ça qui lui plait le plus. Il ignore qui, des deux, est le prédateur. S'il y en a vraiment un, à bien y réfléchir. Hargneux, il lance un coup de dent sur la croupe de la noire.

Il s'esquive encore, elle s'en doutait et sa tête suit son geste, comme deux oiseaux en vol dans un ballet hasardeux. Deux rapaces. Deux prédateurs. Sa bouche se pose sur la nuque argentée, ses dents fouaillent dans les crins épais pour saisir la chair. Mais il s'élance, hors de portée, encore. La jument grogne sous le coup de dents. Elle pivote aussitôt, soulevant toujours plus de poussière autour d'eux. Sa queue fouette l'air une fois, diffusant d'avantage de son parfum de femelle. L'akhal le toise sauvagement le temps d'un battement de cœur, puis se dresse sur ses postérieurs, décollant à-demi du sol, pour se jeter contre lui avec un râle étouffé.

Leur étreinte se change en combat. Le jeu se transforme en affaire d'état.
L'étalon reçoit la jument tout contre lui, et malgré qu'il soit mieux bâti qu'elle, il recule d'un pas, surpris par son assaut. Le parfum qu'elle dégage lui fait tourner la tête, tourner le coeur. Oroszlàn n'est plus vraiment là – ne reste que le Lion, le sauvage, l'indompté, l'indomptable.
Alors qu'elle étouffe un râle rauque, il vient écraser ses lèvres contre les siennes, sauvagement, y mêlant même ses dents tout en soutenant de son poitrail le corps de sa veuve noire.

Elle respire contre lui, de souffles violents et brûlants, son corps luttant contre la peau dorée. Puis elle se détache, emportant un peu de peau entre ses dents, imprimant ses sabots dans le flanc de l'étalon tandis qu'elle glisse au sol. Son agitation est au summum, et elle en attend de même du mâle. Elle le fixe, bouillonnante, allez viens, et d'un vif mouvement d'encolure lui décoche une petite morsure au grasset.

Ven 1 Jan 2016 - 11:12

Le Lion n'a pas mal. Au contraire, la douleur termine de l'échauffer, de l'exciter. Il rejette la tête en arrière à sa morsure, ne sait même pas si elle a mordu assez fort pour le faire saigner. Ça lui importe peu. Le regard fou, il se jette contre elle, bloquant son corps contre une tombe. Aucune échappatoire. Il pousse un râle rauque, sa respiration est courte ; elle le rend fou. Au sens propre du terme.
Son regard est désorienté, il piétine furieusement le sol en pressant son poitrail contre celui de Rowena. Ses dents viennent attraper les lèvres de la noire, qu'il mordille avec une tendresse mêlée de sauvagerie.

Dim 3 Jan 2016 - 11:57

Il la bloque contre une tombe, et la femelle émet un gémissement rauque, presque un ronronnement. Oui, c'est ça, bloque-moi, violente-moi... Le contact froid de la pierre et brûlant avec l'étalon lui laissent un long frisson. Quand il prend sa bouche, elle se défend faiblement, concentrée sur le regard de mâle. Ça y est, les Ombres et les Encres sont totalement déchaînées. Quelle beauté. L'esprit d'Oroszlàn s'est enflammé de noir. Il n'a jamais été aussi beau que dans cette folie furieuse, cette excitation noire, son corps puissant serré contre le sien. Dans un sursaut d'excitation, Rowena s'impatiente soudain. Elle s'arrache au baiser presque trop tendre, et se fraye un passage entre la roche et le corps nerveux qui s'agite contre elle. Juste assez, pour lui approcher son arrière-main.

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