Or et émeraude

(non je ne cause pas de jeux pokémon)

Un soleil joyeux perce tant bien que mal la canopée qui ne laisse entrevoir que peu du bleu du ciel. La lumière qui tombe sur Jim mêle or et émeraude. "Là-bas aussi, la nature est une artiste. ", lui avait dit un jeune ami. Il est enfin venu voir par lui-même. Franchissant frontières et kilomètres, loin de chez lui, on his own.

De sa hauteur, il ne voyait que les racines de grands arbres, raclait contre les arbustes, se faisait happer par des lianes. Maudissant silencieusement sa taille encore naine et cette foutue forêt, où il faisait humide et chaud, Sinha poursuivait tout de même son exploration, espérant trouver la sortie.

Silencieux, Jim se coule d'un pas doux dans la forêt, quand lui parvient le bruit d'un autre explorateur qui trace sa route dans la forêt. Un drôle d'instinct s'empare du jeune brun, qui se tapit habilement dans l'ombre. Il guette la venue de l'intrus, le regard un peu avide, un peu sombre. Et quand l'autre arrive à portée, il prend plaisir à le surprendre. Sa voix calme et douce s'élève de l'ombre qui l'abrite. " Bouh. " Une interjection enfantine qui contraste avec son ton, son regard, son attitude. Il fixe le poulain tacheté intensément.

Sauf que Sinha ressemblait plus au brun qu'il ne l'aurait fallut pour l'effrayer. L'appaloosa portait le même masque trop mur, trop adulte, trop sombre pour sa petite taille, son esprit déja trop prêt pour faire le mal, comme pouvait peut-être en témoigner son corps déja excessivement musclé, formé par ses gènes aussi bien que par l'entrainement de son père. Que ce soit par inné ou acquis, il était mauvais. Alors lorsque l'autre tenta de le surprendre de sa cachette, l'appaloosa ne broncha pas, s'immobilisant calmement en tournant son regard vers l'arbre, détachant le poulain de sa cachette, lui rendant son regard intense. Loupé. dit-il platement.

Jim est agréablement surpris par l'allure de l'autre. Son calme, son froid, sa carrure, lui donne une sorte de grandeur bienvenue. Rien à voir avec les autres zozos de son âge qu'il a pu rencontrer jusque là. Et puis, il flaire quelque chose chez l'appaloosa. Il ne sait encore trop quoi, mais cela lui fait ressentir un frisson invisible, et il fait quelques pas hors des fourrés. Loupé ? Pas complètement. Il ne répond rien, comme ayant oublié les mots. Sa mâchoire se serre.

Pendant le silence, Sinha fixe et détaille son interlocuteur, lui trouvant les mêmes traits fins et sombres que sa mère, et son frère. Se doutant que ce n'était pas le fruit du hasard, l'appaloosa releva son regard vers l'autre, appréciant à son tour son calme et son silence. Sinha. glissa-t-il alors, le jugeant supérieur aux autres qu'il avait rencontre, mais pas encore un égal.

Sinha. Sin. Sin.
Ha ! Il laisse s'échapper un coin de sourire. Avec lui, il sera Redemption, alors. " Red. " Redemption, pour vous absoudre. Ce corps disproportionné l'attire. Le brun fait encore un pas vers le tacheté, mais change de trajectoire pour se retenir de l'approcher d'avantage. Ça ne lui semble ni prudent, ni opportun. Il contourne Sin d'une allure très lente, avec souplesse et retenue. Il voudrait se heurter à lui. C'est ça. Une excitation ténue palpite au fond de son cœur, de ses yeux, sans qu'il ne cherche à la cacher. Attaque-moi, s'il te plaît, penserait-il presque. Ses muscles se tendent tour à tour.

L'appaloosa hocha la tête, retenant son nom, en analysant le regard avide du brun sur lui, sur son corps musclé. Mais Sinha reste de marbre, le suivant aussi du regard, croyant savoir ce que voulait l'autre. Mais il ne gaspillait jamais ses mots, ni son énergie, ne punissait que ceux qui le méritaient. Bien compliqué ce Sinha. Tes parents ? questionna-t-il soudainement, voulant tout savoir avant d'en venir aux poings, puisqu'il fallait en venir à ça.

Les questions, les réponses n'ont plus d'importance. " Oroszlàn " dévoile-t-il sans complexe, pour une fois. Comme si tout le reste ne représentait désormais plus aucun enjeu, comme s'il n'y avait plus que ce qui se passait ici et maintenant qui compterait jamais. Elles n'ont plus d'importance, mais il est curieux lui aussi de connaître les parents de l'appaloosa, comme un détail bonus. " Les tiens ? "

Le tacheté se demande pourquoi il ne nomme pas sa mère, mais n'en demande pas plus, se faisant cependant une promesse silencieuse de l'apprendre. Runaway et Sweeney. lance-t-il, attendant la réaction de surprise que cette réponse semblait inspirer partout où il allait.

Mais ces noms, ils ne les connaît pas. Pas encore. Il a pour l'instant vécu trop loin de cette branche de la famille. Il hoche à peine la tête, arrêtant ses pas méticuleux une fois de l'autre côté de Sin. C'est là qui la remarque enfin. L'odeur. Son cœur s'accélère le temps de quelques fous battements, avant de retrouver son calme relatif. " Les ombres... " murmure-t-il avec surprise, comme une confidence, une révélation à lui-même, un secret pour eux deux. Les interrogations ont cette fois d'avantage gagné son regard. L'image de deux chevaux noirs et élancés flotte devant ses yeux. De loin en loin, Sinha a les mêmes relents.

Le tacheté suit le sombre du regard, dilatant ses naseaux lorsqu'il s'immobilise, et murmure. Ses mots ne disent rien à l'appaloosa, qui ne les as jamais encore entendu nommés ainsi, mais il devine de qui veut parler Red, et l'image lui plaisait fortement. Sa connaissance de sa famille était désormais complète, puisqu'il assimilait désormais le visage du poulain à celui de la grande noire qu'il avait croisé quelques jours auparavant. Et puisqu'il connaissait désormais le père ... Sinha plissa ses petits yeux cruels, souriant lentement. On est deux erreurs. murmura-t-il, de la même façon que Red l'avait fait, comme pour lui même.

" Pourquoi dis-tu ça ? " Ses sourcils se froncent. Il n'est pas sûr de comprendre. Ni d'être d'accord. À vrai dire, c'est surtout qu'il en sait bien trop peu sur sa génitrice, et sur les parents de Sin. Juste qu'ils se ressemblent étrangement - ou non, justement. Quelque part, ça l'intéresse beaucoup. Comme un vieux mystère auquel il s'est habitué, mais qu'il n'a jamais renoncé à dévoiler un jour ou l'autre.

On n'aurait pas du être. Pour sa part, il en est pleinement conscient, alerté par les visages qui se décomposent lorsqu'il annonce qui sont ses parents. Il toise de nouveau Red, et ses petits yeux sombres décèlent de nouveau la ressemblance, ne peuvent s'en défaire. Il est presque sure que la noiraude sinistre qui lui avait annoncé être de sa famille était aussi la génitrice de ce jeune. La tête lui en tournait, cela devenait trop compliqué. Oublie, je m'avance trop. murmura-t-il, enclenchant le pas en contournant l'autre, espérant tout de même qu'il le suive.

Bien sûr qu'il allait le suivre. D'une allure un peu plus lente, peut-être. Une allure pensive. Il ne peut contredire l'appaloosa. " On s'en fou ", répond-il néanmoins, avec plus de rage qu'il n'avait prévu. " On est là, maintenant. "