Incarne un cheval sauvage et vis ta vie. |
| | Chroniques d'une fille qui essaye d'écrire | |
| | Auteur | Message |
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Blackbird
Messages : 1091 Inscription : 24/08/2016
Age : 22 Pseudo : Mab
| Sam 15 Oct 2016 - 11:45 | |
| Hello tout le monde, J'ai découvert cette section du forum il y a peu, donc pourquoi pas me lancer moi aussi En fait, ça fait plusieurs années qu'avec une amie, on travaille sur une idée de livre, on à élaboré tout un univers... Enfin bref, comme je sais pas trop quoi dire, je vous laisse avec le prologue - Prologue:
L'éclat argenté de la lune se reflétait dans un grand lac, sa surface d'obsidienne à peine troublée par quelques vaguelettes égarées. Une plage caillouteuse la prolongeait, avant d'être remplacée par un épais tapis de feuilles et de mousse, surplombés par des arbres centenaires. Brocéliande. Brocéliande, une forêt qui faisait partie de ces endroits, de plus en plus rares en ce temps, où les légendes anciennes semblaient se promener librement auprès des simples mortels, pauvres petits êtres perdus dans une rationalité qui leur donnait une illusion de sécurité. Ils ne savaient pas que tout près d’eux, bien plus près qu’on ne peut le penser, les rois des temps oubliés déambulaient, avec à leurs cotés les mages devenus ermites par la force des Choses, celles qui veillent sur un monde qui ne les reconnaît même pas. Ils sortaient de l’ombre dès la nuit tombée, ectoplasmes brumeux slalomant entre les chênes vénérables à l'écorce sombre. Aux alentours de ce lac, les roseaux bruissaient doucement, ployant imperceptiblement sous la calme brise qui balayait la nuit. Leur doux murmure, telle une litanie de mots a peine chuchotés dont l'on ne peut saisir le sens, exsudait une mélancolie profonde. Le chant des plantes, pourtant si ténu, semblait adressé aux étoiles scintillantes, lucioles immobiles perdues dans l’immensité du ciel abyssal. Sept jeunes filles étaient assises sur la rive de galets gris. Elles formaient un cercle autour d’un feu de camp, dont les flammes ronflantes s'élevaient à travers la fraîcheur agréable du crépuscule. Éclairant leurs mouvements d'un éclat ardent et vacillant, les oriflammes flamboyants étiraient leurs ombres et les faisaient ressembler plus à des créatures fantastiques qu'à de simples humaines. Riant à gorges déployées, leurs visages souriants tournés les uns vers les autres, elles étaient le symbole même de la joie de vivre, de la pétillante jeunesse et du renouveau. Sur la berge opposée de l'étang, où la douce et chaleureuse lueur du feu laissait place aux ombres nocturnes à peine trouées par la lueur que diffusait les astres, deux silhouettes encapuchonnées, un homme et une femme, s'avancèrent. Leurs longs manteaux produisaient un léger bruissement tandis qu'ils glissaient sur l'humus et les feuilles noircies du sol forestier, avant de rencontrer la rive caillouteuse et de réduire les murmures du tissu à un chuchotement à peine perceptible. Avançant de quelques pas dans l'eau, Ils se frayèrent un chemin parmi les roseaux puis observèrent les jeunes filles qui devisaient gaiement, sans se douter une seconde qu'elles étaient surveillées. Ils restèrent un moment figés, les yeux fixés sur la lumière qui leur faisait face, avant que la femme ne rompe le silence. - Es-tu certain qu’elles soient prêtes ? Je...je sais bien que je t'ai donné mon assentiment. Mais, maintenant que je suis...que je suis vraiment en face d'elles...Comment peut on leur faire ça ? Regarde les, bon sang ! Elles ont l’air si insouciantes, si heureuses. Pourquoi chambouler cet équilibre dès maintenant ? dit-elle d’une voix assourdie . - Leur vie en ce monde terne est loin d'être paradisiaque. Je crois me rappeler en avoir déjà discuté avec toi. Peu d'argent, problèmes sociaux...elles méritent mieux. Elles sont l'aboutissement de millénaires de patience et de travail rigoureux. Sept ! sept de plus à être prêtes, et parmi elles les Quatre Primordiaux. Tu te rends compte de l'avancée considérable que cela représente ? Keridwen, écoute moi. Il n'y a pas d'alternative. Nous nous devons de le faire. -Mais...mais...Tancrède, je t'en prie ! Regarde la plus petite, elle n'a même pas douze ans, elle est bien trop jeune pour avoir un tel fardeau sur les épaules. Attends encore quelques années, je te jure que c’est beaucoup trop tôt ! chuchota-t-elle, le suppliant presque. - C'est la seule solution, et c'est maintenant où jamais, tu