‹ échec et maths ›

Elle a été au paradis, et c'est le Diable qui l'y a emmenée. En tout cas, un ange avec des cornes. À peine visible parfois.
Il la serre contre lui, à l'aide de son encolure. Il a froid et chaud à la fois. Le vent glacial ne parvient pourtant pas à éteindre le feu qui brûle en lui, mais qui se calme, assommé par l'extase qu'il vient de vivre. Son souffle, encore chaud, caresse la peau d'Elune dans un nuage de buée opaque. Il secoue sa crinière nacrée, embrassant doucement son poitrail. Il se calme peu à peu, et refuse l'entrée dans sa tête aux doutes, aux interrogations, aux peurs primitives qu'il ne parviendra jamais à repousser totalement.
Comment Aslaug prendra-t-elle la chose ? Pourquoi est-ce que ça lui importe autant, au fond ? Oublie-t-on un jour un amour ? Peut-on réellement cesser d'aimer une personne qu'on a aimé ? « ça va ? comment tu te sens ? » demande-t-il, intéressé par son bien-être.

Tout aussi tremblante que lui, Moon l'enbrasse à son tour, s’imprégnant de son odeur, musquée, attirante et si forte à la fois. Chacun des geste d'Oros' l'apaise et lui redonnent peu à peu conscience de l'endroit où ils se trouvent. Cette vieille carcasse synonyme de mort venait d'être témoin d'une union que tout un chacun aurait pensée improbable et pourtant. Oroszlàn et Elune venaient de d'écrire le commencement d'une nouvelle histoire, qui relierais à jamais leurs vies respective. Toujours pelotonnée contre le dunalino, Moony ferme les yeux et profite de l'instant, se perdant dans les méandres de ce bonheur qu'elle ne s'était que très peu permis d'espérer.
Il était à elle et elle était à lui, jusqu'à ce que le destin en décide autrement. Rouvrant les yeux pour regarder son Roi, la petite nacrée laissa un cours silence planer à la suite de sa question. « Je ... »Commença-t-elle, encore embrouillée dans un torrent de sensations et de sentiments forts. On recommence quand ? Fut sa première pensée. Mais ce n'était certainement pas la réponse que l'étalon attendait. « Je ne me suis jamais sentie aussi bien de toute ma vie » Lui confia-t-elle au bout de quelques secondes, avec un sourire ravi et comblé. « Et toi ? » La peau de 'Zlàn était moite. Et, posée contre lui comme elle était, Moon pouvait aisément sentir son cœur tambouriner dans sa poitrine.

Il s'ébroue et malgré la chaleur et leurs transpirations mêlées, il n'a pas envie de s'écarter d'elle. Pourtant, les questions fusent déjà. Il se demande comment Redjim prendra la nouvelle, lui aussi. Si Rowena ne va pas se manifester de nouveau en apprenant la nouvelle. Si Aslaug ne partira pas. Comment réagira le Nord, en sachant qu'il met au monde un nouvel héritier ? L'aîné restera toujours Red, mais au fond, il n'est plus au Nord. Peut-être y reviendra-t-il. Qui le remplacera, quand il sera mort ? Pourquoi y pense-t-il maintenant, alors qu'il vient de vivre ce moment magique ?
Parce que ta tête est remplie de démons, garçon, et qu'ils te pousseront toujours au bord du gouffre. Tu ne nous vaincras jamais. Il avale sa salive péniblement, tournant vers elle un regard pourtant sain. « bien aussi. » répond-il seulement, parce qu'au fond, le Lion ne sait pas quoi dire et quels mots utiliser pour qualifier ce qu'il ressent à cet instant-là. Oui, il se sent bien, et tente de se concentrer là-dessus.
Il cligne des yeux et fait quelques pas pour prendre un peu l'air, faire sécher son corps encore chaud et moite. « en te rencontrant, je n'aurais jamais imaginé tout ce que ça allait engendrer. »

Elune sourit, tout en le regardant, de sous sa crinière argentée. Il ne peux certainement pas le voir, mais la petite jument ressent que quelque chose, au fond, ne va pas. Elle a appris à le connaître. À lire en lui. Et elle aussi ayant ses propres démons et questionnements, comprend à quel point il peut être perturbé par tel ou tel problème. Oroszlàn est le Roi du Nord. Et en tant que roi, il à énormément de pression sur les épaules. L'annonce de l'apparition d'une nouvelle compagne pour gouverner à ses côtés n'allait pas tarder à faire le tour de galop sauvage, tout comme celle de sa très probable grossesse. Mais cette fois, ni lui ni elle ne se retrouverait seule face à tout cela.
Et alors qu'il s'éloigne lentement d'elle pour aller inspirer l'air pur au dehors, Moon l'observe, légèrement frissonnante. Elle sera là, avec lui, quoi qu'il advienne. « Personne ne se serait douté que les choses prennent une telle tournure ... » Répondit-elle en le rejoignant, son corps ondulant avec grâce et volupté. « Et pour être franche, je ne regrette aucun de mes choix. Bien au contraire. »

