★ Stardust

(je suis obligée de te dire que j'adore ta manière d'écrire )

Oroszlàn.

Le Lion est posté au plus haut. Ses yeux, d'un noir aussi profond que la nuit qui l'entoure, scrutent eux aussi les merveilles du ciel. Ils détaillent avec une admiration presque pudique les points luminescents qui semblent clignoter pour lui. À chaque seconde un message. À chaque étoile un espoir.
Mais croit-il encore à toutes ces choses-là ? Crois-tu encore seulement à l'espoir, gamin ? Que te reste-t-il, sinon tes souvenirs qui eux, ne disparaissent jamais ?
Il soupire, et son souffle crée un nuage brumeux et opaque autour de lui. Sa silhouette massive dompte et tranche l'obscurité. Il semble rayonner. La lumière lunaire peint sur son corps d'or des reliefs presque mystiques, et ses crins argentés donnent l'impression qu'il est irréel.
Qu'est-ce qui est encore réel, gamin ? Le monde autour de toi l'est-il toujours ?
Tes erreurs le sont-elles ? Et tes idées noires, et tes douleurs, elles, le sont bel et bien.

Il entend rapidement le bruit si connu des pas dans la neige. Sa tête massive se tourne lentement vers la nouvelle venue. Elle est encore plus massive que lui et il l'observe s'avancer sans réelle réaction. Il dresse juste ses oreilles vers elle, pour lui signifier qu'il n'est pas contre sa présence. Sûrement sera-t-il l'inverse, à vrai dire. « Bonsoir. » lance-t-il de sa voix grave et chaude.

Son sourire est avenant et laisse même le Lion l'entraîner avec elle, dans cette candeur qu'on ne lui connait plus : il sourit à son tour, un peu. Il trouve ses mots à la fois enfantins et épris d'une douceur qui lui fait du bien. Non, il n'est pas là pour les étoiles. Il n'est là pour rien. Il est là parce que ses sabots l'y ont guidé, rien d'autre. Pourtant, il ne répond pas, comme si sa monotonie pourrait rompre le charme du moment. « C'est beau, oui. » murmure-t-il en écho aux paroles de la grande grise.

L'éclair scintillant déchire l'obscurité, tuant même la pénombre alentours. Oroszlàn la suit des yeux, avec un sourire fin. Les paroles de la jument l'arrache à sa contemplation ; l'étoile filante a disparu depuis longtemps. « Faîtes-en donc deux. Je n'ai pas d'idée pour le mien. » avoue-t-il d'une voix posée et calme, retenant un soupir à l'intérieur de son poitrail.
Que peut-il souhaiter, aujourd'hui ? Tant de choses, en réalité.

Il ne veut pas être pessimiste ou autre, mais pourtant, une autre vérité est bel et bien là, chez lui. C'est dans sa tête, qu'il n'est pas libre.
« La liberté se résume-t-elle seulement à ne pas être physiquement enfermé ? » questionne-t-il doucement, regardant à son tour les étoiles, comme si elles allaient lui écrire la réponse.

Il hoche la tête. Elle a raison, il est d'accord avec ça. Et sa vision à lui de la liberté est bien spéciale. La liberté, c'est de n'avoir plus rien à perdre. Si on part de ce principe là, le Lion n'a jamais été libre. « Alors j'espère que votre voeu se réalisera. Vous êtes ? »

Pour l'étalon, chaque nom a une signification. Une valeur propre et parfois mystique. Pandore. Il pense au mythe, il pense à la malédiction et pourtant, à la beauté de cette histoire. À toutes les facettes qu'elle cache. Il hoche la tête, sans pourtant faire de commentaire. « Oroszlàn. » Un nom dur à l'oreille, dur à retenir, dur à prononcer. Qui impose une aura prestigieuse – celle d'un roi – et pourtant, une sauvagerie interne qu'il est un des seuls à connaître. Une identité propre. Une signification simple, réelle, tranchante. Le Lion.