le sais aussi bien que moi. Les Nalfaö doivent être réunis, quel qu'en soit le prix, répondit rudement l’homme.Sa voix se durcit. Cesse donc de t'embarrasser de scrupules insensés ! Si la quête inachevée de nos ancêtres ne prend pas bientôt fin, autant mourir maintenant, cela nous épargnera au moins la peine d'assister à la destruction du monde que nous avions juré de protéger. Il scruta le ciel pendant quelques secondes. - C'est l'heure, dit il gravement. Il sortit alors des plis de son manteau sept petites boîtes ouvragées et ornementées d'étranges runes, gravées de motifs cabalistiques. Elles étaient fondues d'un seul bloc, sans mécanisme d'ouverture apparent ; l'étrange métal qui les composait reflétait les rayons du clair de lune. Elles semblaient diffuser une douce chaleur, et émettaient une sorte de bourdonnement, un ronronnement presque. Une aura étrange s'empara du petit coin de rive. Les roseaux ployaient en direction des coffres. L'eau était montée. Les cailloux semblaient parcourus de frémissements ; même l'air donnait l'impression de vibrer. Avec déférence, l'homme disposa les boîtes en demi cercle, fasse à lui, indiquant d'un geste à sa comparse de reculer. Lentement, doucement, l'homme plaça sa main sur le dessus de chaque coffret ; a son contact ils s'illuminaient d'un halo diffus. Au fur et à mesure qu'il progressait, une étrange mélopée, comme un fredonnement , semblait s'élever à travers la nuit. La psalmodie, de plus en plus puissante, vibrante, semblait prendre possession de l'endroit. Sauvage, profonde, entêtante et enivrante, elle vous donnait des frissons, elle faisait entrer vôtre âme en transe, vous ramenant aux temps immémoriaux où, jadis, elle avait été créée. Elle vous annonçait la début d'une autre ère. C'était l'Heure. Les Anciens allaient se réveiller. Le dénommé Tancrède se releva et recula d'un pas. Puis, il prononça un mot. Le Mot. - Avanga.
Qu'en pensez vous ? |
| | Ash
Messages : 1951 Inscription : 20/02/2015
Age : 30 Pseudo : Limagena
| Mar 18 Oct 2016 - 10:09 | |
| Pouah, ça a l'air génial j'aime beaucoup, j'ai envie de savoir la suite, maintenant ! ¬¬ C'est une co-écriture avec ton amie ou c'est ton œuvre à part entière ? C'est un prologue intrigant, en tout cas, je te félicite. Ta plume est très agréable. |
| | Blackbird
Messages : 1091 Inscription : 24/08/2016
Age : 22 Pseudo : Mab
| Mar 18 Oct 2016 - 16:02 | |
| Merci beaucoup C'est une co-écriture Si ça t'intéresses, je peux poster le chapitre 1 |
| | Ash
Messages : 1951 Inscription : 20/02/2015
Age : 30 Pseudo : Limagena
| Mar 18 Oct 2016 - 16:04 | |
| Et comment, que ça m'intéresse. Fais péter le chapitre 1 ! Vous vous arrangez comment pour écrire, du coup ? Ça m'a toujours intrigué, les co-écritures. |
| | Blackbird
Messages : 1091 Inscription : 24/08/2016
Age : 22 Pseudo : Mab
| Mar 18 Oct 2016 - 16:20 | |
| En fait, on se retrouve chaque soir à 18h45 (et oui c'est précis) sur framapad, qui est un éditeur de texte collaboratif ; on peut écrire en même temps sur le même document, et parler via le chat ^^ A vos ordres - Chapitre 1:
Quand j’ouvre les yeux, je vois une vaste étendue grisâtre au dessus de ma tête. Battant des paupières, étrangement sonnée, il me faut plusieurs secondes avant de comprendre que je suis allongée sur le sol, et qu'il y a au dessus de moi un ciel empli de nuages sombres et épais, annonciateurs d'orage. Des gouttes de pluie frappent mon visage et ruissellent sur mes joues, glissent le long de mon cou pour finir par se perdre au creux de mes épaules. Je me sens engourdie et mes membres ankylosés sont frigorifiés, ma tête me fait un mal de chien. Sous moi, une étrange matière visqueuse, glaciale, imbibe mes habits d'humidité. Je reste étendue ainsi, hébétée, pendant quelques minutes, jusqu’à ce que le froid soit trop prégnant. Mon corps est agité de violents tremblements, ce qui me fait sortir totalement du brouillard qui enveloppait ma conscience. Je me redresse à toute vitesse malgré le tournis qui me saisit aussitôt, en essayant de me souvenir comment je me suis retrouvée dans cette situation improbable. Pendant de longues et angoissantes secondes, ma mémoire tourne dans le vide. Blanc, blanc, blanc...Puis, dans un flash éblouissant,tout me revient : Notre veillée près du lac...le feu de camp...les grillades...et, d'un coup, le vide total. Les ténèbres se refermant sur moi. Pour l'instant, je ne me penche pas plus sur ce constat dérangeant, et revient à des pensées