,, j'ai des questions à toutes vos réponses.

AENOR.
À l'écart, elle observe curieusement les animaux qui dansent entre eux. Elle sourit, son imagination s'envole et elle inspire une bouffée de magie.

Grave

Elle ne le sent pas, ne le voit pas.
La princesse reste absorbée par la danse silencieuse des oiseaux majestueux. Elle se surprend même à esquisser quelques pas de côté, elle aussi, inconsciemment. Souvenirs d'une danse ancienne. Son coeur la serre, se broie, et elle relève les yeux pour finalement s'apercevoir de la présence d'un étalon noir. Ses oreilles s'inclinent légèrement. Elle ne le montrera pas, mais il lui reste aujourd'hui cette angoisse solitaire et noire de l'autre. « Qui êtes-vous ? » murmure-t-elle d'une voix presque chantante.

Elle aime bien son prénom. Elle le trouve doux et plein de mystère, à double tranchants. Elle secoue sa crinière rousse et continue de s'approcher. « Aenor. » répond-elle simplement en l'observant, sans vraiment de gênes.

Tant de monde a dû passer ici depuis son départ. « Ancienne, en vérité. J'ai grandi ici et suis revenue après un petit voyage. » Un voyage, tu parles... Elle lui sourit, pourtant, sans montrer rien de ce que ses souvenirs lui rappellent chaque nuit. « Tu es né ici, toi ? »

Elle pense au Nord, au froid, et frissonne. Ce genre d'endroit ne lui conviendrait jamais. « Oui. » répond-elle simplement, naturelle et fluette, se contentant d'une réponse courte et claire.
Les terres lui ont manqué. Les gens aussi. Mais elle ne serait jamais revenue, rien que par fierté de sa liberté, si un autre sentiment bien plus coriace que le manque ne l'avait pas étreint.
La peur.

Mais Aenor porte un masque en permanence. Un masque trouble, un visage qui ressemble exactement à celui qu'elle portait avant, qui était le sien, mais dont certaines expressions sont fabriquées, contrôlées, superficielles. Mais il faut un oeil de lynx pour s'en apercevoir. « De nouveaux paysages, de nouvelles personnes, mais rien qui me retiennent. » Rien ne l'a jamais retenue quelque part.
Sauf une personne. Une qui aurait pu la retenir ici, mais la peur de l'attachement – ah, la liberté, sa plus belle valeur, à la princesse – l'avait faite fuir. Et c'est la peur qui l'a ramenée ici aussi, pourtant.

Une légère tension parcourt les flancs de la princesse de long en large, avant de se taire et de se fondre dans les tressaillements naturels de sa peau. Elle le fixe, d'abord sans rien dire. « Tout dépend ce qui nous fait palpiter. » lui avoue-t-elle avec un petit sourire et un clin d'oeil, discret.