Fleuve de métal

CSILLAG.
Je suis les rails, perdu dans mes pensées. Mes yeux laissent défiler devant leur écran bleuté les bras de fer qui s'enchaînent les uns après les autres.

Je sursaute violemment en entendant une voix et trébuche sur un rail. Je peste, mettant en cause mon inattention. Enfin, mes yeux clairs se posent sur une silhouette fine. Elle me fait penser à ma mère, si ce n'est qu'elle n'a pas des iris bleus. « Ça ne va pas de faire des frayeurs pareilles aux gens ! » râlé-je en m'approchant pourtant.

Je ne sais pas d'où cette inconnue connait ma mère, et j'ignore si elle l'apprécie, mais quoi qu'il arrive, je compte bien la défendre si elle s'en prend à elle ! Je me grandis un peu, et mes muscles qui commencent à se former, prometteurs, roulent sous ma peau fine et brune. « Ruyn est ma mère. »

« Le même. » Ma voix reste calme mais légèrement sèche. Je ne supporte pas que l'on juge mes parents. Je secoue ma courte crinière. J'ai hâte d'avoir de longs et beaux crins Je fixe la veuve noire, sans ciller. « D'où la connais-tu ? »

Et en effet, c'est visiblement plutôt l'inverse Je fronce les sourcils. « Elle ne m'a jamais parlé de toi. Comment t'appelles-tu ? » répliqué-je, suspicieux quant à la véracité de ses paroles. Sa mère lui aurait-elle caché une tante quelconque ? Après tout, c'est vrai qu'elles se ressemblent pas mal, les deux. Je n'offre aucune remarque à ses paroles suivantes, me contentant d'un fin sourire.

Je note le nom précieusement dans mon crâne. Je l'étudie toujours avec minutie et une attention accrue. Quelque chose me dit qu'elle peut m'apporter beaucoup. Tu as raison. « Csillag. » Je réponds d'une voix neutre, me promettant de questionner ma mère sur cette « soeur » cachée.