hell in a box

Sa respiration est régulière quand elle s'éveille. Elle ouvre les yeux. La torpeur la noie encore, alors elle reste couchée, d'abord. Ses yeux errent sur le peu de choses qu'elle peut voir. Il fait sombre, frais. Elle est allongée sur de l'herbe coupée et sèche. Rêche. Du bois et du métal forment une limite presque immédiate. Un endroit clos... Elle est dans une de ces boîtes construites par les humains. Les humains... ces chiens... ! Elle s'est faite avoir. C'est pour ça qu'elle est là. Putain. Le cours de ses pensées, les souvenirs lui reviennent maladroitement. L'homme... L'homme a tiré. Sweeney ! Il était avec elle, elle était avec lui. L'homme les a eu lâchement, avec ses armes de feu. Le feu... Lestrange... Lestrange avait reçus plusieurs de ces coups. De ces trous. Du sang. Il est mort. Rowena se concentre sur son propre corps. Non, elle ne ressent aucune douleur. Elle donne un coup d'antérieur engourdi dans le vide, pour vérifier qu'elle peut bien bouger, que ses sensations sont intactes. Le geste est mal maîtrisé mais tout fonctionne. Son rythme cardiaque s'accélère. Elle le force. Pour bientôt trouver l'énergie de se relever.

Il faut réfléchir. Analyser. Comprendre. Sweeney... il doit être ici, lui aussi. Si elle est là, il l'est aussi. Non loin peut-être... ! L'impatience la gagne. Elle inspire profondément, mais seule la forte odeur du foin et de la paille sur lesquels sa tête repose lui vient. Quelques sons lui indiquent la présence d'autres chevaux ici, pourtant. Elle se remémore le parfum de son brun. Elle veut le sentir. L'odeur... l'odeur du sang. L'odeur du sang et le parfum de Sweeney se mêlent inextricablement dans son esprit. Pourquoi... ? Non. Ce n'est pas si étrange. Sweeney n'est jamais loin d'un peu de sang versé. C'est normal.

Son corps se libère assez de l'engourdissement pour qu'elle tente de se lever. Le premier essai est infructueux, elle retombe au sol comme un poulain au premier jour. MERDE ! Quelle merde putain ! Rowena ne tombe pas ! Ce n'est pas elle ! C'est ces putain d'humains... Cet homme, il l'a droguée... Oui, elle se souvient, c'est comme ça qu'il l'a eue. Comment osent-ils... A cause d'eux, elle est réduite à l'inutilité, la débilité. Grrraaah... Dans sa rage, l'akhal trouve la force de se redresser dès le second essai. L'équilibre n'est pas facile à trouver, elle heurte une paroi en bois, titube en arrière jusqu'à s'appuyer sur le fond du box. Tête basse, elle respire fortement. La tête lui tourne un peu. Son regard noir est rivé sur la fenêtre carrée, seul espace de lumière, au-dessus de la porte de sa boîte. Que personne n'approche. Que personne ne la voit. Elle refuse d'être vue ainsi. Ou bien qu'ils viennent, tiens. Ces putains d'hommes. Ils verront comme elle les accueille.

Mais pour l'instant, personne. Le calme. Les bruits sont assez lointains. Auraient-ils eu la bonne idée de l'isoler ? Ça serait déjà ça. Car il va de soit qu'elle tuerait quiconque l'approcherait, homme ou cheval. Disons que ce n'est pas le bon moment Elle dilate ses naseaux une nouvelle fois. Trop d'odeurs lui viennent, mais pas celle de Sweeney. La Veuve se concentre. Ses souvenirs sont encore flous. Les mêmes détails se répètent en boucle, sans que les zones d'ombre ne se dissipent. Le coup de feu. Elle chute. Le coup de feu. Elle chute. Le coup de feu. Elle chute. L'homme qui sourit, tire. Le coup de feu. Rowena s'active, fait quelques pas nerveux, tourne dans son box. L'homme qui sourit. Sûr de lui, ce chien. Sweeney qui s'élance, elle qui s'élance. Ils s'élancent, mais l'homme tire. Elle chute. Et Sweeney ? Son visage couché au sol lui revient en un flash. Oui, il chute aussi. Ils chutent ensemble. Elle a tellement hâte de le revoir... Le coup de feu. La chute. Le coup de feu. L'homme qui tire. L'homme qui sourit. L'homme qui brandit ses armes. Deux armes. Deux canons. Deux coups de feu. Oui c'est ça. Il tire deux fois, simultanément. Ils chutent ensemble.

