spanish caravan

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Il est là, à l'ombre d'un buisson aux branches agressives. L'enfant a couru, a crié, et maintenant, il se rappelle l'appel du reptile. Le cri du serpent. Les yeux dorés d'Akan regardent la pierre jaune et le ciel bleu. Il sent sur lui la brise chaude, sur son corps flamboyant. Il sent la chaleur qui glisse sur lui, qui l'entoure de ses bras, vitaux pour lui, mortels pour les autres.

LOV.

Si le climat n'est pas mortel pour la petite dorée, elle ne s'y sent pas non plus complètement à son aise. Elle a remarqué le poulain quelques minutes plus tôt mais pour l'instant, elle l'observe. Elle note les différences entre elle et lui. Alors qu'il semble taillé pour la vitesse, elle semble plus trapue déjà, légèrement moins fine et svelte, plus solide aussi. Et alors que son poil quasi-ras absorbe le soleil, le sien, duveteux et épais, semble l'emmagasiné, la faisant légèrement transpirer.
Elle hennit dans sa direction au bout de quelques temps, les oreilles dressées vers lui. Elle s'est un peu perdue, mais qu'importe ; elle retrouvera son chemin.

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Le regard puissant d'Akan transperce celui de la pouliche. Il a un regard qui semble fouiller son cerveau, extirper des entrailles de son âme ses plus sombres secrets. Mais il ne sait rien, encore. Il reste couché encore, le temps d'observer l'autre enfant. Un sourire moqueur étire avec douceur ses lèvres. Elle est plus massive que lui, mais elle semble si fragile au milieu des pierres du désert. Elle veut lui parler. L'enfant se lève. Il la regarde encore. Sa robe terreuse révèle déjà des muscles fins et secs. Il semble se réveiller d'un état second. Son pied frappe dans une petite pierre, qui fuse droit dans la tête de la pouliche, toujours avec le même doux sourire moqueur.

La pierre fuse et elle la voit foncer sur elle. Elle l'esquive d'un bond vif sur la droite, avant de le fusiller du regard. Elle n'a pas peur. Ni de lui, ni des autres. Si son regard est dérangeant, elle le soutient, sans ciller. Elle se rapproche de quelques pas, ses yeux noirs braqués sur lui avec l'expression furieuse d'être sous-estimée. Parce que c'est une fille, n'est-ce pas ?
Elle s'arrête à quelques mètres, n'aimant pas du tout le sourire moqueur de l'autre poulain. « C'est ta façon de dire bonjour, d'agresser les gens ? » attaque-t-elle directement, oreilles couchées en arrière, voix forte et claire.

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Akan soupire, déçu d'avoir raté sa cible. Il reste indifférent à l'agressivité de la pouliche. C'est comme s'il ne l'entendait pas. Il la regarde. Il ne perd pas son sourire. L'enfant saute agilement entre les pierres pour descendre de son piédestal. Il était le roi du désert. Il se rapproche de l'autre. C'était pas pour te dire bonjour. L'enfant a une voix aussi douce que blessante. Son regard la transperce de nouveau.

Mais si son regard est intense – ce qu'elle ne peut pas nier – elle n'affiche aucun malaise à le soutenir. Elle semble indifférente, elle aussi. Comme protégée par quelque chose d'invisible. « Tant mieux. » répond-elle froidement, d'une voix incroyablement posée et mûre pour une pouliche. Elle contourne l'autre d'un pas dansant et aérien. Si elle n'aime pas spécialement la chaleur, ce ne sont pas trois rochers sur du sable qui vont l'handicaper pour autant. Elle bondit sur une autre roche et se retourne, pour observer simplement le petit alezan.

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Il arrive vers elle, elle part. Le sourire de l'enfant grandit. Il n'entend ni ne voit la froideur dans sa voix et sur son visage. Elle s'enfuit! Akan la suit. Il saute sur le rocher à côté du sien. T'as peur? Il la défie, ça se voit dans ses yeux aussi brûlants que le désert.

Et quand on la défie... Lov ne refuse jamais. Son regard étincelant de malice répond au sien et son sourire s'agrandit. « Jamais. »

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Le corps de l'enfant roux se jette sur celui de la petite. Il hurle. Il hurle à s'en déchirer les cordes vocales. Il est comme un guerrier, l'enfant. Il entre dans la transe de la bête. C'est un animal.

Elle ne l'a pas vu venir, c'est vrai. Elle se le prend en pleine figure et roule dans le sable avec lui. Mais elle se relève vite. Le cri du poulain est insupportable et elle s'esquive de quelques pas pour mieux se jeter sur lui. « Arrête ! » crie-t-elle sans couvrir pourtant la voix de l'autre. Elle tente de l'alourdir de son corps plus imposant que le sien.

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La petite étrangère crie un ordre à l'enfant roux et elle saute sur son corps fin. Le cri meurt dans la gorge comprimée d'Akan, et il la repousse il se débat comme un fauve pour qu'elle s'en aille. Il a les yeux écarquillés, il est marqué. Il se tourne vers elle, et son regard mordoré torpille le sien. Ne me donne pas d'ordres ... c'est pas toi qui commande. Il murmure, soudainement, et ne la lâche pas des yeux. Et il se mure dans le silence, dressé en face d'elle.

Ils sont emmêlés l'un sur l'autre, et finalement, alors qu'il se débat et qu'elle se prend des coups de petits sabots un peu partout et que c'est pas hyper agréable, elle se relève pour le laisser se lever à son tour. Elle s'ébroue pour retirer la poussière de sa robe d'un doré foncé et le toise sévèrement. « C'est pas toi qui commande non plus. » réplique-t-elle d'une voix claire.

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Akan constate le regard sévère de la fille avec un mépris enfantin, une indifférence innocente mais parfaitement cruelle. Elle se prend pour une reine, l'étrangère. Elle se croit chef, mais il n'y a aucun chef, il n'y a rien. L'enfant roux redresse la tête, il est fier. Personne ne commande.

Bien trop fier. Comme un prince, alors qu'il n'est rien. Tout comme elle. Elle le fixe avec indifférence, un sourire mesquin aux lèvres. « En effet, alors tu te prends pour qui ? »

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Akan ferme les yeux. Il ne veut plus la voir. Il faut qu'elle disparaisse, vite. Son visage, si fin, aux traits orientaux, se lève vers le ciel bleu aveuglant. Je vais pas te répondre, tu es vraiment ennuyeuse. Je préférais te lancer des pierres. Et il baisse son visage, ouvre les yeux et les plante dans les siens. L'enfant se retourne. Il bondit entre les rochers, et revient se coucher à l'ombre près du buisson, le petit animal sauvage du désert.

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