plus terre à terre. Il faut que je retrouve les autres. Il faut qu'on rentre à la maison. J'ai faim et soif, la pluie qui bat contre mes tempes résonne dans mon crâne comme un énorme tambour et m’empêche de me concentrer. Le crépuscule commence doucement à arriver. Passant ce détail qui, sur le moment, me parait de moindre importance, je me frotte rapidement les yeux et tente d'analyser mon environnement. Je suis assise juste au bord de l'eau, perdue dans un enchevêtrement de plantes aquatiques. Tout l'arrière de mon corps est couvert de vase froide. Bon. Je suis toujours aux alentours du lac, c'est déjà ça. Examinant rapidement mes membres, je ne note pas de blessure grave, mis a part les dizaines de piqûres d'insectes, presque aussi nombreuses que mes tâches de rousseur. Maladroitement, je me lève, trébuche, tombe à genoux. Je reprend appui sur mes jambes et marche, plus où moins droit, vers une portion de rive plus sèche. A à peine une dizaine de mètres de l'endroit de mon retour à la conscience, je trouve les reliques de notre feu de camp, depuis longtemps éteint. Soudain, un bruissement de roseaux attire mon attention ; me retournant vivement, j'aperçois une petite tête aux courts cheveux châtain cheminer vers moi, accompagnée d'une autre, à la tignasse dont on peut encore distinguer la couleur brun-roux, malgré la boue dont elle est salie. Mes deux petites sœurs. - Cassandre ! Julia ! Ça va ? Rien de cassé ? - Woaoh, fait Julia, tentant de réorganiser les longues mèches qui lui tombent devant les yeux. Moi, ça va. Qu'est ce qui s'est passé ? -Je sais pas. Cassandre ? Et toi, ça va ? - Sur le plan physique, tout est ok. Mais sur le plan psychologique, on peut pas en dire autant, répond finalement la petite brune, le regard perdu. Mon cœur se serre. Malgré le fait qu'elle soit d'un an l’aînée de Julia, elle me semble...plus fragile. D'ailleurs, elle est est bien moins grande et athlétique qu'elle. - Venez, dis-je en ouvrant les bras. Avec reconnaissance, les deux filles se blottissent contre moi. Serrées toutes les trois, la chaleur que nos corps produisent se partage, et mon moral remonte. Un peu. Derrière nous, j'entends de nouveau de bruit. Accompagné de grommellements a propos d'un blouson et de quelques obscénités. Pas besoin de se retourner pour deviner que c'est Adélaïde, ma sœur jumelle, qui approche. Avec douceur, je me dégage de l'étreinte des deux petites et part à sa rencontre. Derrière elle, j'aperçois Valériane et Léna, et cela me rassure d'être en présence de deux de mes plus vieilles sœurs. La responsabilité des plus jeunes est dégagée sur quelqu'un d'autre, et heureusement. Je ne suis clairement pas capable d’assumer ce rôle, et encore moins dans une telle situation. Les grands yeux turquoise d'Adélaïde, d'ordinaire si clairs et transparents, semblent tout assombris, et ils lancent des éclairs tandis qu'elle s'avance dans ma direction. Hélas je comprends, trop tard, qu'elle compte déverser sa colère sur moi. - Mon blouson est fichu !!! Fichu ! J'ai fait deux ans d'économies pour me l'acheter et il est irrécupérable ! IRRÉCUPÉRABLE, je te dis !!! Discrètement, je soupire tandis qu'elle déblatère un monologue furieux à propos de marques, d'habits et de gâchis de tissu. Décidément, elle ne changera jamais. -On s’en fiche de ton blouson ! Moi je voudrais surtout partir d'ici !intervient Julia, commençant à s'énerver elle aussi. Le visage de ma jumelle vire au carmin. - T...Tu... Elle ne parvient pas à continuer sa phrase, suffoquée de colère. Avant qu'elle n'ai pu trouver de quoi riposter, une haute silhouette surgit d'entre les roseaux et s'interpose entre les deux filles. Lyn, l’aînée. -Stop ! Les filles, vous n'avez pas fini de vous disputer comme des gamines ! Ce n'est vraiment pas le moment. On va rentrer, puis on essayera de démêler toute cette histoire, d’accord ? On pourra réfléchir autour d’un bon feu. On gèle, avec cette pluie ! S’exclame elle. Du haut de ses vingt ans, elle se reconnaît une responsabilité à notre égard. Adélaïde se tourne vers elle, l'air toujours aussi furieux. - Mon blouson est mort et elle, elle, tu entends ce qu'elle me dit ? Je n'en peux plus de cette famille ! Sur ce elle fait volte-face et s’enfonce dans la forêt. Je ricane le plus discrètement possible, Adélaïde est la spécialiste des coups de colère théâtraux qui s'évaporent aussi vite qu'ils sont arrivés! Léna, qui ne perd pas une occasion de contredire la seule qui la dépasse en terme