» que vois-tu de là-haut ?

Oktori

Grimper. Arpenter. Tituber. Escalader. Manquer une marche. Puis deux. Essouffler. Haleter. Respirer. Pour finalement, y arriver et savourer la vue.

▲ Et y savourer la vue, et la vie. Car qu'est-ce qu'on se sent vivant pendant l'effort qu'il faut pour grimper là-haut. On est un peu mort aussi, quand même, mais de fatigue. 'fin Chao c'est un athlète alors il gère encore bien. Terminant son ascension, il aperçoit la silhouette fluette d'Oktori, et lui lance: Eh, tu t'envoleras pas hein! Laissant le vent apporter ses dires à l'oreille de la madame.

Mes yeux scintillaient de plaisir. Que c'était beau, que ça soit ici ou en contre bas. Une légère brise faisait virevolter mes crins et me rappelait la fraîcheur du printemps. Une voix s'éleva soudain, attirant ma curiosité. Et pour cause, elle m'était familière. Cherchant l'étalon du regard, je lui répondis sur un ton amusé < Je ne te ferai pas ce plaisir ! >

▲ Et si mon plaisir était autre? Tu ne sauterais pas quand même? Mais oui, si elle ne voulait pas lui faire plaisir, eh bien qu'elle saute! Il la regardait d'un air de défi, sourire au coin, s'approchant pas à pas d'une démarche de roi.

< Que tu le veuilles ou non, je ne le ferai quand même pas. > dis-je en le prenant de haut. < Ma vie est bien trop précieuse ! > bah oui quoi, on sait que c'est une princesse < Qu'est-ce que tu deviens, vieux crouton ? > lui demandai-je en m'approchant de lui et en commençant cet éternel manège de lui tourner autour, queue panachée.

▲ Quelle capricieuse. Lance-t-il, mine de rien, arrivant à sa hauteur et la gratifiant d'un lever d'yeux au ciel. Pour le prendre de haut, c'était raté, il était plus grand qu'elle quand même. Il la regardait se pavaner, faussement désintéressé. Le vieux crouton se maintient. Et toi, ma miche? Tu rassis?

< J'suis pas encore un pain perdu ! > fis-je en râlant à moitié. < Mais, sinon, ça va. Tu m'manquais presque. > avouai-je en lui faisant les yeux doux, laissant mes paupières cligner à multiples reprises. < Avoue que tu me cherchais, parce que je te manquais aussi. >

▲ Que c'est mignon. Fit-il, faussement touché par ses tours de charme. Il s'esclaffa. Il l'aurait volontiers envoyée bouler, mais quelque chose lui disait qu'il y avait à tirer de la situation et des humeurs de la belle. Va savoir. ¬¬ Rétorque-t-il, avec un sourire séduisant, tout en s'attendant à ce qu'elle change son jeu pour le faire enrager.

< Je manque à tout le monde, moi. Donc c'est obligé que je te manquais et que c'est pour cette raison que tu es ici. > répondis-je, on ne peut plus pompeuse et fière de moi. Je me trémoussais, tête haute, queue panachée et battante, autour de l'étalon. Je voulais lui montrer comme j'étais belle.

▲ Et il n'avait qu'à la regarder pour voir comme elle était belle. Même si pour lui, elle n'égalerait jamais Harmonie. T'as pris quelques kilos non? ¬¬ Et ça repartait.

< T'as besoin de lunettes, tsss. > sifflai-je en lui fouettant le visage de la queue. ON NE PEUT PLUS AGACEE.

▲ Vu la taille de ton cul, je suis pas sûre que ça me soit très utile, même en voyant mal. Et tant qu'à faire, puisqu'elle le gifle, il lui attrape une touffe de crins de la queue entre ses dents. Non mais. ¬¬

Ah ces joutes verbales ! Très divertissant. < Avoue que tu m'aimes comme je suis. > claquai-je finalement, le mettant devant le fait accompli

▲ Bien sur! J'adore les hippopotames... Et paf, touchée coulée. En tout cas tu m'as l'air en forme! Ah non, absolument pas de mauvais jeu de mot sur sa pseudo corpulence.

Je me contentai de lui tirer la langue, face à sa blague de très mauvais goût. "J'suis toujours en forme ! J'suis encore une jeunette vigoureuse et pleine de vie." Bon, peut-être pas exactement, mais il fallait se conforter dans cette idée.