/ heartless

otsoa s'est égarée. la jeune grise n'a aucun sens de l'orientation. et puis, elle n'a pas encore pris ses repères à travers les différents royaumes ; cela depuis la migration. elle s'enfonce dans la forêt qui arbore les montagnes. l'odeur d'un semblable vient piquer son odorat, mêlée avec les effluves naturelles. elle voit en cette présence un espoir de retrouver son chemin. elle décide d'aller à sa rencontre avant que la nuit enveloppe de sa noirceur le monde.

l'étalon poursuit sa route et otsoa en conclut qu'il ne l'a pas encore remarquée. elle aurait bien poussé un hennissement pour être détectée, mais la grise n'ose pas heurter le silence de l'atmosphère. elle accélère ses pas, agrandissant ses foulées pour essayer de le rattraper. dans sa progression, son antérieur droit croise le chemin d'un trou. elle perd alors l'équilibre, cognant dans un bruit sourd le sol. elle, qui voulait se faire discrète, a raté son coup. elle s'étale par terre, n'ayant pas réussi à se rattraper.

otsoa ne se relève pas de suite, elle prend conscience de sa maladresse. elle fixe son genou écorché, un filet de sang qui coule le long de son antérieur. la vue du sang déplaît à la grise. elle se crispe et détourne les yeux vers l'étalon qu'elle suivait. ce dernier la rejoint et se pose devant elle. il ne lui apporte aucun soutien pour l'aider à se redresser. otsoa se sent pitoyable sous le poids du regard de l'étalon. « je... je sais... mais... mais... je suis maladroite. » elle ne sait pas quelle réponse lui apporter. elle fait une tentative, mais c'est une phrase bégayée, d'une voix faible et tremblante, qui parvient à se faire entendre.

de l'aide, un soutien. elle hésite, le fixe avec un regard perdu. elle finit par saisir quelques crins, son poitrail s'appuyant contre l'épaule de l'étalon. « euh... merci. » son manque d'assurance, sa méfiance absolue, tout cela s'entend dans sa voix.

enfin sur ses quatre membres, elle fuit les yeux de cet étranger. elle n'est pas à l'aise, prise par ce sentiment perplexe faisant baisser sa confiance en soi. ce manque est déjà sa faiblesse. la honte grimpe et chauffe à l'intérieur de son corps.

« je... mh, on m'appelle otsoa. » elle est loin d'être dans son élément, sa timidité qui la bloque. elle se méfie peut-être pour rien. en tout cas, elle se présente et elle attend le nom de l'inconnu en retour. l'échange de leurs identités respectives l'aidera à se sentir mieux... peut-être.