d'âge, fait insidieusement remarquer ; -Hé, Lyn, pourquoi tu t'en mêles ? Tu viens d'arriver, tu ne sais même pas le pourquoi du comment ! Pffff... Levant un sourcil hautain, elle fait volte face et disparaît entre les arbres, à la suite d'Adélaïde. Lyn la regarde s'en aller et soupire d'un air las, sachant très bien que cela ne vaut pas la peine de répliquer. - Allez les filles, on rentre. S'en suit un passable moment de désordre qui serait pénible à raconter, jusqu'à ce que nous nous mettions en route, plus d'une vingtaine de minutes après. Lyn prend les devants, suivie de Valériane et Cassandre, Julia et moi fermant la marche. Sous mes baskets de toile bleue toutes détrempées, la terre humide a pris une couleur brun sombre, parsemée d'aiguilles de pin. Je lève les yeux et jette un regard aux grands arbres se dressant au bord du chemin. Nous grimpons dedans quand nous avons besoin d'être seules ou d’avoir un peu de silence, ce qui n'est pas facile quand on est sept sœurs toutes plus bavardes les unes que les autres. Malgré la protection offerte par les hautes branches, la pluie s'abat sur nous sans discontinuer, et j'ai l'impression que l'humidité s'infiltre jusqu'au creux de mes os. Enfin, après quelques dizaines de minutes de marche sous des trombes d'eau, le sentier prend un tournant et la maison apparaît. Même si j'y suis habituée, je ressens toujours un bonheur indescriptible en voyant notre vieille bicoque qui ne semble faire qu'un avec la forêt surgir d'entre les arbres. C'était ainsi que, plus petite, je m'imaginais qu'elle était la demeure des sept nains ou d'Hansel et Gretel. En ces lieux, tout semble irréel, comme si le temps s'était arrêté. Je m’attends presque à voir arriver le Petit Chaperon Rouge ! Je sors de mes rêveries de contes de fées quand Lyn réussi enfin à ouvrir la porte, après s'être échinée plusieurs minutes sur l'antique serrure de métal rouillé. Elle prend quelques allumettes dans la cuisine et part dans la pièce d’à côté. Nous entrons en file indienne dans la maison. Adélaïde est là et a pris une douche ; assise dans nôtre vieux canapé motif vichy, elle parait calmée. Quand à Léna, elle s'en endormie dans un des fauteuils, ses longs cheveux noirs couvrant son visage, quelques reflets cuivrés les illuminant. Mon grand-père est là, sur son vieux rocking-chair ocre, avec dans la main un recueil de poèmes, Rimbaud je crois. Son visage arbore une expression douce qu'il garde en toutes circonstances, je ne me souviens même pas qu'il l'ai quitté lorsque nos parents sont partis et qu'il a hérité de la garde de sept enfants.
Il pose son livre sur la table basse à son côté, et pose son regard vert sur nous, visiblement pas le moins du monde surpris de nous voir couvertes de boue et pas du tout à l'heure où nous avions prévu de rentrer. - Bonjour les enfants, où est-ce que vous êtes encore allés vous mettre pour être dans cet état? Malgré son ton sévère, il est évident qu'il ne nous en veut pas le moins du monde. Il sourit toujours avec tendresse quand nous commettons ce que la plupart des parents appelleraient "une faute", répétant sans cesse " qu'il faut bien que jeunesse se passe". Heureusement que Lyn est là pour faire régner une certaine discipline.
Mais ce n'est pas seulement son caractère qui fait qu'il s'inquiète aussi peu. Il y a la maladie, insidieuse, la maladie vicieuse qui lui ronge la mémoire. Alzheimer, que ça s’appelle. Ça sonne allemand. Mais qui se soucie des noms ? Même si ça sonnait espagnol, ça n'empêcherait pas nôtre grand-père d'oublier, de toute façon. Maintenant il est quasiment incapable de prendre des décisions ayant un tant soit peu de logique, et malgré son statut il n'est absolument pas capable d'être responsable de nous. Cela n'a pas toujours été ainsi, les deux années qui ont suivi nôtre emménagement avec lui, il avait encore toute sa tête, c'est ensuite que ça a dégénéré et que Lyn a pris les commandes de notre famille. Ça me serre le cœur de le voir perdre ses souvenirs un peu plus chaque jour, alors j'essaye de me dire qu'il est quand même heureux. Il ne se rend pas compte de ce qu'il se passe tant dans sa tête que autour de lui, mais il est heureux.
Nous posons nos sacs à coté de la vieille armoire de l'entrée et après avoir salué celui nous appelons affectueusement "papi", Nous nous dirigeons toutes vers la salle de bains, excepté Lyn qui tente de faire repartir les braises du feu, froissant des journaux et bourrant l'âtre de petit bois.