Elle était bien loin, la petite jument charbonnée d'autrefois, qui ne savait même pas ce que voulait dire les mots "trahison" et "amour". Sans parler de sa tendance à ne se méfier de personne. Dépassant alors l'étalon, Elune s'échappa de la carcasse, se donnant au vent et à la neige qui s'était remise à tomber. Puis, faisant à nouveau face à son roi : « Aucun de nous ne se retrouvera plus jamais seul avec ses ombres Oros' ... » C'était une sorte de promesse. Chacun des deux amants savait de quoi l'autre était capable. Ils connaissaient leurs démons et les combattaient avec force et vigueur. « On arrivera à surmonter les problèmes ... »

« moi non plus, je ne regrette rien. » lui assure-t-il avec sincérité. Simplement parce que c'est vrai. Oroszlàn se remet constamment en question, mais pour la première fois, il ne regrette rien de ce qu'il s'est passé avec elle.
Il la suit au dehors, calmement, le vent froid venant contraster avec la chaleur intérieure que son corps ressent encore. Il essuie un frisson, effleure ses flancs des naseaux. Il va de nouveau être père. Sera-t-il un meilleur parent que pour Red ? Son coeur se serre. Son fils s'est élevé pratiquement seul, et aujourd'hui, il reste sa plus grande fierté.
Les paroles de la grise le ramènent à la réalité et il tique, un peu. Il ne répond rien. Parce que sinon, il la contredirait. Ce n'est pas vrai, mais tu ne le sais pas. Peut-être pas encore. Peut-être arriverons-nous à résister et combattre les ombres que nous connaissons de l'un et de l'autre. Peut-être même ceux que je ne connais pas de toi, et ceux que tu ne connais pas de toi. Mais nous ne pourrons rien contre les démons qui me hantent et dont je n'ai même pas réellement conscience. Il décide de ne pas s'étaler là-dessus. De ne pas se perturber plus encore lui-même. Et de changer de sujet. « es-tu contente d'être à la tête d'un empire fait de glace et de froid ? » fait-il doucement, en regardant l'étendue enneigée.

Lui non plus ne regrettait pas. C'était déjà ça de pris. En s'unissant à lui, Elune savait qu'elle allait devoir faire face à des jours sombres. Mais ce qui primait le plus pour elle, c'était le bonheur et le sentiment de se sentir complète lorsqu'elle était avec lui. Apprendre à vivre avait été le défis qu'elle s'était lancé en quitté sa vallée natale. Et aujourd'hui, Moon pouvait assurément dire qu'elle avait réussit. Observant le dunalino s'approcher d'elle et lui effleurer les flancs du bout des naseaux, comme si elle s'était soudainement transformée en l'objet le plus précieux et le plus fragile au monde. De ce fait, un sourire amusé lui échappa, tandis qu'à sont tour, elle lui effleurait la peau, du bout des naseaux. « C'est peut-être un peu tôt pour se poser la question, mais comment voudrais-tu l'appeler ? » Demanda la nacrée, une infinie douceur dans la voix, mélangée à un torrent de tendresse.
Moon avait les yeux brillants, empli d'un bonheur auquel elle n'aurait jamais penser espérer accéder. Alors, lorsqu'Oros' lui demanda quel effet cela lui faisait d'être à la tête d'un empire de glace et de froit, la belle se contenta de pouffer, le regard malicieux. « Le froid et la glace savent se montrer beaucoup plus chaleureux qu'une oasis humide et étouffante. » Répondit-elle en venant chercher ses lèvres, désireuse de retrouver un semblant des sensation qu'il lui avait faites ressentir quelques instants auparavant.

