Owimbowai

**Messages :** 2894 **Inscription :** 10/09/2016 **Age :** 34 **Pseudo :** Tyf

De plus en plus souvent, la jument grise se mettait à marcher, sans réellement réfléchir à l'endroit où elle allait. Mais elle y allait, droit devant. Au fur et à mesure que le sol défilait sous ses sabots, la sueur perlait sur son encolure ; car elle n'était pas habituée à marcher autant.
Quant elle observa les alentours, Hérézy se rendit compte qu'elle était bien loin de son point de départ, seule, dans cette forêt impénétrablement terrifiante. Elle haussa les épaules, et se remit en marche. Après tout, que pouvait-il bien lui arriver de pire ?

Oui, la prudence aussi ne faisait plus partie d'elle à présent.

H O O K E R

L'étalon bicolore avançait avec une aisance déconcertante dans un lieu si lugubre. Il ne l'avait encore jamais réellement exploré, se demandant bien pourquoi, le trouvant particulièrement intéressant et fascinant. Il voyait bien les gens qu'il croisait ici presser le pas, se dépêcher de foutre le camp. D'une certaine façon, il était jaloux. Jaloux de voir que ce simple endroit pouvait insuffler tant d'angoisses et de peur dans le coeur des gens. Espérait-il en faire autant ? Non, au fond, il préférait plutôt les attirer dans ses filets avec sa belle gueule pour que la chute soit bien plus brutale et bien plus douloureuse.
Une silhouette attira un peu plus son attention. La jument avait l'air d'avoir l'esprit ailleurs, sa démarche était nonchalante, différente des autres. L'odeur délicieuse qui émanait d'elle vint lui chatouiller les naseaux. Il fouailla l'air de sa queue comme pour s'en distraire mais cela n'eut aucuns effets. Doucement, il s'approche d'elle. " Il n'est pas bon de trainer seule dans ce genre d'endroit, surtout en cette période. " minaude t-il. Est ce une menace ? Il ponctue pourtant sa phrase d'un sourire charmant, plutôt comme s'il s'imposait là en bouée de sauvetage, sauveur de ces dames.

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Elle avait ralentit un peu, sans s'en rendre compte plus que ça. Certainement une légère fatigue. Ça n'avait pas plus d'importance que ça pour la grise, et à vrai dire elle n'y avait même pas fait attention, elle ne réfléchissait plus. Elle n'était plus que l'ombre d'elle-même.
Une présence lui fit tourner le regard, un étalon. Hérézy posa ses yeux sur lui, éteints et sombres. Il était charmant et plus que séduisant, mais la pommelée ne croyait plus en rien de ce côté-là. A ses paroles elle haussa les épaules, détournant le regard ; ignorant ce qui pouvait être perçu comme une menace, ou de la séduction.

- Ça ne pourra jamais être pire. dit-elle de sa voix triste, morne.

Jamais être pire ? Comme tu es naïve, petite jument grise.

A l'instantané, Hooker pense la même chose : pauvre petite naïve. Il prend le temps de détailler son visage. Elle était plus âgée que lui, sans pour autant être trop vieille. Mais la morosité et la tristesse déformaient ses traits, et la rendrait moins jolie qu'elle ne devait l'être. Son corps semblait fatigué, son poil était sale. Il distinguait pourtant de jolies pommelures. Il fait pourtant mine de la dévorer du regard, comme s'il se délectait de chaque infime centimètre de sa peau alors qu'en l'état actuel, cela le rebutait tout de même un peu, mais qu'importe, l'odeur qu'elle dégageait était bien plus entêtant et important que tout le reste. " Pas pire que quoi ? " demande t-il d'une voix rauque, comme si cela l'intéressait vraiment.

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Hérézy sent son regard sur elle. Au début, elle n'y fait pas très attention, mais là ça commence à devenir insistant. Elle soupire, entre la lassitude et l'agacement, espérant qu'il comprenne le sous entendu.
L'inconnu se remet à parler, comme si la réponse de la grise n'avait pas suffit à lui faire comprendre qu'elle souhaitait rester seule... Elle pose alors sur lui un regard blasé, agacé.

- J'ai l'air de respirer le bonheur ? dit-elle, presque hautaine, comme si c'était évident.

Son ton l'agace, l'irrite et l'enchante à la fois. Il retient un rire malsain, tout juste au bord de ses lèvres, et se contente d'afficher un sourire insolent mais éphémère. Il a intercepté chacun des signaux qu'elle lui envoyait, mais délibérément, il décide de les ignorer, et royalement. Il s'approche un peu d'elle, fouaillant l'air de sa queue. " Du calme ma douce. " souffle t-il, comme s'il cherchait à l'apaiser, et pourtant, cela sonnait bel et bien comme un avertissement. " Je peux t'aider à le trouver, le bonheur. " propose t-il en dilatant ses naseaux, pour s’enivrer un peu plus de son odeur alléchante.

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Elle ne le regardait plus vraiment, elle ne vit donc pas son sourire et son regard, qui auraient pu lui faire comprendre ses intentions. A ses premières paroles, elle eut un léger rire, ne posant toujours pas les yeux sur lui. Elle allait lui répondre, quand elle se mit à mesurer réellement le poids de ce qu'il venait de dire. Son regard reprit un peu de vie, surtout une légère panique, même si elle ne le regardait toujours pas, fixant à présent devant elle. Ses naseaux commençaient à se dilater au rythme de sa respiration.
L'inconnu se rapprochait d'elle. Les mots qui suivirent firent frissonner la grise, mais pas de plaisir, non. La peur était née au creux de son échine.