Son esprit se délie. S'ouvre plus grand à la lucidité, à mesure de ses pas dans la boîte, qui font circuler son sang. Elle filtre la drogue, filtre les souvenirs. Le coup la touche au poitrail, presque indolore. Mais elle chute. Elle ne voit Sweeney que lorsqu'il est étendu lui aussi, à ses côté. Il sourit. Il lui dit quelque chose. Bien sûr qu'il l'aime. Elle n'a pas l'énergie de répondre, à cause de la drogue. Sweeney tient mieux, avec son gabarit. C'est pour ça qu'il pouvait remuer les lèvres. Quelle force. Peut-être s'est-il réveillé avant elle. Elle veut le voir. Elle VEUT le voir !
Sa colère la pousse brusquement jusqu'à cette fenêtre, elle passe la tête comme une furie, et scrute son nouvel environnement. C'est laid. Ses oreilles sont plaquées sur son crâne nu, son regard d'enfer insulte tout ce qu'elle voit. Pas de Sweeney. Il faut qu'elle sorte de cette boîte pour le trouver. La jument donne un coup dans le bois solide, le mord violemment. Elle n'a pas la force. De désespoir soudain, elle retourne furieusement dans l'ombre de sa boîte en poussant un hennissement déchirant.


(jpréférerais un humain mais bon ça reste libre )

bryan johnson is in da place

C'était si facile. La technologie humaine produit de véritables rois fainéants. Ou des chasseurs sophistiqués. Au choix.
Il observe, avec son regard de chien triomphant. Il a gagné, et il le sait. Il a gagné en pur lâche, mais qu'est-ce qu'il s'en fout! C'est lui qui l'a mise dans le box. Son trophée favori. Elle est si belle et majestueuse, sa bête. Même quand elle est disgracieusement étalée au sol, comparable à une maigre carcasse. Mais majestueuse quand même.

Tiens, elle se réveille. Même dans ses yeux noirs encore endormis, Bryan peut apercevoir la fureur qui l'habite. La pauvre, elle n'a pas fini. Chacune des parties de son corps semble émerger une à une. Tout d'abord, un antérieur qui frappe. Et puis, peu après, la machine se libère de la prison sirupeuse des somnifères. Le temps qu'elle reprenne contrôle de tout son corps, la bête noire trébuche. Mais il ne lui en faut pas plus: encore un essai, et là voilà déjà enflammée, prête à tuer. Elle semble réfléchir, analyser. Elle semble presque avoir une conscience. Est-il possible qu'un cheval soit doté d'une conscience? De réfléchir? De faire appel à sa mémoire pour se souvenir? Autant de questions qu'il se pose, et qui n'auront sûrement jamais de réponse. Là voilà qui fait les cent pas, qui enrage, qui se prépare à faire la guerre.

Le chef du camp fait un pas vers la porte du box de la jument noire, au moment où celle-ci explose en un hennissement furieux. Il s'approche juste assez pour qu'elle ne puisse pas le toucher. Il regarde droit dans ses yeux haineux. Les soutient. Et sourit de toutes ses dents, en prédateur paresseux et profiteur qu'il est. Un charognard, voilà tout. Mais il s'en contrebalance.

« Tu en as mis, du temps. » dit-il comme si elle allait le comprendre.

