What can I do?

La migration. Il a été poussé vers de nouveaux terres par des créatures qu'il ne connaissait pas, le chemin a été long pour lui, son pied n'était pas en bon état, lui faisait encore plus mal à chacun de ses pas, comme s'il marchait sur des épines de roses. Il ne pouvait plus tout seul, il voulait retrouver un troupeau au plus vite, mais seulement après s'être reposé.
Il se posa sur le premier bute de terre humide qu'il avait vu, laissa parcourir sa fraîcheur sur son corps, mais jusqu'à seulement que ses regards se posèrent sur un pierre, soigneusement placé devant lui. Il se releva d'un bond sur ses trois pieds saines et un pas saine. La face horrifié, immobile, paralysé, et sans voix pour laisser échapper un hennissement de frayeur.

Courbaturée, vidée de mon énergie, j'erre.
Encore.
Je ne sais plus quoi faire, ou aller. Tout autour de moi m'est inconnu. Ça ne me dérangeait pas, avant...mais maintenant je me rends compte que je m'étais attachée à nôtre territoire.
Les humains on tout gâché, et par leur faute nous nous retrouvons ici, sans repères, largués loin de nos foyers.
Pas que j'ai du monde à qui je tienne, non, pas vraiment.

A cet instant, un petit hennissement s'élève de derrière une petite butte de terre.
Cette voix...je la connais. On ne peux pas vraiment l'oublier.
Au pas de course, je gravis la petite pente, le cœur gonflé d'espoir de retrouver quelque chose, quelqu'un, à qui me raccrocher.

La cimetière. Il ignorait à quelle point le monde des morts pouvait être horrifiant jusqu'à avoir tué son frère de ses propres mains. Aussitôt que ses regards se posèrent sur la pierre de la tombe, les souvenirs s'enchaînèrent l'un sur l'autre. Plus il y pensait et regardait, plus l'envie de vomissement remontait jusqu'à sa gorge. Totalement paralysé, il ne pouvait quitter du regard là où il venait de casser les os, malgré l'envie de s'en éloigner.

Oui, c'est lui. Planté devant une...pierre tombale.
Stoppée net dans mon élan par l'expression horrifiée d'Antonio, je me rapproche de lui doucement, éprouvant le besoin de le réconforter.
Bizarre, hein. On est deux marginaux, deux rejetés, complètement détruits par la migration, aussi misérable l'un que l'autre. Pourtant alors que j'arrive à côté de lui, je me sens plus forte.
Le pacte.

Une parfum, des sont de pas bien accordés contrairement aux siens, le pacte. Nous...nous allons tous finir sous la terre, n'est-ce pas? bafouilla-t-il, immobile, ne relevant ses regards de la pierre. Il connaissait la réponse, mais voulais l'entendre, il voulait qu'on lui rappelle que le monde ne restera à personne, ni humains, ni cheval, ni aucun espèce. Pourquoi bon sang, pourquoi m' a-t-on donné cet  instinct de survie alors que chaque porte mène à la mort? et pourquoi tuer, Antonio, alors que tu vas mourir aussi.

Soufflant doucement, je laisse planer une ou deux secondes de silence figé avant de répondre.
- Les générations passent sur terre, se succèdent au fil des lunes et des saisons, de la pluie, du soleil et des vagues. Le poulain né hier sera vieillard demain, et du yearling fringant ne restera, a terme, que des ossements blanchis par les années. La vie d'un cheval, d'un humain, de toute créature vivante est semblable à un chemin dont l'issue est fatale. On nous en avertit dès le premier pas, mais la loi de la nature nous dicte d'avancer toujours. Donc, oui. Nous finirons tous sous terre, et nous mourrons, nous mourrons, nous mourrons riches de nos amants, de nos familles, des saveurs que nous avons goûtées, des corps que nous avons étreints et explorés comme des rivières, des peurs où nous nous sommes réfugiés…

Il écoute la jument jusqu'à la dernière lettre de son dernier mot, les paupières closes et la tête basse face à la pierre tombale. La mort était le plus fort, il était le gagnant, il était la justice. Ses phrases le calme, une fois de plus, elle lui apprends à accepter. Il laissa les secondes au régnement de la silence, puis reprit la parole en rouvrant ses paupières.
Et si on décide de ne plus avancer, si on n'écoute pas les lois? demanda-t-il une fois de plus, une question dont il connaissait la réponse , mais qu'il voulait s'en rappeler.

J'appuie mon chanfrein contre son encolure, avec douceur. Je laisse couler mes paroles énigmatiques, sans savoir moi-même si j'en comprends le sens.
- On dépasse la ligne, en roue libre, en hors piste. Peut-être que l'on apercevra encore les autres, avançant avec lenteur sur le droit chemin. Ou peut être que l'on ira trop vite pour voir quoi que ce soit, et on heurtera le mur avec violence, avant de nous aussi plonger dans les ténèbres. Sauf si on trouve nôtre propre chemin, tordu, étrange, sombre peut être, mais si accueillant parce qu'il est comme nous, hors des limites, hors des cases et des conventions de la société.

Merci à toi. dit-il en baladant son naseau sur la joue de la grise. Sentant ses expirations sur son visage tel le vent, mais plus chaleureux. Je crois avoir heurté le mur.
Antonio s'écarta de quelques pas, lui en premier cette fois, avec un regret qu'il ne pouvait se nier. Pandore est un jolie nom. dit-il avec un clin d'œil. La dernière fois il avait dévoilé son nom, mais elle était parti très vite pour demander la sienne.

Je ne réponds pas, me contentant d'un sourire en coin. Le silence entre nous n'es pas tendu, au contraire. Le silence calme les esprits et panse les plaies des âmes.

Il regarde la grise, elle ne dit rien, elle se contente seulement de sourire. Antonio fait de même, laisse le sourire déformer son visage. Pourquoi 4 années? demande-t-il soudainement, une question qu'il n'avait pensé auparavant mais qui venait juste de lui venir à l'esprit.

Cela ne veut donc pas dire qu'il me faut aussi un quatre année pour m'accepter tel que je suis, c'est ça? peut être moins, mais peut être plus... Plus, jusqu'à sa mort, jusqu'à ce qu'il n y'ait plus de "moi" qu'il devrait accepter.

Avec un regain de fougue, j'avance d'un pas pour lui répondre.
- Non, et tu sais pourquoi ? Parce que cela ne dépend que de toi. C'est toi qui choisis combien de temps tu te renies, combien de temps du refuses d'être fier de ce que tu es.

Cela l'ennuie, il ne veut pas tenir l'espérance de s'accepter plus longtemps en lui. Il avait vécu jusqu'ici avec cette conflit, et il pourrait vivre le reste de sa vie comme cela. C'est peut être le meilleur idée, il serait ce qu'il était.
Je ne veux plus reste ici. dit-il d'un ton neutre, se mettant en marche vers le côté opposé de la cimetière avant de rejeter un dernier regard sur la pierre tombale.