terrible child

R était déjà présente à la rivière. Peut-être le rejoignait-elle sans même le savoir ? De l'eau jusqu'aux genoux, elle savourant la fraîcheur et le piquant de cette eau. Se sentant ressourcée, comme en union parfaite avec son environnement, elle ferma les yeux, balançant légèrement sa tête vers l'arrière en inspirant profondément. Les rayons de la lune créaient des reflets argentés sur sa robe d'un gris presque parfait. On aurait dit une sorcière en plein rituel.

oui oui, je sais pas pourquoi, ma tête a écrit lune et mes doigts soleil, gpakompri

Elle sentit sa présence avant de l'avoir vu en chaire et en os. Ceci dit, elle ne sursauta pas. Le froid de la rivière transitait partout dans son corps, comme l'ayant anesthésiée de chaque sensation. Et en même temps, elle se sentait plus vivante. « Ta venue, j'en suis sûre désormais. » répondit-elle calmement, un éclat malicieux au fond de son regard. Elle ne pouvait cacher son plaisir de le revoir, celui-ci se traduisant par un sourire doux, comme on accueille une personne attendue depuis si longtemps. Elle ne saurait décrire ce qui l'attachait à lui, mais de pouvoir de nouveau partager quelques instants avec lui s'apparentait à une grande lapée de miel. Mais attention, les abeilles piquent, sweet R.

En l'observant lorsqu'il pénétra dans la rivière, elle crut sentir de nouveau la fraîcheur de l'eau la parcourir. Et en même temps, la tiédeur du flanc d'Akan contre le sien, même l'espace d'un instant, lui parut plus brûlant que n'importe quel brasier. L'air était chargé d'électricité mais l'ambiance était calme, presque reposante. « A toi de me le dire, après tout je suis bien moins expérimentée que toi dans cette pratique. » sa voix était posée, mais R savait qu'il saura lire au-delà des mots. Il saura lire cette malice qui affleurait au bout de ses lèvres cendrées. « Ne t'ont-ils pas parlé à toi, Akan ? » Elle observait les traits de son visage, l'éclat de la lune dans ses yeux sombres. Peut-être était-elle la seule personne sur cette Terre à y lire des choses pleines de lumières, à voir du bon en cet être que beaucoup qualifiaient d'insurgé, d'anarchiste, d'insensé. Car oui, elle avait grandit et comprenait bien plus de choses qu'autrefois. Elle connaissait l'image qu'avait le grand monde de l'akhal. Et cette pensée la fit sourire. « As-tu dansé, en mon absence ? »

Elle se sent touchée par ses mots, même si elle ne le montre pas. Elle conservait son sourire, tout en finesse, tout en douceur. Elle ferma les yeux un instant, bercée par ses mots, par la magie qu'ils transportaient, et se sentit gonflée d'une énergie qu'elle pense provenir de son environnement. Peut-être même d'Akan. Elle ne se sentait pas invincible, parce qu'elle savait que personne ne l'était, mais elle se trouvait dans un état d'esprit très spirituel et dynamique. Elle aurait pu danser toute la nuit. « Et que t'ont-ils dis ? » s'enquit-elle, sans avoir trouvé de mots assez justes pour répondre aux précédentes paroles de l'akhal. Son regard avait tout dis. « T'ont-ils montré la liberté du monde une fois ces terres délivrées de leurs gourous ? » Alias les dominants. Elle se souvenait de ce que lui avais dis Akan au sujet de ses projets. Avec le temps, elle avait aussi eu le temps de mûrir sa réflexion. « Tu sais bien que rien ne me ferais plus plaisir. Il n'y a pas d'autres moments où je nous sens plus connectés. » Mais à quoi ? Parlait-elle d'eux ? De la terre ? Du monde ? De l'au-delà ? Probablement de tout à la fois.

Peut-être n'avaient-ils l'air que de deux dégénérés, d'un point de vu extérieur. Du point de vue de quelqu'un qui ne comprenait pas, qui ne savait pas. Mais elle s'en contrecarrait, elle n'y pensait même pas. Pour R, c'était ça la réalité, c'était ça la vie. Un enchevêtrement de racines, un flux d'énergie constant. Des sensations, toujours. « Le Nord n'est-il pas ton plus grand combat ? » s'enquit-elle, sans spécialement attendre de réponse. Son ton n'était pas si interrogateur. Elle aurait pourtant pensé que les Sables auraient été une bien grande entreprise. « Si cette famille nordique fait barrage par amour, alors tu dois aimer plus fort qu'eux. » souffla-t-elle, le suivant hors de la rivière, son souffle chaud effleurant la base de son encolure. Elle ne se demandait pas si il comprenait - elle savait que c'était le cas -, mais se demandait si il le ferait. Fallait-il que son amour de la liberté soit plus fort que tout le reste ? Ils se perdaient tous les deux dans la brume, l'un et l'autre pour seul point d'ancrage dans ce monde fantomatique dans lequel ils semblaient plongés. « Et tu sais combien l'obscurité a d'attrait pour la lumière. Que seraient-ils l'un sans l'autre ? »

ué je sais je le prononce comme ça aussi mais j'avais pas d'autres jeux de mots sur le coup
ah les cactus c la drogue ?

