On my mind //S//

Le ciel est couvert pour un matin d'avril. Les maigres rayons de soleil perçaient difficilement les nuages gris. L'étalon c'était mis à l'abris sous un saule pleureur car il savait que bientôt, la pluie tomberait à grande eau.

Décidément, la journée avait mal commencé. En plus de la météo orageuse, voila une rencontre qui risquait d'être... électrique. Sydän tourne la tête lentement vers l'isabelle et le toise avec mesquinerie. " T'as la tête dure. Dire que je pensais que le coup t'a infligé ta soeur suffirait à t'achever. " Il s'avance d'un pas et plonge son regard azur dans les prunelles de l'étalon. Oui, Sydän avait changé. Il n'avait plus aucun filtre, maintenant il disait ce qu'il pensait. Parfois ça allait jusqu'à la provocation, comme aujourd'hui par exemple. Il avait beaucoup changé. De toute façon il n'avait plus rien a perdre alors à quoi bon les principes. 

Sydän continue de le toiser sans se laisser décontenancer, un fin rictus perfide aux coins des lèvres. " Je n'aurais jamais pensé qu'une aussi belle phrase puisse sortir de la bouche d'un ignare comme toi " constate t il en plissant les yeux. " Que fais tu si loin du nord ? " demande t il, calme. Ses mots sonnaient plus comme un reproche que comme une question.

Sydän s'approche et le toise avec arrogance. " Tu veux gouter une nouvelle fois le goût amer de ton propre sang ? " demande t il en claquant des dents. Il se met à lui tourner autour lentement, comme un vautour. Insolent, méprisant, Sydän avait beaucoup changé.

L'étalon voit rouge, littéralement. Même si il tente de rester imperturbable. " Tu es faible au point de t'attaquer à une jument et son enfant. " Il le bouscule du poitrail, puissamment. " Pourquoi ne pas t'attaquer à un adversaire à ta taille ? Et affronter tes problèmes comme un étalon et pas comme un lâche. " Il abandonne la pression et se recule. " Ah mais j'oubliais, c'est vrai que tu n'as toujours été qu'un lâche. Comme le jour où tu as violé Robin et que tu l'as laissé toute seule pendant sa grossesse. Comme le jour où tu a préféré rester avec les humains plutôt que d'assumer ta paternité. " Il le toise méchamment. " Je m'arrête là ou tu veux d'autres exemples ? " L'étalon pie est devenu fou, animé par une haine étrangère qui ne lui ressemble pas.

L'étalon laisse échapper un sourire narcissique. Il est ravi d'avoir réussi à l'énerver. " T'autoproclamer étalon de la famille ? Il serait temps, au cas où tu l'aurais oublié c'est TOI le père. " rabroue t il en levant les yeux aux ciels. " Et donc c'est elle qui a logé son vagin autour de ton zizi ? Mon pauvre Redjim, ça a du être un bien vilain moment.... " Il ronfle. " Ne me fais pas croire que la guerre a changé quelque chose. Ton père t'a donné une chance de te libérer et toi tu as préféré rester là bas. N'essaye pas de passer pour le malheureux dans cette histoire. C'est toi qui l'a voulu. Tu n'as jamais rien assumé. Jamais. " Lorsque ses yeux se relogent dans les prunelles de l'isabelle, Sydän ne plaisante plus. Il dilate ses naseaux et le toise d'un regard noir. Bien décidé à en découdre s'il le faut.  

Sydän voyait bien que l'isabelle était à court d'argument, cela fait naître un fin sourire sur les lèvres du pie. " Moi je foutais rien ? " répète t il en insistant bien sur un mot. Ses sourcils se froncent. " Tu crois tout savoir mais tu ne sais rien. Comment peux-tu savoir ce que je faisais alors que tu étais prisonnier ? " Il renâcle et abaisse les oreilles. " Saches que si je n'avais pas été là, ton père serait mort la gorge tranchée dans les barbelés. Et personne n'aurait été sauvé. Personne. " Au dessus d'eux, le ciel grondait, la pluie n'allait pas tarder à tomber. " Cesses de faire le malheureux et de vivre dans le passé. Grandis un peu. Toi seul peut choisir de réagir et changer. " Il se détourne subitement en fouaillant de la queue. Il va se mettre à l'abris sous le saule pleureur.

L'étalon l'écoute seulement d'une oreille. Il se contente de regarder le ciel, voilé par des nuages noirs. Finalement le saule pleureur n'était pas une bonne idée, il s'en écarte. Sydän repasse devant Redjim en ignorant ses grognements. Même si la dernière phrase de l'isabelle titillait sa curiosité, il ne dit rien. Il n'a pas envie que Red obtienne ce qu'il désire : être le centre de l'attention.