Comment l'appeler ?
Il n'en sait rien. Oui, cela est tôt, mais aussi, qui est-il pour choisir le nom de quelqu'un ? Son père, idiot. Il serre les dents. Saurait-il trouver un nom aussi bien choisi que l'a été le sien ? Pour Red, le nom s'est imposé de lui-même, savant mélange entre la folie de sa mère et les tourments de son père. Mais là ? « j'ai toujours bien aimé le prénom maddison... » murmure-t-il doucement. « mais bon, cela dépendra aussi si c'est une fille ou un garçon tu as des préférences de nom, toi ? » demande-t-il, curieux de savoir, curieux d'avoir ce genre de discussion, aussi.
Il rit aussi un peu à la réponse de la grise, mais n'a pas le temps de répondre qu'elle l'en empêche. Il répond à son baiser, qui apaise ses tourments, libère son bien-être.

Maddison. Tournant et retournant ce mot dans son esprit comme une évidence, Moon laissa un nouveau sourire s'afficher sur ses lèvres de cendre, conquise. « C'est un prénom magnifique ... » Murmura-t-elle, tout en passant ses naseaux au creux de la gorge du dunalino, inspirant à fond son odeur si apaisante et excitante à la fois. « Moi ? » Fit-elle, surprise qu'il lui retourne la question. « À vrai dire, je n'en sais trop rien ... ce n'était pas moi qui aie choisi le nom de mon premier enfant, mais son géniteur ... » Confia-t-elle, se perdant soudainement dans les méandres de ses pensées. Comment pourrait-elle bien appeler leur enfant ? « Joran ... » Lâcha-t-elle finalement. « Comme mon père ... »

Son père qui était mort en tentant de protéger sa famille. Son père qui avait emporté avec lui le plus lourd secret de la vallée. Son père qui n'avait pas eu le temps de lui expliquer tout ce qu'il savait sur leur malédiction. Mais aujourd'hui, la petite nacrée avait tout compris. Et aujourd'hui, elle avait trouvé quelqu'un qui pouvait la comprendre et partager ses craintes, tout en l'aidant à surmonter son démon. Comme elle l'attendait, ce quelqu'un répondit à nouveau à son baiser, ravivant le feu, qui ne s'était pas éteint. Décidément, il avait le don pour la rendre folle. Pour réveiller en elle des sensation méconnues, comme si il la forçait à s'éveiller elle même.

Maddison ou Joran. Fille ou garçon. Les deux, peut-être ?
Il sourit. « j'aime beaucoup. alors on dirait que les choix sont faits » fait-il avec un petit sourire. Il finit par rompre le baiser, lentement, en gardant son chanfrein contre le sien. Plus fin, plus gracieux peut-être. « j'aurais tout donné pour que mon père soit encore là et puisse voir ce que je suis devenu... » murmure-t-il, pour elle ou pour lui-même, on ne sait pas trop. Il ferme les yeux. Est-ce que tu es fier de moi, papa ?

Moon l'observe, encore et toujours. Elle tente de happer chacune de ses émotions. Sport relativement difficile, mais avec le temps, la belle apprenait à reconnaître les mimiques et signes avant coureurs de tel ou tel sentiment chez son compagnon. « Il serait très fier .. » Affirma Moony, en gratifiant le dunalino d'un petit coup de naseau sur la ganache, accompagné d'un sourire. « Pour ma part, mon père serait déçu que j'aie fuit la vallée ... tout en étant fier de mes progrets » C'était un sentiment étrange. Un subtil mélange entre la nostalgie, le manque et la fierté ...
S'éloignant alors de quelques pas, Elune secoue l'encolure, bien décider à lui changer les idées, histoire qu'il ne commence pas à broyer du noir en cet instant. « Tu viens ? On va marcher un peu ? »

Il ne répond pas, hochant simplement la tête, perdu dans ses pensées. Il s'extirpe de l'oiseau de fer, se dégourdissant les membres, posant pas après pas sans aucune hésitation sur le sol froid.

( pour moi y a pas de soucis :D )

Ils s'étaient déjà rencontrés tu t'souviens pas ? :3
Mais oui, il peux venir ♥

Emboîtant alors le pas à son amant, Moon regarde droit devant elle, un petit sourire rêveur aux lèvres. « J'ai hâte que tu me parles de notre royaume ... » Fit-elle, pleine d'espoir. Pour la nacrée, d'était une nouvelle vie qu commençait.

Il tourne sa tête vers elle, l'observant calmement. « tu peux me demander tout ce que tu souhaites savoir, j'y répondrai.  » Qu'y a-t-il à savoir sur le Nord ? Pour y avoir toujours grandi et l'avoir vu se construire (y avoir contribué aussi, espère-t-il), il peine à voir ce qu'il pourrait apprendre à quelqu'un d'étranger au Septentrion.