∞ alchimie de la douleur

SOCRATE
Ces terres appréciaient Socrate ou Socrate appréciait ces terres. Qu'importe, il y revenait souvent, oscillant entre toutes mais préférant poser ses sabots sur le sol chaud et rugueux des Sables. Son esprit était porté sur les mille ans regorgeant de fruits délicieux de ce pays. Comment un pays si sec pouvait être si nourricier ? Socrate s'attardait donc sur chaque arbuste pour en étudier la forme, l'odeur et en comprendre - peut être - le fonctionnement.

Les oreilles de Socrate se dresse toute entière sur son crâne, se levant jusqu'au ciel pour capter le moindre bruit. De lourds sabots foulent ce sol. Alors l'animal redresse son encolure puis sa tête pour lorgner sur les alentours. Une épaisse silhouette étrangement familière lui apparaît. Aucun visage ne s'effaçait jamais de sa mémoire. D'un pas lent et minutieux, il se dirige vers celle qui n'est plus une inconnue mais dont le nom reste secret à ses oreilles.

Il n'a pas entendu son propre nom depuis longtemps. Que ces quelques syllabes s'extirpent de la gorge de quelqu'un d'autre que lui le fait frémir. Ses petits yeux roulent dans leur orbite et se pose sur les formes rondes de la jument. Il en sourit de la voir face à lui, intacte comme lui de cette migration. « Ainsi donc, tout le monde a suivi ce changement de terre » Fait-il comme pour ne se le dire qu'à lui-même.

Socrate ne maitrise pas les nouveaux territoires, il sait à peine qu'il se trouve aux Sables. Lui ne raisonne pas en terme de troupeau mais bien suivant la singularité de chaque lieu, de cette parcelle de ces grandes terres qu'il s'amuse à parcourir. « Non » Il regarde autour de lui, ainsi donc c'était le nom donné à celui-la de lieu. Il esquisse un sourire. « Toi oui en revanche ? »

Il sourit parce qu'elle pense tout haut et qu'il trouve que ça lui donne un air enfantin. L'air de quelqu'un qui ne se préoccupe pas des apparences et qui voit seulement l'âme des autres. « Je ne sais pas si rester solitaire serait une bonne solution. J'ai cru comprendre que ça pouvait s'avérer dangereux » Socrate dit cela sans ciller. Pas qu'il soit téméraire mais il n'a peur de rien parce que chacune de ses craintes est sagement relativisée, ainsi il ne connaît aucune frayeur. « Tu te plais ici ? Je t'imaginais plus dans des lieux plus doux.. » Il se parle un peu à lui-même en disant cela parce qu'il ne connaît pas Pandore, il ignore tout d'elle, il l'imagine simplement bien aux Brumes, là où tout n'est que mystère et flou artistique.

Il hausse les épaules. « Les animaux sauvages, les intempéries.. je n'en sais finalement rien » Socrate lui sourit parce que pour une fois, il a cru sans réfléchir et Pandore lui démontre qu'il ne fait pas bien de croire sur parole. « C'est vrai.. je crois que ce sont les terres les plus calmes » Il avance ça plus comme une question car il n'a pas eu le temps de tout visiter pour l'instant.

Socrate apprécie entendre Pandore raconter ainsi les divers avantages et inconvénients des terres. Il se rallie tantôt à son avis, et tantôt en diverge. « Qui domine les Jades ? Que t'a-t-elle fait pour que tu la nommes ainsi ? » Le mâle est curieux, il n'a jamais ressenti de la haine pour quelqu'un ainsi ce sentiment l'intrigue d'autant plus.

Socrate l'écoute, il est amusé de voir comme elle peut parler longtemps et toute seule sans qu'il n'ait à la relancer. « Je ne suis pas certain que la dominante des Sables soit plus tendre »