/ god complex

Quel endroit parfait pour lui rappeler l'horreur de son état. Sinha maudissait chaque fichu arbre qui le surplombait, se moquant de sa condition d'enfant, lui rappelant à quel point son corps ne lui allait pas.

Rowena émerge de derrière l'un d'eux, et son regard se pose sur le jeune être. Tiens tiens. Un spécimen des dernières naissances. Un corps bien développé ; ça fait plaisir à voir. Les GSiens ne sont donc pas destinés à n'engendrer que des avortons. Elle le détaille sans gêne avant de sourire avec miel. " Bonjour. "

Il ne sursaute pas lorsqu'une silhouette fantomatique émerge, se contentant de la fixer, calme, sans ciller, semblant bien trop adulte pour son age. Il ne répondit pas à son salut, se contentant d'hocher vaguement la tête, n'aimant pas parler pour rien.

Et il n'a pas l'air niais, ni débile. Fort bien. " Qui sont tes parents ? " demande-t-elle de but en blanc. Son géniteur doit être prometteur ; elle se le prendra peut-être aux prochaines chaleurs

Elle lui posa une question sans tourner autour du pot, et il apprécia, alors pour la récompenser, il répondit de la même manière : Sweeney et Runaway. En observant la noire, il lui décela quelque chose familier, comme un visage qu'il avait déja vu au creux d'un rêve.

Sweeney et Runaway. Un frisson tressé de dégoût, de surprise et de fierté s'empare mollement de son cœur. Quelle horreur, de se confronter à cette aberration. Quelle surprise, de le voir en vie, et ainsi formé. Et quelle fierté, de savoir son beau Sweeney comme co-auteur de l'œuvre, avec sa propre chair comme parti. Ses yeux soudain brillants et un fin sourire lui donnent un air avide. " Runaway t'a donc permis de vivre. Et Sweeney aussi. " Non, elle raconte n'importe quoi. Elle ne sait même pas ce qu'il s'est passé. Peut-être n'a-t-il même jamais rencontré son père ? Trop de possibilités pour les évoquer. " Raconte-moi ", le presse-t-elle avec l'impatience d'une jeune fille, sans se soucier de convenance ni de contenance. Elle a hâte d'en savoir plus. Avant, peut-être, de le tuer ; la possibilité n'est pas écartée malgré tout huhu.

Il vit sa réaction, aussi discrète soit-elle, avec ses yeux créés pour discerner ce genre de détails. Il hocha sa tête sur le coté, comme pour mieux la voir. Il avait tant de questions qui ne trouvait réponse, mais il préférait y répondre lui-même que de les poser, même si ce que disait cette noire l'énervait un peu. Bien sur que sa mère l'avait laissé vivre, elle était à la merci de ses hormones et de son instinct maternel. Faible, donc. Et son père l'aimait trop. Ils m'arrachent l'un à l'autre. glissa-t-il, un petit sourire s'emparant du coin de ses lèvres. Non, il était bien trop précieux pour eux.

" Ils étaient pourtant censés t'arracher tout court ", commente-t-elle pensivement, son regard se perdant dans le sous-bois obscur. Mais il revient bien vite sur lui. Une telle splendeur ! Comment un produit consanguin pouvait-il être aussi bien doté ? " Qui t'éduque ? " Le petit ne semble avoir ni le tempérament de Sweeney, ni celui de Runaway. Plutôt celui d'Owberine, ou même... de Rowena elle-même. Bien que son excitation actuelle éloigne la femelle de son état d'esprit habituel.

Le père. dit-il machinalement, se demandant toujours qui elle était pour prétendre connaitre aussi bien ses géniteurs. Pour l'instant. Qui es-tu ?

" Ah ; la tradition familiale se perpétue donc. Sweeney a toujours été celui qui s'occupe des enfants.  " Elle dresse une oreille. " Et de qui espères-tu donc obtenir la suite de ton éducation ? " Il y avait peu, très peu de bonnes réponses à cette question. Une seule, en particulier, siérait complètement à Rowena. Et puis, à sa question, elle s'interrompt un instant, avec un brin de surprise de découvrir son étourderie ; oups, elle ne s'est même pas présentée. " Je m'appelle Rowena. Tu l'as sans doute remarqué, je suis de ta famille moi aussi   Et toi, quel nom t'a-t-on donné ? "

Il reste silencieux, ses grandes billes noires fixées sur celles de la noiraude. Rowena donc. Il enregistrait silencieusement toutes les informations qu'elle lui donnait, en essayant d'en donner le moins possible en retour. Etre sa famille ne voulait pas dire être son allié. De toute façon Sinha n'avait qu'un allié. Sinha. Je ne sais pas encore. Une fois qu'il en aurait fini avec Sweeney, il n'avait pas encore décidé vers qui il se tournerait. Sa mère et son oncle (ou son demi-frère ?) n'avaient pas l'expérience nécessaire.

Son regard s'assombri. Oui, je comprends. dit-il lentement, sentant son sang commencer à bouillir. Mais il se maîtrisa sans trop de mal, soutenant encore le regard de la noire. Mais ça m'a rendu plus fort. glisse-t-il finalement, laissant entrevoir son sourire carnassier, qui n'avait rien à faire sur le visage d'un poulain.

" Ça reste à prouver. " Elle le toise avec un regard plus froid. Une faiblesse courante est un surplus de confiance en soit. Ça peut rendre fou. La mégalomanie conduit à des morts grandiloquentes et ridicules. Elle répond au sourire du poulain - qui ne ma dérange aucunement - par le sien, hautain, qui juge. " Le muscle ne fait pas tout. Tu as peut-être le corps pourri par un piètre système immunitaire. " Voilà une tare autrement plus courante chez les êtres comme lui. Et plus fatale.

Face aux adultes, Sinha se savait plus faible, voir fragile. Contre les jeunes de son age par contre, il se savait supérieur, de part son physique, son intelligence, et oui, il avait ça dans le gênes, même s'ils étaient défectueux. Et une fois entraîné, il serait imbattable, ou du moins, il le voyait ainsi. Mais là où résidait sa vraie force, au delà des combats, serait son humeurs caméléon. Il en frissonna de délice, il avait tellement hâte. Que conseilles-tu ? demanda-t-il, toujours aussi calme, une sérénité qui pourrait passer pour de la politesse, mais qui était plutôt une curiosité intéressée. Si elle était vraiment ce qu'elle prétendait être, elle avait peut-être deux trois bons conseils.