R l'écoutait parler, de son entreprise au Nord. Elle ne le regardait pas, ceci dit. Ses iris à elle, sombres, fixaient un point imaginaire dans la brume. Et au fur et à mesure des paroles du brun, elle avait l'impression de voir des silhouettes se mouvoir dans le brouillard, et de lointains cris se faire entendre. Comme les échos d'une bataille. Elle ressentait des énergies moins positives, qui lui arrachèrent un frisson. La grise ne sortit de sa torpeur que quand Akan reprit la parole. Elle plongea alors ses yeux dans les siens, l'humidité ambiante ayant commencé à tremper ses crins d'où coulaient quelques gouttes cristallines. « Tu connais déjà ma réponse. » souffla-t-elle doucement, comme si ses mots allaient l'embrasser. Il savait déjà qu'elle avait rejoint sa cause avant même de l'avoir connu. Il savait que, comme il le lui avait dis il y a des mois de cela, qu'elle saura entendre l'appel, et le rejoindre le moment venu. « Ils n'ont pas le chance de savoir. Ils n'ont pas la chance de voir et sentir comme nous. Alors ils se cramponnent aux seules richesses que la lucidité peut leur apporter.
» Une vision bien minimaliste des choses, mais elle ne l'ajouta pas. R n'aimait pas être dans le jugement, encore plus de ceux qu'elle ne connaissait pas. Ce qui ne l'empêcha pas de penser qu'elle avait l'opportunité de communiquer avec quelque chose de plus profond qu'un environnement sans reliefs spirituels.
R découvrit ces étranges plantes, sans savoir quels en étaient les effets. Visiblement, ces plantes venaient des Sables, qui d'ici avaient l'air de venir du bout du monde. Elle le regarda faire, avant de s'avancer à son tour et de croquer dans cette chaire étrange. Cette découverte suscitait en elle d'étranges sensations. De la fraîcheur, quelque part de l'acidité, le tout représentant quelque chose qu'elle n'avait jamais connu auparavant. Elle reporta son attention sur Akan, mastiquant la plante jusqu'à ce qu'il n'en reste rien dans sa bouche. Elle se demandait où est-ce qu'il souhaitait l'emmener, dans quel pays brumeux et tiède. Elle poussa un long soupir, ses muscles se décontractant agréablement. « Quelles contrées, quel univers comptes-tu me montrer aujourd'hui, Akan ? »

ptn jsuis désolée il est grave nul ce post j'me rattrape après ♥

Le temps file et la substance lui monte à la tête. Durant ce lapsus de temps où elle n'en ressens pas les effets, la grise continue de croquer dans la plante juteuse, le gout quelques peu âpre tapissant l'entièreté de sa bouche. Et enfin, elle ressent une douce chaleur envahir ses membres, sans compter ces quelques agréables étourdissements qui la font se sentir légère. Ses yeux sont illuminés d'une lueur plus vitreuse que quelques minutes plus tôt, et elle sentait son esprit partir dans une dérive plus ou moins lucide. Elle se sentait connectée avec son monde avec bien plus d'intensité, et ses sensations étaient décuplées. Chaque petit bruit paraissait plus intense, plus proche, plus attrayant...

Elle sentit la chaleur contre ses lèvres et glisser dans ses veines avant de réellement comprendre ce qu'il se passait. Quelque chose pulsait dans son système nerveux, dans ses tripes, quelque chose qui la poussait à ne pas rompre ce contact. Au contraire. Saisissant l'instant présent, elle rendit cette étreinte pulpeuse à son émetteur, ponctuant son geste de douceur et d'une sensualité maladroite. Expirant un souffle chaud contre les naseaux de l'akhal, elle se paya le luxe d'entrouvrir les yeux qu'elle avait fermés afin de contempler son visage durant leurs échanges, qui se firent naturellement plus humide, plus intense. Tout ceci allait de paire avec la chaleur qui faisait crescendo dans l'organisme de R, qui se sentait comme de la lave en fusion.

Quelle merveilleuse invention.