♠ What the hell am I doin' here ?

Runaway s'est réfugiée au Nord des terres. À la recherche de solitude, elle s'enfonce dans les entrailles de la machine détruite.

O W B E R I N E 

L’akhal avait dû essuyé une tempête et s'était réfugié dans la carcasse de l’avion. Après en avoir fait brièvement le tour il s’étair endormi, jusqu'à ce qu’un bruit le réveille. Il déplia sa puissante encolure, cherchant le responsable de ses yeux vairons transperçants. 

L'odeur mécanique embrume les effluves naturelles. Alors qu'elle pénètre la carcasse, la jeune akhal dévie son regard sur une silhouette sombre. Elle soupire ; elle n'est pas la seule à avoir eu l'idée de se réfugier pour chercher la tranquillité. Runaway fait demi-tour et se remet en marche pour quitter le refuge. Elle ne désire pas la compagnie, mais un pressentiment la submerge. Reste. Se manifeste la voix. Elle cesse tout mouvement..

Une silhouette se dessine parmi les ombres. Des traits fins, racés, sculptés. Et cette odeur. Son odeur. Il sent son sombre cœur tambouriner dans sa poitrine. Enfin. 
Owb’s se relève lentement, déployant ses longs et puissants membres. Elle s’est immobilisée, et il fait quelques pas vers elle, ces derniers raisonnant dans la bourlingue. Il n’ose pas parler, comme si cela la ferait s'évaporer. Il se stoppe à son tour, ses yeux bicolores courant sur sa robe soyeuse. 

Elle entend les sabots cogner lourdement sur le sol dur. Elle pivote et se retrouve face à l'inconnu. Ses yeux aux couleurs de l'enfer rentrent immédiatement en contact avec les ténèbres qui habitent également les orbites de cet étalon.
Son odeur est maintenant détectable. Les effluves lui apportent l'identité de cet inconnu. C'est son frère. Elle se fige, ne pipant aucun mot. Elle laisse son regard se lier avec celui de Owberine. Le cœur qui s'emballe face à cette rencontre inattendue.

Il a face à lui son reflet au féminin. Mais il se complait à la détailler lentement de ses yeux troublants, noir et bleu. Il sent son souffle se faire rauque, ses muscles se tendre. Combien de fois avait-il espéré la revoir ? Combien de fois s’était-il tailladé la chair pour l’avoir laissé derrière lui ? Trop de fois. Owb’s a la sensation d’entendre les battements du cœur de sa jumelle faire écho au sien. Ils restent tout deux silencieux, et il n’ose pas rompre ce doux silence. Il finit enfin par avancer vers elle, de ces pas agiles et gracieux, contredisant sa carrure imposante. Ses yeux avaient fini par regagner ceux de Runaway. L’akhal est plus grand que sa sœur, et arrivée à une proximité presque dérangeante, il arqua l’encolure pour venir poster ses naseaux près des siens.

Les yeux qui s'emparent du regard bleuté de son jumeau. Cela lui rappelle son reflet avec ses yeux azurs. Cette idée est balayée par la joie de revoir sa moitié.
Ses oreilles pivotent tandis qu'aucun son ne dérange le silence. Il suffit juste de lire dans ses yeux pour comprendre que lui-aussi partageait son bonheur.
Il approche ses naseaux des siens qui font échapper un souffle chaud. Soudain, elle repense à son père et elle relève la tête, reculant d'un pas pour fuir.

Par réflexe Owberine plaque ses oreilles contre sa nuque et son regard s’assombrit brutalement, mais il lui suffit de regarder Runaway pour être instantanément apaisé. Sa posture se fait moins offensive mais il ne bouge pas de sa place initiale pour ne pas la brusquer, son regard tente de trouver des réponses dans le sien. « C’est moi Run … » souffle t-il d’une voix calme, mais laissant filtrer la frustration de ne pas pouvoir la serrer contre lui. Elle lui avait tellement manqué. Lui en voulait-elle ? Il la questionne silencieusement car il sait, il sait qu'elle n'a pas besoin de mots pour le comprendre. Elle était lui, il était elle.

Owberine est parti longtemps, Runaway n'a pas eu le temps de tisser un lien avec lui alors qu'il était déjà parti. Oui, elle peut lui en vouloir. Surtout, elle sait qu'il l'aurait protégé.
Tout ce temps... Son mutisme est terminé par cette phrase inachevée. Elle le regarde, les ténèbres prisonniers dans ses yeux. Elle bouillonne à l'intérieur et l'autre, la voix parasite, s'acharne sur elle.
Je te pensais mort. Elle tranche d'une voix dure. Elle lui en veut. Clairement. Sa moitié, une partie d'elle, a disparu. Elle gronde silencieusement. L'éclat de colère brûle telle une flamme et domine ses pupilles dilatées.
Avec lui, elle ne cache pas ses émotions. Sa carapace posée et son masque se défile. Elle n'est pas la jument froide ; elle s'ouvre entièrement à son frère. Le coup de son père cogite dans son esprit et allume la folie en elle.
Une folie qu'elle ne peut pas caractériser. Une folie nouvelle, qui tire son origine dans une chose rare. Elle s'avance vers son frère et le frappe fortement avec son encolure. Il n'a jamais été là, mais unissez-vous.
Son frère a une place dans son cœur, mais elle lui en veut que sa colère la rend aveugle. Elle se répète les mots, de la voix parasite, dans sa tête. Elle comprend où elle veut en venir.
S'unir pour être plus fort. Elle conclut en susurrant cette phrase. Un sourire qui vient gracier son visage.

