R A M S E S

Au départ, ce fut deux êtres sortis des entrailles du Diable lui-même : Kana, fille de Kenpachi, jument appaloosa sans pitié qui terrorisa vos ancêtres. Et Nobody, fils d'Hadès, lui-même chef des bandits, vagabonds sans foi ni loi qui prirent possession de GS pour y semer le chaos. Si les deux êtres s'accouplèrent, ce ne fut point par amour, mais pour mener à bien un plan machiavélique : l'union de deux moitiés à l'âme aussi noire que l'Onyx dans une machine à tuer. Enthousiastes, les deux chevaux se mirent à l'oeuvre, et quelques mois après, Kana mit enfin au monde leur fruit maléfique ... ou plutôt, LEURS fruits maléfiques. Ramsès naquit en premier, et ses yeux sombres rougis s'ouvrirent sur le monde qu'il foulerait et détruirait de ses sabots. Il ne disait rien, n'avait rien commis. Peut-être ne serait-il pas à la hauteur de ce qu'attendait ses parents ? Peut-être serait-il aimant envers le monde ? Sa tête se tourna vers sa mère, son regard déjà princier réclamant quelque chose. Kana était à des lieux d'imaginer qu'il s'agissait de son frère, qui arriva quelques minutes après. Kana soupira ; l'union ne faisait pas la force, elle faisait la faiblesse. Leur plan avait échoué.

Pourtant, les jumeaux se montrèrent à la hauteur des espérances de leurs géniteurs. Très vite, leurs caractères tels que vous les connaissez se révélèrent, Ramsès était impétueux, enflammé, Apophis était réfléchi et glacial. Kana les éleva aux coups, aux morsures, à la douleur. Pas d'amour, pas de tendresse, juste des insultes, du mépris. Nobody observait, récompensant les prouesses de ses rejetons d'un regard fier ou les punissant d'un regard méprisant. Kana préférait Ramsès, qui lui ressemblait davantage, Apophis était sous la protection de son père. Kana et Nobody les privèrent d'enfance, noircissant leur âmes dès le début. Leur destin était écrit, jamais ils n'auraient la possibilité de s'en détacher.

Quand ils eurent 7 mois, leur mère les envoya sur GS, une terre qui l'avait vue grandir et où elle avait semé la terreur. A eux de reprendre le flambeau. Leur père avait été assassiné par un de leurs frères, un certain Oedipe. Il l'avait délivré de son fardeau, il l'avait délivré de lui-même. Ramsès et Apophis arrivèrent ici sous le règne de Kishin, qu'ils haïssaient profondément, bien qu'étant leur petit neveu. Enfant, Ramsès fit la rencontre de trois juments qui allaient marquer sa vie. Rin, Yuzuki, et bien sûr, Amalfi. Rin le fascinait par sa douceur et sa naïveté, et leur idylle étrange se solda vite par un échec lorsque l'alezane se mit à se rebeller. C'est donc tout naturellement que Ramsès se tourna vers sa soeur, Yuzuki, la seule avec qui il fut officiellement en couple. Il tua leur enfant à la naissance, lui faisant croire que des loups l'avait dévoré. Les femmes s'enchaînèrent dans la vie de Ramsès. Lui qui reprochait à Kishin de se laisser affaiblir par elles, il se révéla aussi sensible que son oncle à leur égard. Miu, Lunaio, Sohjo, Caelis, Brooklyn, Lou, Amalfi... toutes eurent une place certaine dans la vie, à défaut du coeur de l'étalon.

Apophis le laissa d'abord seul, parti tuer leur génitrice Kana, et il se faufila dans la vie des GSiens aussi aisément qu'il lui était difficile de cacher sa vraie nature. Il commettait quelques petits crimes dans la plus grande discrétion, mais les GSiens ne se doutèrent jamais de rien. Il tua Lou aussi fugacement qu'un ou deux baisers qu'il lui avait volé. Et puis Apophis revint.
Ils pouvaient enfin jouer le rôle de leur vie. Ensemble, ils étaient plus forts, se combinant à la perfection, se faisant passer l'un pour l'autre avec une aisance telle qu'on ne pouvait les distinguer. C'est alors que Ramsès commença à fasciner les demoiselles, les entraînant dans une spirale hypnotique mortelle. Sohjo, l'innocente enfant, eut à subir les assauts pédophiles de l'étalon appaloosa, qui se récolta finalement l'amour de la victime pour son bourreau. Fasciné par sa peau pâle sur laquelle se détachait si bien le sang qu'il lui arrachait, il finit par perdre son petit cygne de vue. Il détourna alors son appétit féroce sur l'ex de son neveu, Miu. Il la charma, sachant à quel point elle aimait être violentée et aimée à la fois. Elle ne lui déplaisait pas au contraire, mais ses sentiments pour elle furent alambiqués, à l'instar de Lunaio, l'enfant maudit qu'il avait voulu tuer. Il avait sans doute dû justifier ses actes en accusant son frère plutôt que lui, c'est ainsi qu'il parvint à ses fins avec la douce jument alezane, lui avouant dans un demi-soupir que lui arracha son coup de rein final que c'était lui qui avait assassiné son ancien amant. Cruelle confession dans un moment ô combien importun ! De leur union naquit Absalom, le seul de ses fils pour lequel il eut un semblant d'attention, le manipulant sans peine contre sa propre famille et ses propres amis. Le seul qu'il l'aimait peut-être vraiment, de la force de son innocente jeunesse.

