∆ Chemin aveugle

Le rideau épais brouillait la vue de Otsoa. Elle se fia à son instinct pour avancer.

▲ Chicago de son côté, n'avait pas de grands problèmes avec le brouillard: elle avait bien plus de déplaisir avec les barbelés, dans lesquels elle avait fini coincée et éraflée. La petite fjord poussa un hennissement plaintif. Elle essaya, vainement, de dégager ce dernier fil épineux qui lui labourait ses chairs postérieurs.

Elle entendit des cris et elle hennit pour marquer sa présence. Elle se retourna et chercha dans le brouillard. Elle vit rien. Elle se mit à humer l'air et distingua une odeur équine. Elle se hâta et rejoignit la fjord. L'inconnue était piégé dans la clôture du pré. Elle se rapprocha.

« Je vais vous sortir de là. » Elle savait pas comment.

▲ On lui répond. Un équidé. Peut-être, cette fois, ne finira-t-elle pas en dîner. Apercevant la jument blanche, la fjord tente une fois de plus de se dégager. Sans succès. Elle grimaça de douleur et tressaillis en sentant les épines d'acier s'enfoncer d'autant plus dans sa chair. Mieux valait laisser faire l'autre. Allongée au sol, elle ne bougea plus, les naseaux ronflants. S'il-vous-plaît.

Elle avait manqué de courage dans sa vie. Elle était faible mais elle ravala sa crainte. Elle montra de la détermination et fit le tour de la clôture. Elle tapa plusieurs fois pour faire céder le poteau. Il était bien enfoncé dans la terre dure. Elle lacha pas l'affaire et continua à donner des coups dessus.

▲ Couchée flan contre sol, Chicago attendait sa délivrance, laissant l'autre à ses expériences. Elle ne savait pas plus qu'elle comment sortir de là, alors elle lui accordait sa confiance.

Le poteau céda et une partie de la clôture tomba. Elle revint vers la fjord.

« Vous pouvez vous sortir là ? »

▲ Chicago attendit le signal, puis tira, tentant de se dégager. Elle entraîna la clôture derrière elle, puis celle-ci se crocha à quelque chose d'autre et la Fjord fut libérée. Merci. Elle rejoignit la jument blanche.

Elle sourit. Le stress s'evacua quand elle vit la jument libérée.

« C'est normal. » Répondit-elle. Elle scruta la clôture.

▲ Tous ne font pas ça, t'sais. La Fjord se scrute elle-même, s'inquiétant des profondes éraflures qui tâchent encore sa robe claire de rouge vif.

Pardon j'avais un problème de connexion.

La jument était blessé et Otsoa fixait ses plaies.

« Venez on va nettoyer tout ça. » Elle était pas soigneuse mais elle pouvait pas laisser l'autre dans cette situation. Elle prit le pas et l'invita à la suivre. Le brouillard rendait la perception difficile.

▲ Puisque Chicago n'y connaissait rien en médecine ni en soins, elle suivit l'autre sans discuter, persuadée qu'elle saurait y faire. Méfiante quant aux imprévisibles barrières de fer, elle recula ses oreilles.

Elle savait pas quoi chercher. De l'eau pour nettoyer le sang mais elle voyait rien avec ce brouillard. Elle essaya de se repérer avec le bruit mais rien l'avertit de la présence d'eau.

« Je me suis pas présenté je m'appelle Otsoa. » Elle engageait la conversation pour éviter de montrer qu'elle était perdue.

▲ Ne s'apercevant nullement de l'égarement de la jument, Chicago fixait tristement sa plaie sanguinolente. Chicago. Répondit-elle, polie, un peu à l'ouest à vrai dire.