★ Un vertige puis le silence

(oroszlàn)

Mais je connais l'histoire, il est déjà trop tard : dans son regard, on peut apercevoir qu'elle se prépare au grand voyage.

Dans la plus haute tour du château se terre le Lion. Son corps doré est dévoré par les ténèbres. Il se tapit souvent ici, maintenant. Comme un refuge, puisque les hommes lui ont pris ce qu'il avait de plus cher. Son fils, sa maison. Il laisse son souffle s'échapper par la faible ouverture que lui propose la seule meurtrière du donjon. Il entend des pas résonner contre les murs, plus bas dans le château, et remonter jusqu'à lui dans un écho tremblotant qui longe les murs.

Ce soupir las ne s'arrête pas et perdure, comme la voix d'un mourant. Ou son espoir, despotique, qui coagule le long des murs du château. Il ne bouge pas. Seuls ses oreilles vibrant légèrement démontrent qu'il est réellement là, conscient, surveillant par le son l'avancée de l'inconnue.

Il entend l'inconnue se rapprocher. Elle monte. Il couche brusquement ses oreilles, puis soupire, las. Es-tu vraiment devenu cet étalon taciturne, solitaire, qui ne veut voir personne ?
Non. Non, ça, ce n'est pas moi !
Alors, il redresse de force ses oreilles. Il garde son masque sombre, mais cela fait de nombreux jours (semaines ? mois ?) qu'il ne parvient plus à le quitter. Il garde malgré tout la prestance qui le caractérise, et cette flamme brûlante au fond de son regard. Brûlante comme son royaume est fait de glace. Il secoue sa crinière argentée, hennissant doucement, d'une voix rauque, pour signaler sa présence. Pas besoin de surprendre l'inconnue, il parait qu'il effraie déjà suffisamment de monde.

Ah, si elle savait ! Que Septenrê n'est personne d'autre... que sa propre mère. Il se relève, s'ébroue puissamment avant de faire quelques pas pour se détacher de l'ombre qui plane sur son corps comme une épée de Damoclès sur sa tête. Il esquisse même un sourire. Un peu bancal, un peu étrange, mais il veut réellement se reprendre, se réveiller, faire des efforts. « Bonjour... Je m'appelle Oroszlàn. » énonce-t-il, comme une poésie. Il ne met jamais en avant son statut de dominant nordique, jamais sauf s'il en a recours ou qu'on le reconnait d'il ne sait où. Il lui retourne la question d'un mouvement de tête, inquisiteur.