parfait



A peine l'entend-elle que Rowena se rue de nouveau dehors. Son odeur nauséabonde est immanquable, désormais. C'est lui. Elle se jetterait à travers la porte si c'était possible, pour l'atteindre. Mais ses genoux se contentent de heurter violemment le bois à s'en écorcher la peau. Son encolure longiligne se tend vers le chien à deux pattes, dents en avant. Hors de portée. Elle se rétracte aussitôt, redresse sa nuque dans son port naturel d'encolure. Le nez bien haut, les yeux roulant leur haine. Elle s'en cogne le chanfrein contre l'encadrement du box C'est trop bas. Trop étroit. Trop petit ici pour elle, elle ne peut se contenter de cet espace minable. Surtout si elle doit souffrir la présence de l'homme. Il la toise, goguenard, comme s'il avait gagné. Son langage sophistiqué lui est inconnu mais son ton suffit à la jument : il est confiant, hautain. Se moquerait-il d'elle, à son aise ? La prendrait-il de haut ? Chien bâtard ! Mais il est loin d'avoir gagné. Il l'a juste enfermée. Et si dans "enfermée" se cache l'"enfer", ce n'est pas pour elle, mais pour ceux qui la détiennent.
Elle se calme. Elle le hait mais elle se calme. La jument souffle brusquement des naseaux pour lui signifier son dédain. Puis elle disparaît dans l'ombre du box. Les humains sont décidément trop laids. Et celui-ci, aussi détestable qu'il puisse être, ne mérite pas autant d'attention de la part de Rowena. Qu'il comprenne bien qu'il n'a rien de son respect et n'en aura jamais.
La Veuve se place contre le mur troué de l'ouverture, sombrement. Position de choix pour cueillir tout ce qui oserait passer par l'ouverture ou s'approcher. Elle tente d'ignorer la présence de son ennemi de l'autre côté de la paroi. Il faut qu'elle réfléchisse, qu'elle trouve un plan. Une stratégie. Elle en sait encore si peu sur cet endroit... Et sur les intentions des bipèdes. Pourquoi les capturer ? Que font-ils des chevaux ? Où peut bien être Sweeney à l'heure actuelle... ? Elle l'imagine donner du fil à retordre aux hommes et ça la détend quelque peu
Bon. Elle aura du mal à sortir d'ici sans l'intervention d'un humain. La porte en bois est trop robuste. Il faut que le cowboy le fasse pour elle. C'est horrible de s'en remettre à lui, mais elle ne voit pas d'autre solution pour l'instant. Elle guette, donc, une oreille tendue, les prochains gestes extérieurs. Il faudra qu'elle résiste à l'envie de lui arracher le bras. Pour l'instant.

La porte s ouvre.
!
Rowena s autorise deux secondes d hésitation. Elle sait que chez ces animaux, tout est calculé. Qu en sortant, elle fera exactement ce qu il veut - lui qui est trop malin pour oser s aventurer à sa portée. Mais elle aussi, ça l arrange. Elle aussi, elle calcule. Alors, dignement, elle s extirpe de l horrible boite, d un trot ample, vif mais lent, assez pour analyser rapidement ce qui se présente à elle au fur et à mesure. Sa tête retrouve son port altier des le chambranle de porte passé. L espace, plus ouvert, ne lui laisse pas beaucoup le choix : de nouvelles barrières la condamnent à rester en tête à tête avec son bourreau encore un peu. Oh, vivement que les rôles s inversent.
Le fouet claque ; voilà un geste bien avisé... Peut-être serait-il déjà mort sinon, qui sait ? Mais la Veuve est bien forcée de s éloigner. Du moins, prend-elle possession de l espace, de ses amples foulées ariennes. Ses oreilles captent tout ce qui peut être capté, mais son regard d enfer fou quitte à peine le bipède.

Puis elle s arrête, d un coup. À quelques mètres de lui ; pas du plus loin possible. Elle sait qu elle est grande. Elle connaît son apparence terrible. Elle sait qu elle intimide beaucoup des siens. Pourquoi pas eux ? Voyons voir. Ses dents se découvrent, au ras du sol quand elle baisse l encolure d un geste preste et contrôlé. Son antérieur se soulève lentement, rendant plus brusque encore le raclement de sol qu elle fait suivre.

Aucun moyen de l atteindre ? Elle n en est pas si sûre. Il suffit d attendre l occasion. La moindre erreur d inattention, et l enfer fondra sur lui. Une demi tonne contre moins d une centaine de kilo : sans armes, il n est rien face à elle.
Mais elle a appris de ses erreurs. Toujours se mefier d une main umaine qui n est pas vide, même si ce qu elle contient semble inoffensif. Et pour l instant, le fouet maintient la distance.
Alors, elle ne fonce pas sur lui, comme elle aurait pu le faire. En fait, elle reste immobile. Sa mâchoire se referme doucement, ses dents disparaissent. Les quatre pieds poses, elle keep l encolure basse. Et le toise, calmement, simplement.
Tandis que son esprit continue de tourner à plein rejime, bien sûr.

)je sais plus si il a un fouet en fait mdr, corrije moi si il faut)