rapine

Une masse lourde et grise s'amoncelle à l'horizon, mais le silence règne encore sur la plage. L'eau est calme, mais le vent humide de l'automne ne devrait pas tarder à se lever. Akan marche d'un pas lent, les yeux mi-clos et la tête qui dodeline doucement, tentant de reprendre contact avec le réel après avoir consommé des substances psychoactives la nuit dernière. L'air iodé et la fraîcheur marine devraient l'irriguer d'une nouvelle énergie, après l'angoisse noire dans laquelle il était plongé quand il était dans le gouffre sinistre du bad trip. Ça le fait encore frissonner.

mdr non c des nuages d'orage et akan il est pas maigre il est élancé OK

Cette nuit, il a cru qu'il allait mourir seul, et que tout le monde était en train de l'abandonner. Il était seul, prostré, dans un grotte si sombre qu'il ne voyait rien d'autre qu'un vide qui voulait l'étouffer. Son corps de jeune fauve nerveux reprend vie quand Akan voit une jeune femelle noire, l'allure un peu dégingandée - de l'âge de R environ - se matérialiser devant lui. Il ne l'avait pas vue arriver. Il la regarde avec les mêmes yeux mi-clos, l'air d'être dans un autre monde. Ses lèvres sont à la limite de former un rictus. Il ne comprend pas cet air ahuri qu'elle a sur son visage et son corps pétrifié, mais ne se démonte pas et la fixe droit dans les yeux. Salut. Son cerveau est encore embrumé pour entamer une conversation normale. Il inspire une grande goulée d'air, la tête légèrement renversée vers le ciel, et laisse son corps prendre conscience de l'espace.

ça va être du rigolus

Aucune réponse. Les naseaux d'Akan se dilatent, seul signe visible de son irritation. Et il n'a clairement pas la tête à ça, à cet instant. Pourtant, elle l'intrigue, l'étonne. Les personnes qu'il admire sont celles qui font sortir les autres de leur zone de confort. Et c'est exactement ce qu'elle fait là, elle le contourne, elle observe son corps. Il la regarde faire, silencieux, avant de laisser un sourire amusé effleurer ses lèvres. L'insurgé se tourne vers elle quand elle disparaît de son point de vue. J'ai l'air étonnant, on dirait, dit-il doucement.

Il remarque que la jeune jument noire réagit de manière très animale, farouche. Il ne peut s'empêcher d'étudier ses gestes à son tour, sans se départir de son rictus narquois. Il a l'air faible donc. À cet instant, il sort d'une nuit éprouvante, il est épuisé. Mais peu importe. Il est grand et svelte, ce n'est pas une montagne, mais ça ne l'empêche pas d'être écouté. Tu te trompes. Il dit ça avec un sourire étrange, curieux de connaître la réaction de l'inconnue.

L'adolescente est impassible et profondément logique et rationnelle. C'est l'exemple parfait pour s'amuser à la pousser dans ses retranchements, à la déranger jusqu'à ce qu'elle fasse tomber quelque chose, il ne sait pas encore quoi. Lesquels ? Il se montre plus compendieux qu'elle, et ne tarit pas son indescriptible rictus.

Elle n'a pas l'air d'avoir compris, ce qui amuse plus encore le jeune mâle. Elle semble de posséder aucun sens de l'abstrait, comme les grecs anciens Je suis pas maigre, je suis svelte, répond-il dans un ricanement sardonique. Comme un guépard. Il rentre dans sa façon de voir les choses, alors.