En passant je jette un regard à Adélaïde, son regard fixé sur les flammes naissantes. Les ombres du début de feu se reflètent sur la peau lisse de ma sœur, dessinant des ombres menaçantes sur son visage, elle est belle, j'aimerais lui ressembler plus. Car même si nous sommes jumelles, j’ai l’impression que toutes les qualités sont en elle et que j'ai hérité de tous les défauts. Combien de fois ai-je entendu des "C'est ta sœur?" incrédules montrant clairement qu'il ne comprenait pas qu'une fille comme moi puisse partager le même sang que la magnifique Adélaïde. Ravalant mon amertume, je m'engouffre dans l'étroit couloir menant à la salle de bain. Quand vient mon tour je tourne avec appréhension le robinet de la douche, mon visage maculé de terre se reflétant dans le métal poli et patiné par des milliers d'utilisations. Par chance il reste de l'eau chaude, et c'est avec soulagement que je me glisse sous le jet tiède. Les tremblements qui me secouent s'estompent peu à peu tandis qu'un eau brunâtre dégouline de ma chevelure. Au bout de trois shampoings successifs elle a retrouvé sa couleur roux foncée habituelle, mais d'énormes nœuds semblent s'être formés parmi mes boucles incoiffables. Ça ne va pas être une sinécure de démêler tout ça. Et l'eau commence à refroidir. Je sors rapidement de la douche et attrape une serviette au vol ; le contact rêche du tissu élimé sur ma peau me fait grimacer,comme à chaque fois, mais au moins cela revivifie mes membres engourdis. Après avoir enfilé des vêtements propres, je rejoins les autres dans le salon. Je m'assois aux côtés d'Adélaïde, qui jette un regard réprobateur sur le vieux jogging gris et informe que je viens d'enfiler, mais elle s'abstient de me faire une remarque, sachant très bien que je lui retournerais un vague "M'en fiche, c'est confortable!". Julia et Valériane partagent avec nous le canapé tandis que Cassandre, Lyn prennent possession des vieux fauteuils club défoncés. Dans ces conditions, nous pouvons parler sans nous disputer. Léna, qui s’est réveillée, nous jette un regard pénétrant . - Est-ce qu'il dort? Nous hochons la tête. Durant nos douches respectives, notre grand père est parti se coucher. D'un commun accord, nous lui évitons le maximum des tracas du quotidien, et ce qui s'est passé aujourd'hui est tellement ...étrange qu'il vaut mieux qu'il n'en entende absolument pas parler. Un silence tendu s'installe, uniquement brisé par quelques petits ronflements venant de la chambre d'à côté, qui achève de nous convaincre de son sommeil. Je jette un coup d’œil au réveil qui se trouve dans le salon, il est 20h. Attendez. 20h ? Nous sommes arrivées près du lac vers 21h. Alors ça signifie que... - On est restées là bas une journée entière, lâchai-je de but en blanc. - Hein ? S’exclament collectivement les autres. Pour toute réponse je fait un signe de tête en direction de la petite horloge. Je médite quelques instants sur la portée qu'à ma phrase. Cela signifierait donc que nous nous sommes évanouies. Toutes en même temps. Pendant quasiment vingt-quatre heures. Pour aucune raison particulière. Cela n'a strictement aucun sens! Je jette un regard à la ronde. Autour de moi, des visages perplexes, voire effrayés. - C'est quoi ce délire ? Murmure Julia. Valériane relève la tête, ses yeux vert tendre perdus dans le vague. - Il me semble avoir vu une lumière sur la rive d'en face. Et puis... plus rien. - Ça paraît tellement..pas possible. souffle Adélaïde. - Dans notre monde il y a parfois des choses que l'on ne peut pas expliquer, fait Lyn d'un ton docte, il faut l'accepter. Un soupir de résignation nous échappe toutes, je crois que la discussion est close, mais Cassandre se lève d'un bond, rouge de colère, ses petits poings serrés avec une telle force que ses jointures en deviennent blanches. - Tu veux dire qu'on ne va même pas chercher à savoir ce qui s'est passé? Qu'on va simplement se dire que c'est comme ça sans chercher à comprendre? C'est un raisonnement digne du Moyen Age! Avant que Lyn ai pu l'en empêcher, Lena lâche d'un ton cinglant: - Et tu voudrais faire quoi? Les seuls humains qui se trouvaient au lac c'était nous, donc pas de témoins pour nous raconter ce qui c'est passé, et malheureusement il n'y a pas non plus de caméra de surveillance cachée dans les roseaux ! Et si on avait le malheur d'en parler autour de nous, les gens ne retiendrait qu'une chose c'est que notre tuteur ne c'est pas rendu compte qu'on avait 24 heures de retard et ni une ni deux, vous vous retrouveriez toutes à l'orphelinat, c'est ça que tu veux? Je vois les lèvres de ma petite sœur se mettre à trembler, elle semble à deux doigts de se mettre à pleurer. Elle s'enfuit en courant à l'étage, partant probablement s'enfermer dans la chambre que nous partageons elle, moi, Julia et Adélaïde. Cette dernière la suit aussitôt pour la réconforter. Désappointée, je me lève et commence à faire les cent pas, nerveusement. Lena reste de marbre, son regard couleur glacier perdu dans le vague. Je ne lui en veut pas vraiment d'avoir brusqué Cassandre. Même si son ton était beaucoup trop dur, je dois avouer qu'elle n'a pas tort, nous ne pouvons rien faire pour comprendre ce qui s'est passé, alors autant commencer dès maintenant à oublier.
