Aride et pierreux

(Je peux avec Oros ? )

OROSZLÀN.
L'odeur de son fils empli les contours durs de la vague. Le Lion suit son parfum avec lenteur, prenant son temps, se demandant comment agir avec lui. Il a essayé de venir le voir le plus souvent possible, de le trouver, mais il ne peut pas cacher que ses devoirs de dominant lui ont pris du temps, de l'énergie aussi. Il lui a caché sa récente confrontation qui lui a laissé une belle cicatrice sur le visage, du front à la joue. Il se guide à l'odeur, et pourrait fermer les yeux s'il le voulait : ça le mènerait de toute façon à son enfant.

Et ce dernier ne peut pas louper ce sourire et ces émotions étalées sur le visage du jeune, lorsqu'il l'aperçoit enfin. Il sourit, accélérant l'allure avant de venir tout près de lui. Il s'immobilise, l'observe, et sans s'en rendre compte, sourit de tout son possible. « Red.. » chuchote-t-il doucement avant de passer son encolure puissante au-dessus de celle de son fils, avec affection.

Le Lion le serre contre lui avec une affection non-retenue. Il n'a jamais ressenti ça : le bonheur, la fierté, l'attachement qu'a un parent pour son enfant. Et aussi la peur, qui vient avec, vicieuse. Mais pour l'instant, il ne veut pas y penser.
Personne n'oserait faire de mal à son fils, n'est-ce pas ? Il sent soudainement le petit trembler un peu et  laisse courir ses naseaux contre le corps de Red. « Hé, chut.. ça va, ça va.. Qu'est-ce qu'il y a ? »

Ses mots déstabilisent le Lion, qui tressaille. Alors il la connait. Forcément, voyons. Ils doivent tous se connaître, toutes les pattes de l'araignée. « Je ne peux pas condamner quelqu'un à mourir. » répond-il franchement, d'un ton neutre, le regard perdu dans le vide, sans s'être reculé.

Non t'as bien fait

Le doré se mort la lèvre. Fort.
Non, ils n'en ont jamais parlé. L'ombre noire est devenue un tabou, puis un mythe, puis un cauchemar dont Red ne fait sûrement que deviner les traits dans sa mémoire. Il reste un instant silencieux. A-t-il le droit de lui cacher encore ? A-t-il le droit de lui balancer les informations, pourtant ? Il ferme les yeux, indécis. « Je.. Tu les connais bien ? » demande-t-il finalement, avalant péniblement sa salive.

Une vague de colère envahit soudainement le Lion. Red le sentira sûrement, tout son corps musclé se tend pour ne former plus qu'un bloc de granit doré. Il fulmine intérieurement. Dire qu'il lui a sauvé la vie, à Runaway ! Qu'il a failli se sacrifier pour qu'elle survive ! Ces deux-là ne perdent rien pour attendre.
Il se calme, ne voulant pas effrayer son fils. Ses mots suivants participent à calmer son emportement, et le touchent, tout au fond de lui. « Eh bien.. Eux et toi êtes demi-frères. » commence-t-il doucement avec un soupir. « Ta mère est un bien sombre personnage. Je ne t'en voudrai pas, si tu souhaites la rencontrer. Beaucoup vont te.. détester, parce qu'ils considèrent que tu es le fruit d'une trahison. » Il détourne le regard, mal à l'aise. Il s'en veut d'imposer à son fils la difficile situation qu'il a connu, lui, enfant. Celui de n'être qu'un bâtard, un fils illégitime, né d'une union ultime, fragile, intense. Folle.