♦ Il y a mille flammes, mais un seul feu.

Au chaud dans le sanctuaire, Rehan observe par la fissure dans le mur, l'aube.
Le soleil qui se lève et remplit son rôle en déversant ses rayons sur le monde le fascine. Immobile, il ne va pas parcourir le sanctuaire.
Scotché sur la sphère de feu, quelque chose vient le perturber dans son analyse. Il s'éloigne de la fissure. Il a détecté une nouvelle odeur.

Aelwënn était complètement fascinée face aux centaines d'oiseaux qui l'entouraient. Le nez en l'air, elle essayait d'en suivre un, en plein vol, quand soudain, elle percuta quelque chose.

Malgré la détection, Rehan ne réussit pas à esquiver la pouliche qui finit par le heurter.
Regardez devant vous. Et après il est dit que monsieur avait la tête en l'air. Il se rend compte de sa phrase sèche. Il ajoute :
Excusez-moi. À croire que c'est une habitude ici de se rentrer dedans.

Surprise, Aelwënn bondit en arrière, prête à se confondre en excuses. Mais la voix du poulain tranchant sèchement l'air mit fin à cet élan, et elle ne put qu'à grand peine retenir un sursaut de colère. Elle se radoucit brutalement, alors que son interlocuteur en faisait de même. -Oh, ce n'est rien, ça va. C'est vrai, je n'ai pas fait attention non plus. Tenta -t- elle de le rassurer. Puis enchaîna, curieuse : -Pourquoi vous me vouvoyez ? Vous êtes un prince ? Car pour elle, ce langage soigné ne pouvait être que de l'apanage de la royauté, dans son esprit naïf et enfantin.

Je peux être ce prince. Un sourire malicieux vient se loger sur son visage. Il est tellement sur la politesse, qu'il oublie de tutoyer les poulains de son âge. Le vouvoiement à l'égard d'autrui est naturel chez lui. Ses rituels soignés semblent heurter ses connaissances.
Je m'appelle Rehan. Il enchérit cela, le regard planté dans celui de la petite. Son expression ne change pas. Il l'invite à lui donner son identité en retour, la mettant ainsi en confiance avec son air bienveillant.

Aelwënn hocha la tête doucement. Elle se dit que, définitivement, elle aimait bien sa gentillesse, sa bienveillance, et le contrôle qui chez lui semblait inné. Et ses paroles trouvèrent un curieux écho en elle. Au fond, ils cherchaient tous les deux à ressembler à un idéal. -Parce que vous ne l'êtes pas déjà ? Laissa -t- elle échapper, dans un brin de malice qu'elle regretta presque aussi tôt. Et elle avait opté pour le vouvoiement ; s'il aimait ça, pourquoi pas ? -Je m'appelle Aelwënn. Répondit-elle, détachant soigneusement les syllabes de son prénom, seul et unique cadeau de sa mère, en fait.

Je serai un prince en votre compagnie. Le sourire aux lèvres pour accompagner ses brèves paroles. Il utilise toujours le vouvoiement en retour.
Quel rôle aimeriez-vous jouer dans ce monde, Aelwënn ? Le regard plongé dans celui de la pouliche. Il attend sa réponse.