Au fond de moi, une petite voix me souffle qu'oublier un problème ne fait souvent qu'en retarder les conséquences. Reculer pour mieux sauter. J'espère de tout mon cœur que cela ne se vérifiera pas, nous avons suffisamment d'ennuis comme ça.
Le lendemain, je m'éveille en fin de matinée, il est déjà presque onze heures. Les yeux encore tout embrumés de sommeil, je descend les escaliers d'un pas lourd. Traversant le salon, je me retrouve dans la cuisine, où je découvre mes sœurs s'affairant autour d'un grand panier d'osier, une odeur de miel embaumant la pièce. Au départ je ne comprends pas le pourquoi de toute cette agitation, jusqu'à ce que je me rappelle une conversation d'il y a quelques jours: "- Ce serait bien qu'on se fasse quelque chose entre frangines avant la rentrée... avait dit Julia d'un ton joyeux. - Ouais, ce serait génial! - Le seul problème c'est que comme Lena et moi travaillons la veille de la rentrée il faudrait faire ça le dimanche, avait lâché Lyn, un peu gênée, ayant presque l'air de s'excuser. - C'est pas un problème! Va pour dimanche! On mangera dans un coin de la forêt." Je me re-concentre sur le moment présent et je vais leur donner un coup de main. Je m'approche de Léna. - Il reste quelque chose à faire ? - Dites, donc, la marmotte c'est enfin réveillée ! me répond-elle avec ironie. Tiens, prend le film plastique, et emballe les sandwichs. Ils doivent être quelque part sur la table. Acquiesçant, je me fraye un chemin tant bien que mal entre mes sœurs ; la cuisine, plutôt petite, n'est pas adaptée pour accueillir sept personnes en même temps. J'arrive finalement à m'acquitter de ma tâche, serrée entre Cassandre qui lit un livre au lieu de nous aider et Lyn qui s'occupe de remplir les divers papiers et formulaires d'impôts. Tandis que je travaille, j'entends quelques bribes de conversations, et je sens dans le ton des voix que mes sœurs tentent d'être joyeuses, mais je ne peux pas m'empêcher d'y entendre un entrain forcé uniquement présent pour rassurer Diego - c'est le prénom de nôtre grand-père - qui est assis paisiblement dans son fauteuil, nous observant depuis le salon. Après un rapide coup d’œil aux visages du reste de ma fratrie, je me rends bien compte que toutes sont préoccupées par ce qui s'est passé hier. Je soupire. La sortie risque d'être tendue. Mais moi je ne vais pas laisser le stress ambiant gâcher cette journée si particulière. Je prends donc sur moi et tente d'améliorer, au moins un tout petit peu, l'atmosphère morose et tendue qui plane dans l'étroite cuisine. Valériane, c'est son côté vintage, insiste pour que nous prenions une nappe à carreaux, car pour elle il ne peut pas y avoir de pique-nique sans ce vieux bout de tissu rapiécé. Sentant une bonne occasion de faire rire tout le monde, je la poursuis littéralement avec mes phrases ironiques. Comme elle a l'habitude, elle se contente d'afficher un sourire crispé! C'est dommage, j'adore la voir toute rouge, ses poings serrés de colère dans une vaine tentative de se contenir. Les autres rient aux éclats devant l'expression de notre sœur. Je souris. Mission réussie pour moi, la tension ambiante s'est bien calmée, ou alors a au moins descendu d'un cran. M'écartant du groupe je passe la porte, prétextant de devoir aller rassembler quelques affaires dans la chambre. Montant les marches quatre à quatre je m'assois dans un petit recoin, là où le toit forme une pente, et soupire doucement, appréciant le doux son du silence. Il faut que je reste seule quelques minutes. D'habitude, je ne suis pas la préposée à la rigolade. Quand on veut s'amuser, on a plutôt tendance à appeler Julia où Adélaïde. Moi, je suis plus du genre cynique. Et taiseuse. Ah, et lunatique aussi. Pas vraiment l'amie ni la sœur idéale. Je n'ai pas le temps de me perdre plus dans mes pensées un appel, la voix de Lyn, retentit depuis le rez de chaussée ; il est l'heure de partir. Diego nous serre dans ses bras, dans une étreinte familiale qui me remonte le moral. Quand je franchis la porte mes sœurs on déjà traversé le jardin, qui, en réalité, s'apparente plus à une clairière remplie d'herbes folles et de fleurs sauvages qu'à une parcelle de gazon bien entretenu. Aujourd'hui nous empruntons un sentier peu fréquenté, dans la direction opposée au lac. Il nous permettra de trouver un coin au calme pour manger. Je cours quelques foulées afin de rattraper le groupe, et prend un rythme qui me permet de rester un peu en retrait des autres. Le soleil commence à traverser les nuages gris qui persistent depuis hier et qu'une brise fraîche chasse énergiquement. Les trilles aiguës des oiseaux traversent la forêt, nous entourant dans une douce mélodie rassurante bien plus agréable à mes oreilles que les grondements et les fracas citadins. D'ici à ce qu'il soit midi, le ciel sera entièrement dégagé. Je prends une grande inspiration ; dans les bois l'air est pur, préservé des fumées polluantes de la ville,et c'est une des choses que je préfères ici.