- Je ne suis pas ta douce. Et tu ne peux rien pour moi, merci. Je ne donne pas dans le détournement de mineur.

Son ton avait nettement changé. Il était à présent plat, traduisant une légère tension mais pas sa peur. Elle se doutait qu'elle s'était torpillée elle-même, en ayant été aussi désagréable avec lui ; mais elle n'allait pas se laisser faire non plus.

Il ne perd pas une miette de chacune et des moindres de ses réactions. Son regard droit et fixe, évitant surtout de croiser le chemin du sien. Ses naseaux se dilatant à un rythme régulier mais accéléré. Le ton de sa voix lui indiquant qu'elle avait fini par comprendre qu'elle n'était pas entre de bonnes mains. Pourtant elle ne fuit pas. Courage ou stupidité ? Cela revient surement au même, parfois le courage est stupide. " Tu es ce que je veux que tu sois. " corrige t-il d'un ton équivoque, ne prêtant pas à la contestation, avant qu'un petit rire amusé mais lugubre ne sorte de sa gorge. " Cela tombe bien, je n'en suis plus un. Alors on peut s'amuser. " Ce n'était ni une question, ni une suggestion. Ils allaient s'amuser. Enfin, surtout lui.

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Les oreilles de la jument grise étaient couchées sur sa nuque, et elle non plus ne le lâchait pas des yeux, mais pour d'autres raisons. Son regard avait presque un air de défi. D'un côté elle avait peur de lui, peur de souffrir physiquement, qu'il lui fasse du mal. Mais d'un autre, à présent elle n'avait plus rien à perdre à ses yeux, donc elle ne fuirait pas, et ne rentrerait certainement pas dans son jeu.
Hérézy le suivait des yeux, surveillant ce qu'il faisait. Elle resta silencieuse, ses mots et sa provocation ne la touchait même pas ; même plus, plutôt.

Il ne sait pas si il est satisfait ou contrarié de ne pas l'entendre répliquer quelque chose. Même si c'était parfois agaçant, Hook devait avouer qu'il aimait bien qu'on se confronte à lui. Il ne masque pas sa déception, laissant filtrer un soupire las, bien que sa portée soit exagérée. L'appaloosa se met à rôder autour d'elle, d'abord dans des cercles à une distance plus ou moins respectable, puis d'un coup si prêt, qu'il en effleura ses flancs de ses naseaux.

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La pommelée ne réagit pas plus que ça à son contact. Les oreilles en arrière mais sans être plaquées sur sa nuque, elle l'observait, étrangement calme.

- Pourquoi agis-tu comme ça ?

Une nouvelle lueur fit son apparition dans son regard, comme de l'intérêt.

" Et pourquoi pas ? " lâche t-il dans un rire arrogant, avant de lancer un regard curieux à la jument. Il ne les comprenait pas, eux tous. Pourquoi trouvaient-ils tous le fait de vouloir faire tout ce qu'il lui plaisait dérangeant ? C'était eux qui avaient un problème, pas lui. Et lentement, en se ressassant ce qu'il avait pu entendre à son égard, son regard change, se courrouce et ses oreilles basculent à leur tour vers sa nuque. " Pour finir comme toi ? Vide et sans aucunes foutues envies ? " claque t-il en s'immobilisant devant elle.

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La grise se préparait à lui répondre, sur son ton presque maternel habituel ; cherchant à comprendre, à le faire réfléchir. Mais ses paroles suivantes arrivèrent comme une claque, une claque géante, en plein dans la tronche d'Hérézy. Elle entrouvrit la bouche, choquée. Même s'il n'avait pas tord, il n'y allait décidément pas avec le dos de la cuillère celui-là...
Elle sentit les larmes lui monter aux yeux, et n'eut pas tellement la force de les retenir. Elle le regardait, profondément triste, mais aussi pour lui.

Puis elle fit volte-face, et s'éloigna, le plus loin possible. Priant, espérant pour qu'il ne la suive pas.

Elle ne réplique pas, elle ne réplique plus. Lui avait-il cloué le bec ? En tout cas, il l'avait touché, heurté. Hooker se délecta de la profonde tristesse qui prit naissance dans ses yeux, en venant même à venir s'échouer sur ses joues, puis mourir sur le sol. C'est pas qu'il est sans coeur notre Hooker, ou dénué de sentiments, ça non, c'est juste qu'il en ressent des biens différents que ses semblables. Il sait que normalement il devrait être assaillit par la compassion, la culpabilité aussi peut être. Mais il n'en est rien. Ceux plutôt l'excitation et l'ivresse qui s'emparent de lui. Il se nourrissait du mal des autres, que cela soit psychique ou physique. Si bien que lorsqu'elle fait volte face pour le délaissé, sa frustration monte en flèche. L'appaloosa en voulait plus. Toujours plus. Il la rattrappe facilement, la bousculant au passage, délibérément. " Où crois tu aller ? " susurre t-il, tel un serpent.

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- Loin de toi !

Elle ne se laissait pas démonter. La jument grise avait peur, très peur, que cela finisse mal pour elle. Mais le tout petit espoir au fond de son cœur lui disait de se battre, que quelque part elle réussirait à retrouver le sourire. Sa vie n'était peut-être pas si inutile, finalement.
Hérézy s'immobilisa, frémissante, elle redressa l'encolure, soutenant son regard. Elle n'espérait pas pour que quelqu'un vienne l'aider, non, elle se défendrait. Après tout, cet inconnu n'allait pas la tuer.