Douloureux souvenirs [A]

Alors même ici ils sont venus souiller ces terres. Un grondement sourd monte dans sa gorge pendant que ses oreilles se plaquent sur son crâne. Les hommes....plus jamais elle espère en voir un ou peut-être que si comme ça elle aura le plaisir de le tuer pour tout ce que ces comparses lui ont fait subir. Elle hésite un moment avant d'entrer, rebuté par l'odeur âcre typique aux bipèdes mais elle finit par s'avancer et rentre dans le monstre de fer et d'acier.

Red aussi a hésité. Mais il a pris la décision, depuis quelques temps, de faire face. À cela, l'aventure chez les hommes, et tout ce qui en a découlé. Cela fait un petit moment qu'il s'est engagé dans l'usine. Il l'arpente dans l'ombre, plus prudent et silencieux que s'il était sur le territoire d'un tigre, ou en terres de loup une nuit de chasse. Méticuleux, lent. Observateur. L'endroit lui est lugubre et apaisant à la fois. Bien sûr l'influence humaine qui s'en dégage est négative pour lui aussi. Mais bon... Ils ne sont plus là depuis longtemps. C'est loin d'être effrayant. Il interrompt ses gestes soudain, alors qu'un fantôme passe dans son champ de vision. Aah brr è_é La silhouette a disparu trop vite, dans le dédale des pièces et des murs de métal. Il se met en traque, juste par curiosité. C'était juste un cheval, non ?

Mais ce n'est pas de la peur que la crème ressent en ce lieu, c'est de la haine. Envers ces créatures qui ne sèment que le malheur et qui détruisent la vie de tant de chevaux. L'odeur de rouille et d'acier finit par empiéter complètement sur celle des bipèdes, elle a l'impression de respirer à nouveau. Non seulement ils sont inutiles mais en plus ils puent, ils servent vraiment à rien. Elle met quelques minutes à entendre les pas derrière elle. Qui donc peut bien se cacher ici. Elle s'arrête et se retourne. "Vous savez,vous pouvez vous montrer" 

Red ne cherche pas à se cacher. Il s'avance, même. " Oui. " Il la regarde, le visage neutre, si ce n'est un peu de curiosité pour la colère qu'il lit sur les traits de la blanche. Il la reconnaît. " Tu es la guerrière =o " se rappelle-t-il.

Ses traits lui semblent familiers quand il s'avance vers elle. Ce n'est qu'à l'appel de son "surnom" qu'elle se rappelle. "Et toi tu es le presque successeur du Nord" Leur première rencontre lui revient en mémoire, leurs différences lui avaient permis d'ouvrir un peu les yeux. Son visage se radoucit face à lui. Ses traits ont changés depuis leur dernière rencontre.

Il ne peut retenir un léger rire. " Maintenant, plus du tout. Mon père a donné son titre. " Et tant mieux. " Et toi ? Tu as continué à t'entraîner ? "

"Comme ça tu es tranquille maintenant." De mémoire elle se rappelle qu'il n'était pas attiré par tout ce milieu, cela devait le soulager. "Et oui,il le faut bien."

Il acquiesce avec un sourire. Et, fidèle à lui-même, se détourne pour inspecter de plus près quelques éléments intrigants de l'usine.Il n'est pas loquace de nature.

Ca tombe bien, elle non plus. Elle le suit, décortiquant chaque étrange pièce de cette curieuse machine. "A quoi ça servait à ton avis ?"

Il pince les naseaux, entre dédain et indifférence pour les humains. " Je ne sais pas. Je ne m'intéresse plus à eux ¬¬ " D'ailleurs, il ne lui retourne pas la question. mais peut-être exposera-t-elle quand même ses idées.

"Plus ?" Elle tique sur ce mot. Ainsi donc il s'y est déjà intéressé. Que lui ont-ils fait ces stupides bipèdes?

" Ouais, enfin façon de parler. Je les aimais bien au début " concède-t-il.

Alors là elle tombe de haut.De très haut même. Cette révélation la sidère. Comment est-ce possible d'aimer ces créatures ? Toutefois, elle fait bonne mesure et poursuit d'un ton neutre. "Que t'ont-ils fait ?"

Il fronce un sourcil, trouvant cela un peu personnel comme question. " Envoyé à la guerre " se contente-t-il de répondre. " Pas toi ? " Il ne se rappelait pas l'avoir vue dans son régiment, mais ils n'avaient pas tous été envoyés sur le même front.

"Pas de chance"Sincèrement, vraiment pas de chance. Finalement son sort chez les bipèdes a été bien meilleur que le sien. "Non, je suis restée....il avait besoin de mon ventre apparemment."  Un rire glauque, légèrement sinistre s'échappe de sa gorge.