Nous suivons les courbes et détours du chemin sinueux en bavardant tranquillement, nos phrases s'élèvent et se perdent dans les airs, on croirait presque entendre une musique, nos rires aigus se mêlant à nos mots graves. Les arbres sur les côtés sont encore variés, des frênes, des chênes, des noisetiers... leurs feuillages verts filtrent les rayons du soleil, nous apportant une lumière douce et diffuse qui me réjouit et me rappelle tout mes souvenirs d'enfance. C'est aussi le signe que nous ne sommes pas encore au bon endroit car le lieu vers lequel nous nous dirigeons est une pinède. Nous arrivons après une petite demi-heure de marche dans une clairière plutôt petite, couvertes d'un doux manteau d'aiguille de pin qui absorbe tous les sons les rendant plus feutrés, plus diffus. Autour de nous s'élèvent des dizaines de résineux, certains sans doute centenaires. Une jolie clairière banale en somme ; mais pour nous, c'est bien plus que ça. Nous marquons un temps d'arrêt et laissons planer un silence respectueux. Quand nous nous dispersons, je me rue hors du chemin pour caresser l'écorce d'un pin maritime bien particulier, celui qui se sépare en quatre troncs à environ un mètre quatre vingt du sol, laissant une cavité assez grande pour qu'un adulte puisse s'y asseoir. Cet arbre, je l'ai toujours considéré comme mien. Dans ce coin de forêt nous avons d'ailleurs toutes un que l'on aime bien plus que les autres et ce depuis toute petite. Je sais que cela peut paraître étrange mais pour nous c'est très important, tout comme le fait d'avoir des coins de forêt qui "nous appartiennent", de se sentir privilégiées d'être les seules à les connaître, d'être les seules humaines à fouler ce coin de terre encore sauvage. Nous nous asseyons sur des branches épaisses que nous avons réunis en forme de cercle. Valériane dispose soigneusement le tissu sur le sol encore humide.Cassandre et moi sortons les sandwichs du panier et les distribuons à toutes nos sœurs. Pendant quelques instants on n'entends plus que le bruit des mâchoires jusqu'à ce que Lyn, lassée de ce silence, lance la conversation sur la rentrée. - Ça te fait quelque chose de rentrer au collège? - Non je vais être dans le même établissement que mes amies et que deux de mes sœurs! Pas de raison d'être angoissée, répond Julia avec un grand sourire, sa chevelure d'un roux tirant sur le brun voletant autour de son visage franc et rieur. Je lance d'un ton railleur ; - Eh bien si justement, figures-toi qu'être notre sœur ne pourrait que nuire à ton intégration sachant que ça fait respectivement deux et quatre ans que tout le collège nous prend pour des tarées! - C'est faux ! On ne me prends pas pour une folle, on croit juste que je suis un peu asociale! s'exclame Cassandre, mortellement sérieuse. Nous éclatons de rire et Lyn secoue la tête d'un air qui pourrait être désapprobateur si les commissures de ses lèvres ne se relevaient pas légèrement, trahissant son amusement. Continuant sur le même sujet, elle demande à Valériane et Adélaïde: - Et vous, vous croyez que ça va bien se passer au lycée? - Il n'y a pas de raison que ça se passe mal, Valériane m'a dit qu'il y avait des tas de beaux mecs! lâche ma jumelle. - J'ai jamais dit ça, proteste l'intéressée. - Oh si, tu l'as dit. Ne fait pas l'innocente ! s'exclame ma jumelle en riant. Les joues de Valériane prennent une teinte rose soutenu, qui jure de manière flagrante avec son top orange pastel, elle fronce les sourcils comme si elle allait répliquer mais elle préfère se taire, se drapant dans sa dignité, et baisse les yeux sur son repas, mangeant en silence. Nous continuons notre pique-nique dans une bonne ambiance, en discutant de tout et de rien. Le dessert est vraiment délicieux, c'est une mousse au chocolat de la composition de Valériane. Ma dégustation est cependant troublée par Cassandre et Julia qui se disputent car cette dernière prétend avoir eu moins de mousse que sa sœur. Cela manque de tourner au vinaigre mais Léna intervient et par sa froideur hautaine parvient à calmer les deux agitatrices, les fixant de ses yeux d'un bleu glacier, qui auraient fait paraître un iceberg chaleureux. Une fois repues, Léna et Lyn se lancent dans une conversation que nous surnommons affectueusement "de grandes": - J'ai peur que mon patron finisse par me virer... fait Lyn d'une petite voix inquiète. Nerveusement, elle défait son chignon serré et tente de plier ses