Lunaio, la fille de Miu, se laissa faire pour se sauver de l'ennui, donnant naissance à Alena, que Ramsès ne parvint pas à enrôler. Il viola Lina, l'épouse de Kaly, ce qui donna Elsa. Il ramena sous son joug la petite Caelis, en quête d'aventure, donnant naissance à Chaodence, celui qui se rapprochait peut-être le plus de l'idéal que Ramsès avait voulu pour Absalom, mais également Brooklyn, sa sombre et cruelle démone qui commit l'erreur de s'enamouracher du pire ennemi de Ramsès. Son destin dès lors fut tout tracé, et sa sentence sonna avant même que la flamme de son amour pour Budapest ne s'étiole. Il la saillit mais trop tard : l'enfant était de Budapest. Monayant la vie de l'un ou de l'autre, Ramsès ricanant assassina la belle Brooklyn tandis que le père s'enfuyait avec l'enfant. Une autre de ses victimes fut bien sûr la douce et tendre Mélilla, qu'il avait déjà persécuté dans son enfance. C'était une autre époque : il se cachait derrière un trouble de la personnalité et les GSiens indulgents se laissaient berner par cet étalon picoté qui semblait profondément sincère. Il avait été à bonne école : son père n'avait-il pas été horrifié de toutes les horreurs qu'il avait commise ? Il acheva Mélilla après qu'elle ait donné naissance à un enfant forcé, par Lecherous, bras droit de l'étalon égyptien. Sans pitié, sans gentillesse, il lui écrasa la tête tandis que ses deux filles s'échappaient sans se retourner. Il était la mort, il était le Chaos, il transpirait le sang, et la cruauté, et la perversité.

On lui accorda bien d'autres cruautés, comme l'enlèvement et le massacre d'Elsa sa propre fille. Le viol de Luciole, par son frère Apophis, et la mort violente de Nefertiti, mère de Septenrê. Ou le meurtre de Marcey, le frère d'Amalfi. Mais c'était un meurtre passionnel, une preuve d'amour : il lui offrait la liberté qu'elle ne s'était jamais accordé. Parce qu'Amalfi ... Apparition sensuelle, ombre décharnée sur laquelle ses yeux s'était posés, enfant. Une exaltation au coeur, un désir immense pour ce petit corps ... Elle était si monstrueuse qu'elle ne pouvait qu'être sa reine. Reine déchue qui ne laissait pas approcher son corps cabossé. Elle fut sa mentor, sa tutrice, après Zia qui avait été celle d'Apophis. Elle fut sa muse, sa bienfaitrice, son désir jamais assouvi, son amour inavoué. Et il brisa tout ça, dans une rage aveugle, prêtant crédit à des mensonges de trahison. Bloqué par Apophis, il lui grimpa sur le dos et déversa en elle toute la violence de son désir brûlant. Il la brisa, la malmena, se tuant lui-même dans chaque coup qu'il lui assénait. Puis il partit, ne la revoyant jamais. Jamais ?

Elle donna naissance à deux petits êtres fragiles, maigres, bizarres. Qu'elle confia à Mara. Qu'il ne vit jamais. Mais quand l'heure de ses retrouvailles avec la mort avaient sonnée, l'égoïste Ramsès refusa de s'en aller avec sa plus immortelle amante. Et préféra retrouver son hideuse beauté noire. Il en avait été convenu pourtant, depuis toujours : si Ramsès et Apophis se retrouvaient bloqués, ils devaient l'un et l'autre se tuer. Piégés par les GSiens bien amochés, Ramsès et Apophis se rapprochèrent, s'embrassant le cou, tranchant leur jugulaire ... Apophis tomba, Ramsès s'écarta. Menteur. Tricheur. Et tandis que soudain la peur illuminait son regard ténébreux, Elle fut là, princesse des ténèbres, reine de la nuit, reine de son coeur. Elle marcha droit à lui, et telle une délivrance, apposa ses lèvres sur son corps, lui brisant la nuque tandis qu'il s'offrait, humble, aimant, soumis, à l'unique qui avait su faire palpiter son coeur. Elle se jeta dans la vide tandis qu'il se vidait de son sang.

Et ainsi Ramsès mourut.

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