La colère éclate dans le regard de sa soeur, ce qui lui arracherait un sourire si cela ne lui lacérait pas tant le coeur de savoir qu'il avait pu lui faire du mal. Il aurait aimé s'excuser mais les mots ne parvenaient pas à franchir la barrière de ses lèvres, cela ne faisait pas partie de la formation. " Tu l’aurais su au plus profond de toi si j’étais mort. " tente t-il de l’apaiser. Mais quelque chose d’autre que son absence semble la tracasser, la travailler, l’empoisonner. Il fronce les sourcils en penchant sa tête sur le côté. " Libère toi. " Confie toi à moi. Il n'a pas besoin de lui préciser quoi, elle saurait ce qu’il voulait qu’elle lui révèle. 
Il ne bouge toujours pas, mais sa queue commence à fouetter l’air d’impatience. Chaque secondes tenues loin d’elle était une torture. Il avait besoin de la toucher. 
Un éclat brûlant allume son regard bicolore en réponse aux derniers mots de sa jumelle. " Nous sommes un. "

Il a raison, elle l'aurait certainement senti au plus profond de son être s'il était vraiment mort. Elle est heureuse de le voir ainsi, mais elle ne le montre pas car d'autres émotions viennent parasiter ses sentiments. Un rictus gêné vient tordre son visage.
Se confier à lui. Lui dire que leur père l'a sailli, il n'y a pas longtemps, et qu'elle porte son enfant. Son ventre formé par des formes rebondies vient pousser son angoisse. Elle doit lui dire. Tout. Néanmoins, elle a peur. Cette crainte qui l'envahit fait frissonner et trembler son propre corps.
Tu vas être tonton. Elle commence par lui annoncer qu'il aura un neveu. Runaway préfère y aller en douceur, de ne pas lâcher la nouvelle si mauvaise comme une bombe atomique. Ses yeux reposent dans ceux d'Owberine. Le visage crispé, elle finit par ouvrir sa bouche.
Cet enfant est celui de Sweeney. Elle prononce son nom, elle ne veut plus le qualifier comme son père puisque ce dernier l'a renié. D'ailleurs, cela lui glace le sang. Elle adorait son père et l'admirait. Au fond, il y a toujours de la braise pour ses sentiments à l'égard de son père.
Elle ne dit plus rien, attendant la réaction de Owberine. Elle espère qu'il encaissera cette nouvelle, mais elle-même ressent de la haine profonde. Elle comprendra s'il prenne cette annoncer avec de la colère. Ses yeux se baissent, regardant ses sabots. Elle s'ouvre vraiment en montrant qu'elle a honte.

Le temps semble s'être arrêté. Il ne parvient même pas à savoir s’il prend la peine de respirer. Ses yeux sont rivés à sa soeur mais il ne la regarde pas vraiment, il est comme perdu, ailleurs. Les premiers mots l’avaient déjà tendu, les retrouvailles avec sa jumelle l’avait empêché de voir que la vie de construisait à l'intérieur d'elle, et le fait d’imaginer un quelconque individu touché son corps sacré avait fait monté en lui une pique de colère. Il s’était dit qu’il retrouverait ce mécréant, chercherait à savoir s’il avait traité Runaway comme une reine, avant de lui faire payer dans tout les cas le fait qu'il ait osé la toucher. Mais jamais, Ô grand jamais il n’aurait pu penser une seule seconde que leur géniteur soit capable de cela. Mais à bien y réfléchir, cela l'étonnait-il vraiment ? " Le sale fils de pute… " cracha t-il enfin, soudainement. La haine, la colère, la rage et la fureur formèrent une alliance dans ses veines. Il recula de quelques pas, pour ne pas blesser Run, pas certain de pouvoir se contrôler. " Dis moi que c’est faux Runy, dis moi que ce n’est qu’un putain de test de plus qu’il veut que tu me fasses passer. Dis moi qu’il n’a pas osé te faire ça ! " Il criait à présent. Ses yeux s'étaient voilés, il serait bientôt hors de contrôle. Puis soudain, l’explosion, amorcée par la haine envers son paternel mais aussi la culpabilité de ne pas avoir pu protéger celle qui était le plus cher à ses yeux. Il frappa de ses sabots, mordit de ses dents, renversa de ses épaules et de ses hanches tout ce qui passait à sa portée . La carcasse s'ébranla sous sa colère et le sang, son propre sang, gicla contre les paroies de l’appareil. 

Elle aurait bien aimé que cela soit faux. Cette déclaration, dure à encaisser en voyant les réactions de son frère, fait partie de la réalité. Malheureusement, elle est bien pleine de leur père.
Un sentiment de honte la submerge. Ce flux émotionnel de dégoût se propage dans tous les pores de sa peau. Elle ne prononce aucun mot, regardant la colère grimper chez son frère. Elle se sent coupable.
Ses muscles se tendent, sa mâchoire se serre. La haine éprouvée contre elle. Elle veut se punir d'avoir fait une faute aussi grave. Elle s'approche de son frère.
Il faut tuer ce monstre. Voilà, cette phrase met fin à son mutisme.

L'enfant ? La noiraude ne lâche pas le regard de son frère. Il ne faut pas être empathique pour voir la haine brûler en lui. Une colère totalement justifiée. Son esprit cogite.
Sinha.. Elle s'interrompt, surprise elle-même d'avoir nommé cet enfant bâtard. Il ne mérite pas de nom, il doit lui aussi mourir. Son instinct maternel hurle le contraire et fait chambouler les plans de départ de Runaway.