mèches brun-roussâtre en une coiffure encore plus ramenée en arrière. - Pourquoi il ferait ça? - Parce qu'il me déteste, je ne fais pourtant rien de mal, mais il semble persuadé que je manœuvre contre lui et depuis quelques mois il fait tout pour me mettre dans des situations difficiles. Je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir tenir sans faire de faux-pas! Sa voix tremble comme si elle contenait des larmes que ses grands yeux vairons, si particuliers, ne voulaient pas laisser s'échapper. Léna respire un grand coup, visiblement préoccupée par cette nouvelle: - Nous ne pouvons pas vivre sans ton salaire... -Je le sais bien mais...la coupe l’aînée de notre fratrie, arrêtée d'un geste par la jeune fille aux cheveux sombres. - Laisse-moi finir! Je te conseille de commencer dès maintenant de commencer à regarder les offres d'emploi et de te préparer à envoyer tes CV comme ça même s'il te vire tu pourras retrouver un travail rapidement. - Bonne idée! je vais faire des recherches dès que j'aurais un peu de temps libre, fait Lyn, un peu soulagée d'avoir un "plan d'action". Elle a beaucoup de mal avec les choses qui ne sont pas préparées soigneusement à l'avance, je suppose qu'à force de s'occuper de nous elle a compris que de cette manière là, les choses tournaient généralement moins mal. - Et toi, comment ça se passe à la boutique ? Reprend-elle. -Plutôt bien, je suis un peu débordée mais heureusement la stagiaire, Xinthia, m'aide beaucoup à gérer et comme c'est moi qui dirige le tout il n'y a personne pour essayer de me virer. Tu devrais peut-être essayer de faire un truc comme ça après. - Oui, pourquoi pas ! Je les laisse bavasser en paix et me concentre sur ce que disent mes autres sœurs. Julia et Adélaïde, visiblement remises de leur dispute à propos du blouson de la veille, discutent de vêtements, justement. Le style décalé aux couleurs flamboyantes de ma jumelle s'oppose au look sombre et rock de Julia, mais contrairement à d'habitude elles arrivent à débattre sur ce sujet au combien cher à Adélaïde sans se fâcher. Pendant ce temps Valériane expose à Cassandre la manière dont le monde deviendrait parfait et les étapes pour mener à ce résultat: une Terre en paix, sans faim ni misère, une civilisation enfin égalitaire et juste en harmonie avec la nature... Bien sûr ce n'est qu'une utopie mais elle l'expose avec tant de conviction, ses grands yeux verts clair brillant comme si elle parvenait déjà à voir cet idéal à travers les années, voir même les siècles. La pragmatique Cassandre, plus raisonnable, lui explique que c'est pratiquement impossible à l'échelle mondiale mais elle tombent d'accord sur le fait qu'avec du temps cela pourrait fonctionner sur des villes et peut-être même sur des départements et qu'alors pour les personnes habitant cet endroit ce serait merveilleux. Je partage le rêve de Julia, mais mon ironie m'empêche de l'admettre, mais après tout c'est assez logique: les cyniques ne sont rien d'autre que des idéalistes qui ont cessé d'y croire. J'inspire profondément, j'aime bien sentir, comme en cet instant, que tout est à sa place. Chacune de mes sœurs agit et parle selon ses habitudes, et moi, comme me le souffle ma personnalité, je reste dans mon silence qui me sert d’armure face au reste du monde, et j’observe tranquillement la vie suivre son cours autour de moi. Je dois paraître dépressive et pourtant dans cette contemplation je me sens envahie d’émotions douces et heureuses. Ce qui est assez rare chez moi car dès que je parle je deviens agressive et narquoise, je n'arrive même pas à m'en empêcher, c'est un automatisme dont je ne parviens pas à me défaire. Sans doute car je ne souhaite pas réellement le perdre, tant je me sentirais vulnérable sans. Quand le soleil commence à descendre dans le ciel, d'un dégradé de violet de orange avec ici et là des traces bleues, comme un vestige de sa couleur d'antan, nous refaisons le chemin en sens inverse, notre joyeuse bande accélérant en une course folle s'achevant par un rire dément ou bien ralentissant, comme si nous voulions retarder le plus possible le moment où il faudra briser cet instant magique, où il faudra se remettre à penser à tous nos soucis dont le moindre n'est pas ce qui s'est passé hier au lac. Doute que nous n'évoquons pas mais qui plane comme une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes.
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