the crystal ship

Il lui reste au moins ça. Le parfum suave de l'océan, la température commode de l'atmosphère, le silence convenable de l'endroit. Un lieu de paix. Qui ne parvient pourtant pas à apaiser le courroux de la harpie.

Elle le reconnait bien. Pas par son gabarit sec et élancé, mais plutôt par cette démarche vicieuse et délicate qu'il a toujours eut l'habitude de vêtir. Comme c'est amusant de le croiser, lui, ici et maintenant. La fauve n'aurait pas pu mieux tomber, contrairement à lui. Cependant, les deux risquent de se satisfaire ; chacun gourmand de ce que l'autre dégage en ce jour. C'est l'allumette qui rencontre la flamme.

Si je veux me promener seule, je le fais. Dommage que tu sois partit si tôt et que tu n'ai pas pu tout apprendre, meme les choses les plus simples comme celle-ci. Étonnement, il semble l'apaiser. Elle repond avec plus de tact et de maîtrise, comme si savoir d'avance son comportement permettait à la jument de l'encaisser.

Il parvient à lui arracher un sourire, plus insolent encore que celui qu'il arbore en permanence. Elle le sent tendu, presque nerveux tant il part au quart de tour. Ça l'amuse encore. Jusqu'à ce qu'un éclat de bave atterrisse sur son poil soyeux. Cet enfant n'est pas un serpent, c'est un crapaud. « Si, grince t-elle, la courtoisie. » Et bah quoi ? Qui a apprit à ce gosse à cracher sur les dames, même celles qu'on aime pas particulièrement ? En un bond, elle rompt la distance qui les sépare, la seule qui aurait peut-être pu permettre à l'étalon de prendre la fuite, et tente de saisir fermement les naseaux du brun entre ses dents.

AKAN / 1
ISILDURE / 1

Il l'heurte, mais ne la sonne pas. La seule chose qu'il titille, c'est le volcan qui sommeille en elle. Un coup, un grondement. Le réservoir de magma s'agite, et crache quelques gouttes sur les parois sombres du dôme. C'est comme un pincement au cœur, un moteur de haine. C'est comme un souvenir douloureux, un rappel qui vous maintient vivant. Une promesse qui fait de vous une menace. C'est une flèche empoisonnée qui transperce votre cœur, une toxine qui modifie sa forme, sa couleur et son utilité. Elle fleurit dans vos entrailles, s'étend dans vos viscères, dévore vos tripes. Un virus qui retourne tout sur son passage. Vous réfléchissez avec vos canines, respirez avec votre estomac, agissez avec votre cœur. Vous ne vous reconnaissez même plus. Mais qu'importe, puisque vous et ce germe souhaitez la même chose. Alors vous le laissez se développer. Et votre colère grandit avec lui. Cette colère qui alimente davantage vos muscles que ne le fait votre sang. A son tour la jument se cabre pour s'élever plus haut que le jeune et tenter de retomber sur lui.