⌂ flash back

Le vertige l'accueillit dans ses bras et la tétanisa. Devant le pont elle s'engagea pas. La peur que les cordes se rompirent ou les planches en bois cédèrent sous son poids. C'était comme si elle revenait en arrière avec son coatch quelque mois auparavant.

Plus elle arpentait le territoire, plus elle se sentait à l'aise et presque " comme chez elle ". Presque. Il lui manquait un élément important : son frère. Qu'est ce qu'il foutait ? Il en mettait du temps à arriver.
Une silhouette blanche au bord du vide attira son attention et cessa, quelques secondes, de la faire ruminer. Elle s'approcha silencieusement, avec la grâce d'un félin, pour se poster subitement à ses côtés. L'inconnue faisait face à un drôle de pont, peu rassurant, ce qui l'attira d'autant plus. Mais la jument blanche restait plantée là, immobile. Tétanisée peut être ? Elenwë arqua un sourcil dubitatif. « T'attends quoi ? »

Le soleil accompagna la Grise. Ses yeux mi-clos elle était concentré sur le pont. Le vent absent et l'esprit occupé elle distingua pas la jument approcher. Une voix l'interpella et son cœur accéléra le rythme. Elle fut surprise par l'inconnue. Elle pivota sur elle-même pour se retrouver en face d'une étrangère à la robe fauve.

« J'attend... » S'interrompit-elle pour réfléchir. Elle savait pas quoi lui répondre. Avouer sa peur montrera sa faiblesse. Mais c'était trop tard. Quelque chose clochait et c'était pour Otsoa difficile de trouver une excuse après son temps de réflexion.

« Vous êtes déjà allée de l'autre côté du pont ? » Demanda-t-elle mal assurée pour poursuivre. Ses yeux balayèrent l'espace.

Elenwë attend une suite … une suite qui ne vient pas. Elle fronce les sourcils et fixe l'inconnue avec insistance. Se moque t-elle d'elle ? Ou ne sait-elle réellement pas ce qu'elle attend ? Une pulsion lui donne l'envie de la pousser contre son gré sur ce pont qui la tétanise, mais malgré ses muscles qui se tendent par l'impatience qui la gagne, elle se retient tant bien que mal.
“ Non. “ finit-elle par lâcher abruptement dans un souffle, comme si elle s'était retenue de respirer pour se contrôler. “ Mais cela ne serait tarder. Et toi ? “ Bien que la réponse semble évidente.

L'agacement de l'inconnue heurta Otsoa. Elle commença à paniquer. Ses yeux passant du pont à la jument sans savoir où se stabiliser. L'autre lui répondit qu'elle allait pas tarder à passer de l'autre côté. Elle hésita à se servir de l'occasion pour affronter sa peur du vertige.

« Et si nous traversons ensemble ? » Osa-t'elle demander à cette étrangère. Elle espérait une réponse positive. Mais elle douta que cette inconnue veule se charger d'un poids lourd dans son expédition.

Ely la toise d'un oeil sceptique, avec cet air hautain et agaçant lorsqu'elle la jauge de haut en bas et de bas en haut. Elle garde le silence un instant, passe furtivement ses yeux sur le pont incertain avant de revenir à l'inconnue et de hausser les épaules avec nonchalance. ” Pourquoi pas. “ finit-elle enfin par répondre. Mais la rouquine ne veut pas que son interlocutrice se défile, si bien qu'elle attend qu'elle s'engage la première.

Elle sentait le poids du regard sur elle. Elle pouvait pas se défiler. Elle avala sa salive et fit son premier pas sur les planches en bois. Le pont trembla et elle regarda inconsciemment le vide. Le vertige l'atteignit et sa tête tourna. Les muscles tendus elle poursuivit son engagement sans être rassurée. Le pont était instable et il bougeait sous la masse de Otsoa. Elle était pas à l'aise et jeta un regard derrière elle pour voir si la jument la suivit.

L'amazone prend le pas derrière l'inconnue mais s'immobilise aux abords du pont, attendant qu'elle fasse ses premiers pas mal assurés, qu'elle observe avec un mélange d'amusement et agacement. « Ne regarde pas en bas ! » gronde t-elle lorsqu'elle la voit divaguer vers le précipice. Ely s'attarde sans s'en apercevoir sur les courbes de la jument. Elle est plutôt jolie sous ses airs apeurés et fragiles. Elenwë finit par s'engager à son tour sur le pont, d'un pas souple et assuré, et ne tarde pas à rejoindre l'inconnue. « Laisse toi porter par ta peur et l'adrénaline qu'elle génère. Regarde droit devant toi, ne te pose pas de question. » souffle t-elle, moins abrupte, ses yeux profitant de la proximité pour s'attarder un peu plus sur son corps joliment dessiné.

Elle tituba sur le pont et elle s'arrêta. Ses paupières se fermèrent et elle prit une grosse bouffée d'air. Elle sentait son cœur cogner contre sa poitrine. Elle déglutit et écouta les paroles de l'inconnue. Elle essayait de calmer son vertige en se concentrant. Le pont vibra l'autre s'était engagé à son tour sur les planches en bois instables. Elle ouvrit les yeux et fixa un point devant elle. L'étrangère avait raison. La peur généra l'adrénaline et une secousse l'obligea à avancer. Elle articula lentement chacune de ses foulées sans regarder en bas.